Contrée indienne • Dorothy M.Johnson

par Electra
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La maison d’édition Gallmeister a lancé une collection intitulée « TOTEM, une autre littérature américaine » en publiant des auteurs méconnus du grand public français mais symboliques de l’histoire américaine.

Ici il s’agit de Contrée indienne, un recueil de nouvelles signé Dorothy M.Johnson en 1953, grande dame de la littérature américaine comme le dit si bien la maison d’édition. Je vous avais parlé de plusieurs achats, celui-ci en faisait partie. Fait du hasard, une virée dans une boutique de livres d’occasion, la couverture d’un livre m’attire. J’ai un doute – l’ai-je déjà ? Mais son prix modique, et ce visage d’indien m’attirent. Me voilà avec un autre exemplaire de Contrée indienne, publié par J.C Lattès en 1986.

La différence entre les deux recueils ? La présence de deux nouvelles inédites, « Cicatrices d’honneur » et « l’incroyant » dans l’édition de la maison Gallmeister. J’ai donc lu les deux livres, en commençant par le plus ancien puis en terminant avec les deux nouvelles inédites. Le premier recueil de J.C Lattès contient 9 nouvelles identiques à celles de Gallmeister :
– Flamme sur la plaine
Prairie Kid
– L’exil d’un guerrier
– Retour au fort
– L’homme qui tua Liberty Valance
– La tunique de guerre
– Après la plaine
– Et toujours se moquer du danger
– Un homme nommé chevalet
– Une sœur disparue 

Cette nouvelle reçut en 1957 le Spur Award – publiée dans le recueil « The hanging tree » (La colline des potences), elle raconte la tentative de réintégration d’une femme colon, Cynthia Ann Parker qui avait été kidnappée enfant par les Comanches.

En lisant les titres, vous aurez peut-être pensé au cinéma et vous avez raison : plusieurs de ses nouvelles furent adaptées avec succès au cinéma : L’homme qui tua Liberty Valance de John Ford avec John Wayne et James Stewart, Un homme nommé Cheval et La colline des potences avec Gary Cooper.Je ne suis peut-être pas tout à fait objective compte tenu de mon amour pour la culture indienne depuis que je suis enfant, et ayant eu la chance de côtoyer quelque temps ( lorsque j’habitais au Montana) ces tribus, je suis encore plus passionnée.  Je possède déjà de nombreux livres les concernant, et plus particulièrement sur leurs croyances. Toutes passionnantes. J’aimerais beaucoup vous faire partager cette passion.Je ne vais pas rentrer dans le détail de chaque nouvelle. Sachez juste que le lecteur est plongé dans l’époque mythique de l’Ouest, encore sauvage où les indiens (Cheyennes ou Comanches) sont parfois les héros de ces nouvelles, mais jamais les « méchants grimés des western ». La romancière a su très bien restituer cette époque, sa dangerosité et le courage de ces deux peuples, ces colons qui viennent plein d’espoir et ces indiens qui voient leur nation disparaitre.

J’ai particulièrement aimé les nouvelles qui décrivent avec précision les moeurs de ces tribus indiennes, leurs us et coutumes, leurs croyances – elle ne cherche jamais à diaboliser ou au contraire à magnifier ces peuples. Elle décrit leurs us qui peuvent choquer parfois (lorsque les jeunes se mutilent ou le rituel des scalps, etc.). Elle décrit aussi habilement les enlèvements communs à cette époque, femmes, enfants kidnappés par les indiens, parfois échangés contre des chevaux ou des armes. Leur retour difficile à la vie occidentale. La vie difficile de ces tribus en voie de disparition, le dur labeur des femmes. La nouvelle Une sœur disparue est particulièrement touchante, j’ai aussi beaucoup aimé Et toujours se moquer du danger ou Un homme nommé cheval. La nouvelle est bien meilleure que l’adaptation cinématographique. Cicatrices d’honneur est une nouvelle située plus récemment, lors de la seconde guerre mondiale lorsque de jeunes indiens partent au combat et désirent renouer avec leurs croyances perdues et les rites ancestraux (le passage de l’enfant à l’homme, l’auto-mutilation, etc.).

Jamais Dorothy M.Johnson ne juge-t-elle ses personnages, ni leurs pensées, ni leurs actions – qu’ils soient blancs ou indiens, elle vous relate juste très précisément cette époque. Et moi qui ai grandi en regardant les western devant mon petit écran, j’ai adoré lire ces nouvelles. Comme Kevin Costner, dans Danse avec les loups – elle dresse un portrait très fidèle de la culture indienne. Ce soin apporté à la réalité fera d’elle un membre honoraire de la tribu Blackfoot en 1959. La bonne nouvelle ? Gallmeister va publier l’an prochain un autre recueil La colline des potences.

♥♥♥♥

Et pourquoi pas

2 commentaires

Léa TouchBook 6 août 2015 - 20 h 50 min

Il faut absolument que je découvre cette auteure !! 🙂

Electra 6 août 2015 - 21 h 04 min

Ah oui ! Une auteure indispensable pour ta culture de l'Ouest américain !

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