Le sillage de l’oubli • Bruce Machart

par Electra
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Quand j’ai découvert la collection Totem chez Gallmeister, j’ai parcouru la liste des livres et je suis tombée sur Le sillage de l’oubli de Bruce Machart. Premier roman, il a valu à son auteur d’être comparé à William Faulkner ou Cormac McCarthy – et je partage dorénavant totalement ces avis!

Coïncidence étrange, j’ai vu The Homesman au cinéma – autre western qui évoque aussi l’autre face de la conquête de l’ouest et fait tomber le mythe entourant cette période cruciale de l’histoire américaine. Ici, nous sommes au Texas en 1895 – un propriétaire terrien d’origine tchèque perd sa femme en couches, leur quatrième fils, Karel survit. L’homme austère et tyrannique va entrainer ses fils dans son délire – pour lui, seules comptent les terres qu’il gagne grâce à ses chevaux de course, montés par son benjamin. Mais tout va changer lorsque sa route croise celle d’un riche Mexicain, père de trois jolies filles, qui va lui lancer un pari remettant tout en cause.

Quand j’ai commencé à lire le roman de Machart, j’ai découvert qu’il avait choisi de jouer avec la chronologie des évènements. Ainsi sachez que l’auteur a choisi de raconter l’histoire en faisant des aller et retour entre trois grandes périodes : février 1895, mars 1910 et décembre 1924 (et une échappée en 1898).  Karel, le dernier né est le cordon ombilical, celui qui réunira les siens.

L’histoire est passionnante, surtout celle de cette famille, touchée par le malheur. L’auteur a choisi de suivre la destinée d’une famille d’immigrants sur deux générations. En l’espace de 25 ans, leur vie est totalement chamboulée comme le pays lui-même qui entre dans la modernité. J’ai été émue par le sort particulièrement cruel réservé aux épouses et aux quatre fils, sacrifiés sur l’autel de la réussite personnelle du patriarche.  Leurs corps déformés par le travail à la terre (ils remplacent les chevaux à la charrue), les jeunes hommes ne rêvent que de s’échapper du joug familial.

Le style du livre est effectivement proche de Faulkner, très éloigné du style dépouillé que j’ai appris à aimer avec les auteurs scandinaves. Ici les envolées lyriques sont nombreuses, on peut sentir le souffle de l’animal, le gel paralyser vos membres, la branche vous gifler le visage.

En écrivant ce billet, des extraits me reviennent – l’écrivain manipule la chronologie comme Faulkner, multiplie les adjectifs, les métaphores – et transforme cette histoire en un récit épique.  Un duel qui oppose deux immigrants, l’européen et le mexicain – et créé ainsi l’histoire de l’Amérique, en mêlant leurs sangs pour créer une histoire commune.

Le livre de Machart va vous emporter dans un monde de mâles, de sueur, de sang, de douleur et des désirs charnels contrariés.  Un récit enivrant.  Un véritable coup de foudre littéraire.

♥♥♥♥♥

Et pourquoi pas

3 commentaires

Léa TouchBook 6 août 2015 - 20 h 50 min

Un de mes coups de cœur 2013 !!! 🙂

Electra 6 août 2015 - 21 h 04 min

Mon gros coup de coeur 2014 … l'auteur est très gentil en plus !

Challenge Gallmeister – Tombée du ciel 12 janvier 2016 - 11 h 46 min

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