J’ai lu ce roman dans le cadre du challenge Prix des Lecteurs. Delphine Roux est une romancière française qui publie ici un court roman dont l’action se situe au Japon, d’où son titre, Kokoro (qui signifie cœur).
Kokoro est le journal intime d’un jeune homme, devenu adulte, Koichi. Celui-ci, magasinier dans une bibliothèque, a perdu tout goût à la vie depuis la mort accidentelle de ses parents, morts asphyxiés dans un incendie alors qu’il avait douze ans et sa sœur ainée, Seki, 15 ans. Leurs réactions à ce traumatisme sont à l’opposé. Seki se lance à fond dans les études et entame une carrière professionnelle sans faute. Elle se marie et donne naissance à des jumelles, Asami et Asaka. Elle ne comprend pas l’attitude de son frère, qui est resté chez leur grand-mère, a stoppé ses études et s’est coupé peu à peu de la vie.
Le jeune homme a vécu comme un déchirement le placement de sa grand-mère en maison de retraite. Décision prise par sa Seki qui espère toujours créer une étincelle chez son frère. Celui-ci refuse toute vie sociale. Il va travailler chaque jour en vélo à la bibliothèque au sous-sol comme magasinier. Il ne lit aucun livre, ne va jamais au cinéma. Il préfère regarder les autres, le monde qui passe. En retrait.
Chaque entrée dans son journal intime commence par un mot en japonais qui reflète le sens de son billet : yoka (temps libre), seisyounen (jeunesse), midori (vert), tamatsuki (billard), yoku (désir), hon (livre), shisen (regard), tsuki (lune), keeki (gâteau)…
Koichi est touchant et troublant. Il confie dans son journal tout son amour pour sa sœur ainée, malgré leurs différences qui les ont peu à peu éloignées au fil des ans, ainsi n’a-t-il pas revu ses nièces depuis leur naissance. Mais le frère et la sœur ont un lien indéfectible. Pendant des années Seiki a porté son frère et sa grand-mère, devenue malgré elle, chef de famille très jeune, elle a du mettre de côté ses émotions et ne plus penser à elle. Mais leurs cœurs en hiver vont bientôt s’ouvrir. Seiki va craquer et son frère Koichi va devoir sortir de sa carapace, grandir enfin et pour la première fois de sa vie, quitter cet univers parallèle et rentrer dans la vraie vie.
Seki pense que j’ai l’âge mental d’un gosse de dix ans, tout au plus, qu’il faudrait que je pense à grandir, à agir en homme.
Le mot homme a peut-être été inventé pour d’autres que moi.
Il ne fait pas partie de mon dictionnaire intime.
Que dire ? Qu’en préparant ce billet, je ressens le même plaisir que j’ai eu à la lecture de ce court roman, sous forme de journal intime, qui se lit d’une traite (114 petites pages). Comme un bonbon au goût sucré. Une amie qui l’a lu avant moi était incapable de le raconter et ne s’en souvenait pas plusieurs jours après. Pour ma part, il n’est pas, il est vrai, un coup de cœur immense mais il possède néanmoins cette petite touche de magie et une part très poétique.
Enfin, je pense que si ce livre m’a touché, c’est que je me suis identifiée dans l’histoire de Koichi et Seki, ayant perdu un parent jeune. Donc, ne vous fiez pas à la couverture du livre, qui fait plus penser à un livre de recettes japonaises 😉
♥♥♥
Delphine Roux, Editions Philippe Picquier, 114 pages
Image à la Une : Roman adapté en BD sous le même titre
17 commentaires
Voilà une belle surprise! Moi qui ne lis pas de littérature japonaise, tu as réussi à piquer ma curiosité.
Le sujet me tente beaucoup… Et comme il n’est pas trop long, ça me tente.
Je cours après le temps… D’ailleurs, je ne t’ai pas oublié. Je te réponds sous peu par courrier! Patience, ma belle.
Pas de souci ! Moi aussi je cours dans tous les sens et j’ai du mal à réaliser que Noël est déjà là !
Quelle belle photo ! Quant au roman, il m’attend dans ma PAL, tant mieux ! 😉
Merci ! Ah tant mieux, pas besoin de le chercher alors 😉
Un roman français, alors; je suis troublée…
Moi aussi ! J’en parle toujours comme un roman japonais … mais l’action se situe bien au Japon et l’auteur parle japonais et connaît bien cette société car on s’y croit !
Eh bien même si ce n’est pas une « grande » lecture pour toi, il me tente franchement bien ce petit roman! Tu en parles de façon très tendre.
Oui, il faut le lire. Une amie n’a pas été marquée mais il faut le lire en entier .. disons que le jeune homme met du temps à se livrer mais ça en vaut la peine !
Roman étrange donc écrit par une Française qui comprend bien l’âme japonaise, pour moi qui suis un peu rétive à l’univers littéraire japonais cela va peut être me plaire!
Je n’ai lu qu’un autre roman japonais à ce jour car comme je suis plutôt rétive (contrairement à d’autres comme Hélène) mais ici c’est « plus sur terre » sans doute parce que l’auteur est française !
J’ai adoré. L’écriture est surprenante de douceur. Et le personnage de Koichi (surtout avant qu’il sorte de sa carapace) m’a beaucoup parlé.
Oui, je suis contente que tu sois d’accord avec moi ! Oui, il faut le lire en entier et le voir sortir de sa chrysalide 😉
Ce roman attire vraiment ma curiosité! Comme en plus il est court pas de raison de passer à côté!
Je ne suis pas adepte de litterature japonaise, mais j’ai beaucoup aimé le dernier Murakami (L’incolore Tsukuru…) qui évoque également les thèmes de la perte et du repli sur soi…
Alors tout devrait te plaire ! et oui, il se lit en une demi-heure, je ne l’ai pas lâché ! tu devrais passer un très bon moment 😉
je ne l’ai pas lu, pas encore, mais ça ne saurait tarder: ton enthousiasme est communicatif. Et pour tout dire, les Éditions Philippe Picquier c’est juste un puits sans fond de perfection à lire <3
Merci et je pense qu’il va te plaire énormément et ces éditions, merci du tuyau – je vais me pencher sérieusement sur leurs éditions !
[…] premiers m’ont fait découvrir des pépites (Un après-midi d’automne, Acquanera ou Kokoro) et des bande-dessinées comme Petit, les Ogres-Dieux. Décision : je n’insisterai pas si […]
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