Meurtre en Mésopotamie

par Electra
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Quel plaisir de retrouver la plume d’Agatha Christie ! Je ne l’avais pas relue depuis mes années estudiantines ! Même si depuis, je suivais fidèlement l’adaptation télévisuelle de la série avec le grand David Suchet que j’ai plaisir à mettre en une de cet article. L’originalité de cette histoire est double : la narratrice est une jeune infirmière anglaise, Amy Leatheran, à qui l’on confie le soin de raconter le meurtre de Louise Leidner, l’épouse d’un archéologue, à Tell Yarimjah en Irak et le lieu du crime, qui selon, son organisation, semble rendre impossible l’intrusion d’un membre extérieur au sein de la mission.

meurtre-en-mesopotamieAmy Leatheran est engagée auprès d’une autre famille lorsqu’on lui demande d’aller rejoindre la mission archéologue afin de s’occuper de l’épouse du responsable de la mission, Louise Leidner – celle-ci est sujette à de véritables crises d’angoisse. A son arrivée, Amy fait connaissance des lieux et des scientifiques présents : un couple américain, deux archéologues américains, Richard Carey et Anna Johnson, qui travaillent de longue date avec Eric Leidner et trois jeunes archéologues, un anglais et deux américains, enfin un prêtre français. Chacun a son propre métier et ses compétences. Les fouilles semblent prometteuses et l’ambiance, plutôt scolaire. Louise Leidner, Amy le confirme est une femme d’une admirable beauté, et aimable. Mariée depuis deux ans à Eric Leidner, elle n’a aucune compétence scientifique mais fait de son mieux pour aider l’équipe dans ses recherches.  Au bout de quelques jours, elle finit par se confier à la jeune infirmière : elle est menacée depuis des années par le fantôme de son premier époux, dont elle a dénoncé les agissements (un espion à la solde de l’Allemagne), pendant la 1ère Guerre Mondiale. Celui-ci fut arrêté et condamné à mort mais il réussit à s’échapper. La police fut convaincue de son décès dans un accident de train deux ans plus tard. Mais Louise Leidner est persuadée qu’il est encore vivant, la preuve : les lettres de menace qu’elle reçoit régulièrement depuis plus de quinze ans, lorsqu’elle fréquente un autre homme. Après deux années sans missive menaçante, une nouvelle lui arrive – suivie d’apparitions menaçantes. Les autres membres mettent son anxiété sur un état mental instable et ne croit pas à ses « hallucinations ». Mais le lendemain, elle est retrouvée assassinée dans sa chambre.

Or, toutes les chambre sont des fenêtres munies de barreaux, et David Emmott, l’un des chercheurs était dans la cour l’après-midi, avec un jeune Arabe, occupé à laver les poteries. Et il n’a vu personne pénétrer depuis le porche et traverser la cour jusqu’à la chambre de Madame Leidner.

Le policier britannique décide de demander de l’aide à un enquêteur célèbre belge : Hercule Poirot. Amy Leatheran, la narratrice décrit ainsi notre héros adoré :

La première fois que j’ai vu Hercule Poirot, ça, il n’y a pas de doute, je ne suis pas près de l’oublier. Bien sûr, par la suite je m’y suis faite – on se fait à tout – mais prime abord ce fut un choc, et on ne m’ôtera pas de l’idée que ça doit être le cas de tout un chacun.  Je ne sais pas ce que j’avais imaginé.. une sorte de Sherlock Holmes grand et mince, respirant l’intelligence. Bien entendu, je savais qu’il était étranger, mais je ne m’attendais pas, à ce qu’il soit étranger à ce point-là, si vous voyez ce que je veux dire.  Rien qu’à le voir, vous aviez le fou rire ! On aurait juré qu’il se croyait sur les planches, ou dans un film. D’abord, il ne mesurait guère plus d’un mètre soixante et des poussières – et c’était un drôle de petit bonhomme grassouillet, vieux comme Hérode, avec une moustache inimaginable et un crâne en forme d’oeuf. Il avait tout du coiffeur dans une pièce de boulevard !

Evidemment, son avis sur l’enquêteur le plus célèbre (et mon préféré, je suis donc totalement partiale) va évoluer avec l’enquête mais qu’est-ce que je me suis amusée à lire ce roman et les remarques de la jeune infirmière – sur la manière d’enquêter de M. Poirot, de ses obsessions et même lorsque ce dernier l’énerve, en la citant comme suspecte. L’enquête va porter essentiellement sur la personnalité trouble de la victime – ce passé qu’elle cachait à tous (excepté à son époux), mais surtout son comportement – elle semble jouer à la séductrice auprès de tous les hommes et aucun ne lui résiste, tant sa beauté est unique.  Ce comportement énerve les autres femmes. L’autre mystère est la manière dont l’assassin a pu pénétrer dans sa chambre, où elle faisait la sieste, sans être vu.

Je ne vous raconterai pas la fin – mais on est bien dans du Agatha Christie et du Poirot, ainsi explique-t-il à la jeune Amy :

Jamais de la vie ! C’est toujours une erreur que de faire étalage de ses connaissances. Jusqu’à la minute fatidique, je garde tout ça là-dedans, fit-il, en se tapotant le crâne. Et puis, le moment venu, je bondis comme un tigre et… ah là ! là !

Cette dernière confie qu’elle ne put s’empêcher de rire sous cape en imaginant « le petit M.Poirot dans le rôle du tigre ». Mais tous les amoureux de Poirot savent à quel point il est intelligent. Dans le prologue, on apprend qu’Agatha Christie s’était vue donner l’idée de ce roman par l’ami de son deuxième époux (Max Mallowan), Leonard Wooley (cf. photo des 3 amis) dont l’épouse Katherine ne laissait personne indifférent. Katherine était une femme indépendante et passionnée d’archéologie dont le caractère provoquait deux réactions : soit on l’adorait, soit on la détestait.  Leonard, qui participait aux fouilles d’Ur auxquelles Max Mallowan participait (et où Agatha Christie l’accompagnait, cf. photo) aurait ainsi demandé à Agatha d’inclure son épouse dans un roman.

Le résultat est un roman passionnant, le style me plaît toujours autant, fluide et maîtrisé, et on se prend à suspecter tout le monde et à tenter de trouver le meurtrier avant Poirot ! Je l’ai lu d’une traite et il m’a été difficile de ne pas enchaîner avec d’autres aventures de Poirot. A noter que contrairement à l’adaptation télévisuelle, son ami, le Lt Hastings, ne l’accompagnait pas.

Une lecture commune avec Hélène du blog Lecturissime. Son avis enthousiaste par ici !

[highlight color= »color here »]Les Intégrales du Masque, n°5, Murder in Mesopotamia, 1936, 212 pages [/highlight]

le mois anglais

Et pourquoi pas

10 commentaires

Simone 28 juin 2016 - 7 h 31 min

Je suis bien d’accord avec toi ! De temps en temps un petit Agatha, c’est pas mal ! Ecriture impeccable, la classe british, quoi !

Electra 28 juin 2016 - 7 h 33 min

Oh oui ! je les avais lus il y a fort longtemps et j’avais oublié le talent de la Dame ! 🙂

Hélène 28 juin 2016 - 8 h 01 min

J’ai aussi beaucoup apprécié de retrouver cette bonne vieille Agatha !

Electra 28 juin 2016 - 9 h 28 min

Il faut que j’ajoute le lien vers to billet ! Et oui quel plaisir de la retrouver

keisha 28 juin 2016 - 8 h 52 min

J’aime bien ses romans situés au moyen orient (qu’elle connaissait bien)

Electra 28 juin 2016 - 9 h 29 min

Oui on sent qu’elle parle en connaissance de cause

LaRousse Bouquine 28 juin 2016 - 10 h 13 min

Ca fait des années que je n’ai pas lu d’Agatha Christie et c’est franchement dommage… Il faudrait que je m’y remette !

Electra 28 juin 2016 - 11 h 07 min

Oui ! Je réalise mon erreur de ne pas avoir relu Agatha Christie plus tôt

Syl. 29 juin 2016 - 11 h 48 min

Il est complexe celui-ci ! et j’ai hâte de le lire. Dans ma liste, il vient en 13ème position et je ne suis qu’au 7ème…

Electra 29 juin 2016 - 20 h 09 min

Oh mais c’est déjà bien 7 ! Et puis tu verras que ça arrive vite 🙂

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