Creole Belle ∴ James Lee Burke

par Electra
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Avec Hélène (Lecturissime), nous partageons la lecture commune des romans de James Lee Burke. Creole Belle était donc très attendu ! J’aime beaucoup la couverture du roman et sa quatrième était alléchante. J’ai été surprise en découvrant l’épaisseur du roman : 704 pages !

Dave Robicheaux (qui, depuis l’adaptation de Tavernier, a le visage buriné et la voix grave de Tommy Lee Jones) se remet de ses blessures dans un hôpital de la Nouvelle-Orléans lorsqu’une nuit, il reçoit la visite d’une très belle jeune femme créole, Tee Jolie Melton. Cette dernière, chanteuse, lui dit qu’elle est enceinte d’un homme marié très puissant et lui laisse un iPod avec trois de ses titres dont le blues « My creole belle » que Robicheaux va sans cesse écouter. Mais Dave, soigné à la morphine, ne sait plus distinguer les rêves de la réalité – ainsi ni son épouse, ni son ami Clete ne trouvent les titres sur l’iPod, les visites nocturnes sont interdites et de plus Tee Jolie a disparu depuis des mois.

Dave décide alors d’enquêter sur sa disparition – d’autant que très vite, on retrouve le corps de Blue, la petite sœur de Tee Jolie, flottant sur la rivière, enfermée dans un bloc de glace. Très vite, les soupçons se portent sur une famille de notables locaux, dont le grand-père, qui aurait été interné dans les camps de concentration, semble cacher bien des secrets. Son petit-fils, soupçonné d’être l’amant de Tee Jolie est séparé de son épouse, elle-même fille d’un des flics les plus racistes et violents de la paroisse.

Dave, accompagné de son fidèle compagnon, Clete Purcell – lui-même troublé par l’arrivée dans sa vie d’une fille dont il ignorait l’existence, décident d’enquêter – même s’ils ne sont pas dans leur juridiction (ici en Louisiane, on les appelle des Paroisses, héritage de la présence française) et malgré les mises en garde très nombreuses.

L’atmosphère très particulière de la Louisiane, des bayous, des fantômes, du vaudou est ici à nouveau très prégnante. Burke est un génie pour nous expliquer qui sont ces familles anciennes très puissantes, qui sont vraiment les créoles et comment le racisme continue de diviser la société locale. Burke ne change pas de méthodes : les personnages sont multiples, Robicheaux continue d’être envahi par ses fantômes de la guerre de Sécession et la Louisiane est le troisième personnage.

Ici, attention : pendant les deux-tiers du roman : l’enquête sur le disparition de Tee Jolie piétine – on n’avance pas d’un pouce. On suit Clete qui est persuadé que sa fille, Gretchen (il lui cache leur lien de parenté) est une tueuse en série venue de Floride pour plusieurs contrats. Les personnages apparaissent ci et là, sans liens apparents, les morts se multiplient et même Dave est pris en chasse par un tueur – bref, le lecteur peut être facilement dérouté par ce roman qui part un peu dans tous les sens.

Si Burke a toujours choisi de nous faire partager les émotions, et surtout les réflexions philosophiques de son personnage principal (le bien et le mal), ici elles ont la part belle – même un peu trop, pas loin d’un quart du roman ! Elles sont pesantes et peuvent rapidement dérouter un lecteur qui n’a jamais lu Burke auparavant. Je ne conseillerais pas ce roman à celui qui veut découvrir Dave Robicheaux – j’ai parfois eu envie de tourner les pages un peu plus vite. Clete et Dave ne partagent pas la même vision de la vie, de la mort et de la justice. Le premier est flic, le second ancien flic, détective privé – ils vieillissent et si l’un aspire a un vie plus calme, l’autre ne peut s’empêcher de vouloir faire justice seul. Inséparables, ils dépassent régulièrement les limites légales et prennent parfois des risques insensés.

Après, il reste la puissance du style et le lyrisme si particulier de l’auteur américain et surtout l’atmosphère unique de la Louisiane – qui me passionne toujours autant.  Le roman est magnifiquement écrit, et d’une puissance rare. Un peu comme dans le série True Detective, le lecteur est plongé dans cette région oubliée du reste de l’Amérique, qui avance au ralenti,  frappée par des tragédies (Katrina, les pollutions pétrolières, le chômage). Le lecteur peut sentir l’odeur de terre, la moiteur de ses vêtements, la chaleur humide écrasante et le rythme particulièrement lent.

Au final, j’ai dévoré les premières pages, trouvant l’intrigue passionnante (Dave rêve-t-il ? Tee Jolie est-elle venue d’outre-tombe appeler à l’aide ? Est-elle un rêve ? ), j’ai eu un peu de mal avec le milieu où Dave semble perdu dans ses réflexions et puis le rythme s’emballe à nouveau à la fin, et l’enquête reprend le dessus. Un roman à réserver aux fidèles de Burke !

♥♥♥♥♥

Éditions Rivages, Noir, Creole Belle, trad.Christophe Mercier, 704 pages

Et pourquoi pas

6 commentaires

Marie-Claude 15 décembre 2016 - 2 h 40 min

Ne faisant pas encore partie des fidèles de Burke, je le mets en bas de la liste. Je vais d’abord me faire les dents avec « Swan Peak » (acheté après la lecture de ton billet!) et « La nuit la plus longue ».

Electra 15 décembre 2016 - 7 h 10 min

Oui et il vaut mieux commencer par un plus ancien si tu veux comprendre son histoire 😉

keisha 15 décembre 2016 - 9 h 28 min

J’en ai commence un autre, qui se passait dans le Montana (!) mais abandonné, pareil, dans tous les sens, pas mal de bagarres, de personnages, pas d’enquête, et de la lenteur. Cela m’a l’air d’^tre la marque de fabrique, donc ce sera sans moi pour l’instant…

Electra 15 décembre 2016 - 17 h 43 min

Oh c’était Swan Peak ! Il est pourtant meilleur que celui-ci mais bon si tu n’accroche sur pas tu as de quoi faire

Hélène 15 décembre 2016 - 9 h 52 min

J’ai aussi été déçue par cet opus, tirant en longueur !

Electra 15 décembre 2016 - 17 h 44 min

Je suis à l’extérieur donc je réponds tardivement. Je vais aller voir ton billet. Mais oui il est trop bavard

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