Je n’avais pas prévu de retourner si vite en Islande, mais je n’ai pas pu dire non à ce roman de Lilja Sigurdardóttir. Intriguée par l’histoire, j’ai découvert en lisant la quatrième de couverture qu’il s’agit en fait d’une trilogie.
La romancière nous offre un thriller original et prenant dont l’histoire se passe pendant l’hiver 2010-2011, un temps particulier pour les Islandais : le pays est sous le choc d’un immense krach boursier qui a détruit l’économie et toujours couvert des cendres du fameux volcan Eyjafjöll qui a paralysé pendant plusieurs jours le trafic aérien européen.
Sonja est la mère de Tómas, âgé de neuf ans, qu’elle ne peut voir que le week-end, son père en ayant la garde. Pourtant Tómas rêve de vivre auprès de sa mère, malheureusement celle-ci a cumulé les problèmes depuis que son ex-conjoint l’a trouvé au lit avec une autre femme. Suivant les conseils d’un avocat, sans travail et sans argent, elle accepte de laisser la garde de son fils à son père pour une période de deux ans. Le temps passant, elle réalise qu’elle ne pourra sans doute pas récupérer la garde si facilement. Sans travail, elle accepte la proposition de l’avocat : devenir une mule, une passeuse de drogue (cocaïne) afin d’avoir assez d’argent pour récupérer la garde de son fils.
Et Sonja est plutôt douée – habillée en femme d’affaires, elle prend régulièrement l’avion pour l’Angleterre ou le Danemark, en utilisant de fins stratagèmes pour tromper les douaniers. Sonja joue gros – des années de prison, la perte définitive de la garde de son fils, mais elle trouve aussi grisant d’accomplir ce défi si particulier. Malheureusement pour elle, elle découvre bientôt qu’il lui est impossible de cesser ce trafic et son commanditaire la force même à prendre un risque insensé dans une nouvelle mission.
Sa vie amoureuse ne va pas mieux, elle continue de voir cette femme plus âgée, qui n’admet pas qu’elle est homosexuelle et refuse qu’on les voit ensemble. Cette femme est pourtant totalement accro à Sonja mais elle doit elle-même faire face à de sérieux problèmes. Son entreprise de courtage, ses proches collaborateurs et elle-même sont mis en cause par la justice islandaise pour avoir participé à ce krach boursier. Son patron lui demande de protéger l’un des leurs et d’accepter d’endosser en partie la responsabilité et donc risquer la prison. Elle hésite et se refuse à en parler à Sonja, ne rêvant que de se retrouver dans ses bras.
Mais Sonja n’a plus la tête à ça, ayant compris que l’avocat refusait de la laisser partir, Sonja doit réfléchir à une solution de repli. Elle doit faire preuve d’inventivité, tout en préservant son lien fragile avec son fils, son ex-conjoint ne cessant de la menacer de lui retirer son droit de visite.
Elle n’a d’ailleurs pas remarqué, que depuis quelques semaines, Bragi, douanier à l’aéroport de Keflavík, la suit. L’homme est intrigué par son allure si élégante et son pas décidé. D’ailleurs, Bragi passe à l’action mais la fouille ne révèle rien. Il est pourtant certain qu’elle a passé de la drogue, comment faire pour la coincer ? Bragi est proche de la retraite, et la crise économique frappant le pays, on lui demande d’accélérer son départ, mais il refuse. Il déteste retrouver son appartement vide le soir après le travail, et continue de culpabiliser d’avoir du placer son épouse, atteinte de la maladie d’Alzheimer dans un centre de soins public.
Je n’en dirais pas plus sinon que j’ai trouvé les personnages attachants même si Sonja et son amie sont parfois très froides et calculatrices, reste qu’on comprend aisément les pressions qu’elles subissent et leurs réactions sont logiques. L’histoire est originale, l’auteure nous embarquant dans une intrigue où trois protagonistes, très différents, doivent faire face à des défis personnels et professionnels les poussant dans leur retranchement ou au contraire les poussant à aller chercher au plus profond d’eux-même une solution définitive à leurs problèmes.
Mon seul bémol serait peut-être l’écriture – le style est parfois un peu trop simple mais l’histoire est vraiment prenante. Autre point positif : la relation de Sonja avec son fils. Un excellent page-turner avec des personnages attachants et travaillés, pas seulement esquissés comme dans bon nombre de polars avec en fond d’écran, une Islande différente, totalement défaite par la crise.
L’auteur est célèbre dans son pays, Piégée n’est pas son premier roman et son oeuvre la plus célèbre est en fait une pièce de théâtre.
Nul doute que je lirai la suite ! J’ignore par contre à quelle date elle sera publiée.
♥♥♥♥♥
Éditions Métailié, Gildran, trad. Jean-Christophe Salaün, 336 pages
6 commentaires
Ché pas! Côté polar, j’ai plutôt envie de rejoindre Longmire! Je n’en peux plus de la froidure!
Je comprends effectivement qu’une enquête au chaud te ferait pas de mal ! Je te pardonne
Je ne connaissais pas du tout! Bon, tu as des bémols quand même.
Juste l’écriture parfois mais sinon un vrai page Turner !
ahhh je note, ça a l’air top!
Cool ! Elle va te plaire l’héroïne !
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