Le Promeneur de Jirô Taniguchi
♥♥♥
C’est par hasard que j’ai trouvé ce roman graphique de Jirô Taniguchi à la BM, ses livres étant régulièrement empruntés. Je n’ai pas hésité. Contrairement à L’homme qui marche qu’il me reste à lire et qui met en avant un vieil homme qui à travers ses petites promenades s’éveille à la nature et à nos cinq sens, ici on suit le Promeneur, un jeune homme qui nous emmène aussi à travers la ville, au gré de ses promenades mais dont les préoccupations sont différentes.
Le Promeneur s’interroge sur sa ville, ses profonds changements – la disparition des anciens quartiers au profit des gratte-ciels et autres bâtiments modernes. Lorsque le héros retrouve le quartier de son enfance et en se laissant porter par ses pas, redécouvre toute une partie de la ville, il réalise à quel point le passé peut encore peser dans sa vie.
Revenir dans son ancien quartier lui remémore forcément ses jeunes années, mais aussi son adolescence, son groupe de rock puis le choix d’abandonner la musique pour un travail régulier et prenant. C’est en allant chercher un cadeau qu’il va se retrouver à marcher, ayant loupé le dernier moyen de transport. La marche, le Promeneur n’en avait pas fait depuis des années – mais ce moment où il a l’occasion de se retrouver va lui plaire et il va désormais chercher tout moyen pour partir à l’aventure – sans carte, il va partir à la redécouverte de sa ville et voir les changements opérés depuis son enfance.
La lecture est plaisante, j’ai aimé découvrir ces allées nippones qui cachent encore des petites boutiques ou maisons à l’ancienne – un charme incroyable. J’ai pensé à Shanghaï ou Singapour qui ont détruit leurs anciens quartiers qui auraient mérité d’être sauvegardé tant ils témoignaient d’une époque. L’introspection du Promeneur parlera à tous les lecteurs. Mais elle témoigne aussi des questionnements de cet homme par rapport à ces choix de vie (une vie nippone : le travail qui domine tout le reste).
L’autre raison pour laquelle j’ai aimé ce livre est que, propriétaire d’un chien, j’aime les promenades, sans but précis – je laisse mon chien choisir le chemin (mon chien actuel étant un peu plus timide que le précédent) c’est que j’ai découvert ainsi de nombreuses petites allées et voies privées qui sont magnifiques ! Et ces promenades sont un moment de détente essentiel à mon bien-être. A noter que j’avais lu Furari du même auteur et que j’avais moins accroché.
Éditions Casterman, 2008, 210 pages
La femme accident (1ère et 2nde partie) d’Olivier Grenson et Denis Lapière
♥♥
Je ne connaissais ni les auteurs ni cette bande-dessinée quand je l’ai choisie à la BM – mais le dessin me plaisait et deux volumes, c’était intéressant.
Le personnage principal s’appelle Julie – on la rencontre alors qu’elle est en prison. Son procès se termine demain, elle est inculpée de meurtre. Elle voit son fils, Mathias, élevé par sa demi-soeur. La jeune femme rêve de pouvoir s’envoler avec lui en Australie, synonyme de liberté.
Julie va se confier et raconter sa vie, et les évènements qui l’ont amené en prison. Née dans les corons de Charleroi, Julie a eu une enfance compliquée. Confiée pendant des années à ses grands-parents, sa mère, remariée avec un homme qui n’a jamais aimé Julie, vient la chercher alors qu’elle ne connaît que ses grands-parents. La jeune femme passera son temps à retourner chez eux – leur en voulant d’appeler sa mère pour la ramener.
Julie est un garçon manqué à cette époque et sa bande d’amis, des garçons sont toute sa famille. Elle tombe amoureuse de Théo – le jeune homme et elle ont une relation fusionnelle mais compliquée ! Installée chez le jeune homme, la jeune femme croit avoir trouvé le bonheur. Trop jeunes, immatures, Julie tombe enceinte à l’âge de seize ans. On la force à avorter et sa vie prend une tournure compliquée. Toujours à la recherche d’amour, elle finit par tromper Théo et lorsqu’il l’apprend, la dispute vire au drame. Premier échec.
Condamnée à l’exil, Julie va profiter de son physique avantageux pour gagner sa vie comme escort-girl – protégée par un homme fortuné mais marié, Julie accepte ces années tout en rêvant secrètement de revenir à Charleroi et montrer à sa famille sa réussite (l’appartement à Paris, ses jolis habits) mais le retour sera aussi les retrouvailles avec Théo…
Ce parcours accidenté se suit avec plaisir – la jeune femme, très belle, cherche désespérément l’approbation de sa famille et veut croire à son histoire d’amour, même si elle est destructrice.
Malheureusement, il m’a manqué quelque chose pour accrocher à cette histoire – l’idée de départ est intéressante et les dialogues de Lapière sont bien écrits – mais je ne me suis pas sentie proche de l’héroïne, je l’ai trouvée parfois trop stéréotypée. Le dessin d’Olivier Grenson, même si j’ai aimé le coup de dessin, a-t-il joué un rôle dans ma difficulté à entrer dans le récit ? Peut-être – car Julie et Théo adolescents sont tellement beaux qu’ils sont presque irréels. Ils m’ont fait penser aux dessins animés japonais – fort heureusement, le dessinateur a réussi à bien faire vieillir les personnages (la drogue qui détruit Théo). Disons qu’ils ont des visages très lisses et en réfléchissant, j’ai trouvé Julie plutôt froide.
Enfin, pour revenir au scénario, le deuxième volume qui se concentre sur le crime en question est un peu décousu – je n’ai pas trop compris la fin – sans spoiler, mais la révélation me surprend et les dernières pages aussi (si on a fait un peu de droit judiciaire, on s’interrogera…). Néanmoins, je retiens les noms des auteurs car je ne dis pas non à d’autres lectures !
Éditions Dupuis, 2008, 64 pages (vol.1), 2012, 72 pages (vol.2)
4 commentaires
Mouais pour la deuxième, et OK pour la première (déjà lue, tu peux me croire!)
Je te crois !
Va pour le Taniguchi, un des rares que je n’ai pas encore lus.
Ah ? Je te bats
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