Attachement féroce ∴ Vivian Gornick

par Electra
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Dès sa sortie, ce livre m’a attiré – la couverture et la quatrième. Mais avais-je lu trop vite celle-ci ? Revenons à l’histoire, ce livre est une autobiographie écrite par Vivian Gornick et publiée en 1987. Vivian Gornick est une journaliste très connue aux États-Unis, une figure célèbre de New York qui a longtemps écrit pour le Village Voice (le journal new-yorkais).

Vivian revient sur son enfance dans le Bronx et surtout sur sa relation avec sa mère. Elles sont inséparables, s’aiment profondément et pourtant se détestent, d’où le titre du livre : attachement féroce. Un récit intime sur une relation très forte et très particulière. Véritables New-Yorkaises (elles s’installeront à Manhattan), elles adorent arpenter ensemble les rues de New York et revivre ensemble leurs souvenirs du Bronx.  Elles se souviennent de cet immeuble et ce quartier du Bronx où se côtoyaient juifs, irlandais et italiens.  Juives, elles vivent dans un immeuble avec d’autres familles juives, souvent originaires des pays de l’Est. Sa famille est venue de Russie avant la première guerre mondiale. Vivian est née en 1936 et adore écouter sa mère parler de leur voisinage, des moments de comédie mais aussi de drames. A l’époque, les femmes ne travaillaient pas et les ragots allaient bon train, l’escalier de secours permettaient à celles-ci d’aller et venir sans être vues. Car tout le monde s’épiait. Sa mère était connue pour être toujours sur son 31 et mener une vie d’épouse parfaite. Elle était au-dessus du lot et les autres femmes la respectaient, et certaines la craignaient.

La mort du père de Vivian alors que celle-ci n’a que onze ans va projeter sa mère dans un profond désarroi et elle ne refera jamais sa vie.

En tapant ces mots, je me souviens avec plaisir de tous ces échanges, des histoires sur leurs voisines, battues ou trompées et cette vie bouillonnante du Bronx dans les années 50 et 60. Le père de Vivian était juif comme sa mère mais surtout communiste. Et j’adore la mère de Vivian – une femme très dure, dont les paroles sont tranchantes et parfois acerbes mais qui possédait un humour noir et un profond sens de la justice. Leurs rapports sont si riches.

Mon seul bémol vient du fait que j’ai cru que ce récit se concentrait sur leurs rapports et sur la vie de sa mère mais en fait non, Vivian y a raconte toute sa vie et ses histoires d’amour (de 18 à 46 ans). Et je ne m’y attendais pas, si j’ai lu la première histoire, je me suis ensuite lassée des suivantes, j’avais trop envie de retrouver sa mère.  Si Vivian a voulu tisser un lien entre son enfance, étouffée par une mère égocentrique et sa vie amoureuse, soit – mais j’avoue que plus de cent pages sur ses histoires d’amour m’ont lassées !

Fort heureusement, le récit était émaillé de ces promenades avec sa mère. L’auteur réussit à nous faire revivre le Bronx puis le Manhattan de cette époque. Certains passages m’ont vraiment ému mais je suis restée cependant sur ma faim : si l’auteure voulait rendre hommage à sa mère, j’aurais aimé qu’elle raconte sa venue en Amérique et ses origines (survolées en l’espace de deux pages à travers le souvenir d’un oncle un peu trop collant) or ici rien. Pourtant cette dureté dans le regard et dans les mots avait sûrement son origine dans l’enfance et dans l’exil en Amérique.

Autre point faible : Vivian a un frère ainé et un père (jusqu’à l’âge de onze ans). Or, pareil, ils ne sont que très brièvement évoqués. Le frère, j’avais même oublié son existence. Il aurait été intéressant de voir comment la mère de Vivian traitait son frère. Mais pas un mot là-dessus. Les deux femmes sont inséparables, elles n’habitent qu’à un bloc l’une de l’autre, se chamaillent sans cesse mais ne peuvent se passer l’une de l’autre. Forcément, cela m’a fait réfléchir à la relation avec ma mère mais attention, ma mère n’a rien en commun avec celle de Vivian ! Celle-ci s’est évanouie à l’enterrement de son époux, puis s’est jetée dans la tombe ! Une femme très exigeante qui ne pardonnait pas aux autres la moindre indolence. Mais une femme qui pouvait être d’une générosité énorme.

J’aurais vraiment aimé la rencontrer et surtout en apprendre plus sur elle. La vie de Vivian m’a parue moins intéressante (surtout qu’elle ne parle jamais de son travail qui pourtant devait être fascinant à cette époque).  Au final, une lecture mi-figue, mi-raison !

♥♥♥♥♥

Éditions Rivages, Fierce Attachments, trad. Laetitia Devaux, 221 pages

Et pourquoi pas

8 commentaires

Marie-Claude 29 septembre 2017 - 2 h 52 min

Ah! J’ai bien fait de ne pas avoir mis la main dessus. Je l’ai feuilleté en librairie et, comble de malheur, je ne suis tombée que sur les bouts d’amour. J’ai déchanté!
Leurs promenades m’auraient toutefois intéressée, mais le passage obligé par ces passages amoureux, non merci! Au final, un roman plus égocentrique que familial?!

Electra 29 septembre 2017 - 7 h 14 min

En fait, c’est une autobiographie tout simplement ! Mais le titre et les extraits me faisaient croire que c’était vraiment centré sur la mère et la fille. Je pense qu’effectivement tu aurais été déçue également, malgré les excellents passages entre la mère et la fille 🙂

keisha 29 septembre 2017 - 7 h 06 min

Vraiment dommage… Il faudrait que l’auteur réécrive son livre, tiens. ^_^

Electra 29 septembre 2017 - 7 h 15 min

Non, c’est une autobiographie – par contre le titre et la quatrième font penser à une relation exclusive mère-fille. Je reste avec mes questions …

Sonia 29 septembre 2017 - 8 h 46 min

J’ai lu ce récit il y a quelques mois.
J’ai été déçue également, j’en attendais trop, et je m’y suis ennuyée, j’en ai trouvé le rythme fatigant aussi, trop linéaire, aucune interruption.

Electra 29 septembre 2017 - 8 h 58 min

Pareil ! Je me suis trompée en pensant que c’était une réflexion sur le lien mère fille (abordé mais de manière succincte) et oui récit linéaire. Je l’ai lu il y a un mois et je n’en retiens pas grand chose.

Rebecca 29 septembre 2017 - 21 h 07 min

C’est pourtant bon les figues et les raisins…. mais une moitié de chaque on dirait que ça passe moins bien. Dommage, le titre aurait pu m’aguicher mais je ne tomberai pas dans le panneau

Electra 29 septembre 2017 - 21 h 08 min

Oui, c’est vrai que c’est bon en général mais ici on peut s’en passer 😉

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