J’avais très envie de découvrir l’œuvre d’Eudora Welty, j’ai donc commandé l’anthologie de ses nouvelles quand j’ai déniché ce roman féérique, publié en 1942. A la parution de cet ouvrage, William Faulkner envoyer une lettre à cette écrivaine sortie de nulle part, sinon du Mississippi « Qui êtes-vous ? Quel âge avez-vous ? Puis-je vous aider ? »
Depuis, Eudora a rejoint le panthéon des auteurs américains et en particulier celui des nouvellistes. Je préfère ici recopier la présentation de l’auteur, car l’histoire est vraiment à part :
Il était une fois en Amérique : la piste de Natchez, cet ancien tracé de bisons pareil à un tunnel serpentant sous le toit des forêts vierges du Mississippi, ses chevaucheurs de six pieds six pouces, ses voyageurs, ses trappeurs, leurs visages barbouillés de baies écrasées, ses Indiens tapis derrière les buissons… En ces temps primordiaux, les corbeaux savaient dire : « Retourne-t’en mon cœur, rentre à la maison », et les hérons, couleur de verre de Venise, avaient un goût aussi sauvage qu’une poire sauvage. Au fond des bois, au milieu des chênes verts, des cèdres et des magnolias vivaient Clément Musgrove, planteur innocent, sa fille Rosamonde, belle comme le jour, une marâtre, laide comme la nuit, et Jamie Lockhart, le brigand bien-aimé – le Räuberbräutigam des frères Grimm – de ce conte de fées iconoclaste, drolatique et chatoyant comme une plume de paon.
J’avoue que les premières pages, je me suis demandée où j’avais mis les pieds, puis j’ai décidé de faire ce que font les enfants quand on leur lit des contes : me laisser porter par l’histoire, même si celle-ci est « farfelue ». Fort heureusement, le style est là, ainsi que l’humour et l’histoire finit par devenir tout à fait plausible. Clément Musgrove est un gentilhomme qui a fait fortune, il n’a d’yeux que pour sa fille Rosamonde, magnifique jeune fille blonde (nous sommes dans un conte…), et a épousé en secondes noces une femme vénale et jalouse, la marâtre. Celle-ci le pousse à agrandir sans cesse leur plantation de coton et le voici parti en affaires. En chemin, dans une auberge, il croise la route d’un brigand célèbre, le brigand bien-aimé, Jamie Lockhart.
Celui-ci se couvre le visage de baies écrasées afin de ne pas être identifié. Il croise par hasard Rosamonde et en tombe éperdument amoureux. Il finit par l’enlever, tout en refusant de lui révéler son vrai visage. Son père, désespéré par la disparition de sa fille, demande à Jamie (sans savoir que c’est lui le kidnappeur) de la retrouver. Son épouse, ravie de la disparition de Rosamonde, charge un voisin de la retrouver et de l’assassiner.
Et l’histoire ne s’arrête pas là, un bandit se promène avec la tête de son frère dans une malle, un autre possède des pouvoirs étranges, ainsi la maison du bandit apparait et disparait à sa guise … Étrange conte, sans queue, ni tête, mais qui m’a quand même fasciné à certains moments et fait rire 🙂
En 1975, ce roman (The Robber Bridgegroom) devient une comédie musicale, et en 2016, en off Broadway, une nouvelle version est sortie (cf. photo en une).
Au final, je pense que je vais préférer ses autres nouvelles dans lesquelles l’auteure s’est attachée à décrire les problèmes raciaux et la culture du Sud des États-Unis.
En aparté, le livre de Cambourakis est un objet magnifique, il est vraiment très beau avec ses rabats.
♥♥
Éditions Cambourakis, The Robber Bridgegroom, trad. Sophie Mayoux, 2014, 144 pages
6 commentaires
Ai lu autrefois Eudora Welty… M’y remettre peut-être dans un moment creux. Je termine Canada de Richard Ford en ce moment. Toujours en vacances ?
Oui toujours en vacances ! Je me réveille tôt. J’ai ses nouvelles à découvrir. Ah Canada de Ford je l’ai lu à sa sortie.
je passe mon tour 🙂
Tu peux passer ton tour. Une lecture très surprenante, apparemment très éloignée de ses autres écrits par la suite. Le livre en lui-même est un très bel objet par contre !
Le sans queue ni tête, j’avoue que ça me fait fuir !
Ah ! Morte de rire oui effectivement je ne pense pas que tu sois emballé par cette histoire
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