Goodbye Loretta ∴ Shawn Vestal

par Electra
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Un roman qui sort de l’ordinaire. Shawn Vestal embarque ses lecteurs dans une communauté méconnue, celle des Mormons fondamentalistes dans l’Ouest Américain.

Idaho, 1974 – Jason Harder est enfant unique d’une famille mormone. L’adolescent adore Led Zeppelin et le Seigneur des Anneaux. Il adore son grand-père qui lui propose d’aller voir en douce son héros, le célèbre cascadeur, Evel Knievel.  Peu de temps après leur aventure secrète, son grand-père décède. Jason est particulièrement touché par sa disparition. Avec son meilleur ami, ils rêvent de quitter leur trou paumé et découvrir le « monde ». Mais pour le moment, ils aident à la ferme.

Short Creek, Arizona. A plusieurs centaines de kilomètres,  Loretta file la nuit en douce rejoindre son petit ami. A quinze ans, celle-ci vit au sein d’une communauté de mormons fondamentalistes. La nuit, elle adore se faufiler et faire la fête avec sa meilleure amie dont son petit ami, plus âgé,  qui n’a de cesse de la tanner pour qu’elle parte avec lui. Lorsque son père la surprend, il décide de la marier de force à Dean Harder. Ce dernier est un membre éminent de la communauté. Il dirige la principale exploitation. Polygame convaincu, il a déjà une première épouse, Ruth et sept enfants. Loretta est dorénavant une épouse-soeur. 

Dean Harder n’est autre que l’oncle de Jason et à la mort du grand-père, il décide de tout quitter pour aller s’installer dans la ferme familiale, au côté des parents de Jason. Il arrive avec Ruth et ses enfants, et présente Loretta, comme la nièce de Ruth. Mais tout se sait.

Bien qu’ils soient tous Mormons, Dean considère ses frères et sœurs comme des pécheurs. Ils écoutent de la musique, regardent la télévision ce que Dean condamne fermement. Les jeunes gens commencent à s’épier et à communiquer, malgré le contrôle strict de Dean et Ruth. Loretta n’a qu’une envie : fuir !

Jason et Loretta ne sont pas les seules voix narratives de ce roman, puisque le fameux cascadeur, Evel, confie aussi ses gloires, ses échecs et son envie de tout quitter. Le héros de Jason en est-il vraiment un ? J’avoue que ce troisième personnage est sans doute le point faible de ce roman, celui qui m’a le plus désarçonné mais il a un rôle à jouer, les lecteurs l’apprennent plus tard.

Leurs aspirations vont-elles les mener à la liberté tant promise ? Car il s’en passe des choses dans ce roman, avec en bout de course la réalité qu’ils vont tous se prendre dans le visage…

Ce que j’ai trouvé de formidable dans le roman, c’est que l’envol n’est pas forcément synonyme de réussite, leurs aspirations sont contrariées et lorsqu’ils croient être plus malins, la vie se charge de les remettre à leur place.

Le fait le plus marquant est, pour moi, l’évolution du personnage de Loretta, qui jeune, adore faire la fête, rêve de Californie, du mouvement hippie, de fêtes mais qui comprend peu à peu que fuir avec son petit ami ou avec Jason n’est pas forcément la meilleure solution. Elle prend peu à peu conscience de son pouvoir en tant que femme mais également du regard qu’elle renvoie : celle d’un objet sexuel. Elle veut être plus. Son émancipation est très bien détaillée dans le roman. Et on comprend mieux que le titre du roman lui soit dédié et pourquoi c’est elle qui referme la marche.

C’est un roman féministe et détonant ! Situé dans les années 70, l’auteur s’amuse à contraster cette époque libertaire avec cette communauté religieuse extrémiste. Deux mondes s’entrechoquent : le profane et le sacré. l’Amérique dans toute sa splendeur.

Un autre point fort du roman, c’est évidemment cette plongée au sein de ces communautés fondamentalistes où l’auteur s’amuse à démontrer que derrière la façade d’hommes pieux, se cachent des hommes avides d’argent, égocentriques et hypocrites, et en toile de fond l’exploitation sexuelle des épouses mineures.

Mon seul bémol vient des chapitres consacrés à Evel, le cascadeur, que j’ai trouvés parfois mal agencés et redondants.

Attention aux lecteurs qui auraient eu vite fait de croire à un unique road trip – ce n’est pas le cas, d’ailleurs ils ne prennent la route qu’au trois-quart du roman. Et l’intérêt du livre est ailleurs!

♥♥♥

Éditions Albin Michel, coll. Terres d’Amérique, Loretta, trad. Olivier Collette, 2018, 352 pages

Et pourquoi pas

10 commentaires

keisha 24 avril 2018 - 7 h 50 min

Ah je me souviens de bons romans lus, sur cette communauté!
http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/2011/05/le-polygame-solitaire.html
Tu as aussi Refuge http://enlisantenvoyageant.blogspot.fr/2012/08/refuge.html
Bon je lirai éventuellement Goodbye, Loretta… ^_^

Electra 24 avril 2018 - 7 h 57 min

J’irai voir ça ! J’ai grandi avec leur église à côté de chez moi je ne comptais le nombre d’exemplaires de leurs livres

Jerome 24 avril 2018 - 9 h 35 min

Pas certain d’avoir envie de faire un tour chez les mormons en ce moment…

Electra 24 avril 2018 - 12 h 12 min

Mdr je pense qu’il n’est pas le bon pour toi en ce moment

Marie-Claude 24 avril 2018 - 14 h 49 min

Pas le bon pour moi non plus, ces temps-ci. Là, je me préparer à plonger dans les nouvelles!

Electra 24 avril 2018 - 16 h 29 min

Oui j’y suis déjà j’ai abandonné un livre car je pestais tout le temps

Marie-Claude 24 avril 2018 - 21 h 28 min

LEQUEL?!

Electra 24 avril 2018 - 21 h 35 min

Un Québécois … désolée …

Virginie 24 avril 2018 - 18 h 23 min

Youpi ! Je l’ai trouvé ce soir ! et je vais le commencer illico !!

Electra 25 avril 2018 - 6 h 49 min

Excellent !

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