J’ai découvert Attica Locke il y a un an en lisant son autre roman Dernière récolte. J’étais donc curieuse de la retrouver dans cette nouvelle enquête. On quitte la Louisiane pour Houston, Texas en 1996 alors que les élections municipales approchent, une jeune femme disparaît…
Pleasantville est le premier quartier bourgeois créé par les hommes et femmes noirs ayant, malgré la ségrégation, réussi dans les affaires. Un bastion de l’upper class noire devenu incontournable à chaque élection. Et celle-ci est particulière puisque pour la première, un candidat Afro-Américain est sur le point de l’emporter. Il s’agit d’Axel Hathorne, l’ancien chef de la police et fils de Sam Hathorne, une des familles les plus aisées de Houston.
Tout politicien digne de ce nom sait que la route d’une élection passe par Pleasantville
Axel affronte Sandy Wolcott, la district attorney (procureur) du comté et la bataille fait rage lorsque qu’une jeune femme, Alicia Nowell disparaît. Celle-ci avait un tract dans son sac, accusant le candidat noir de vouloir détruire le bayou, et son biper prouve qu’elle a tenté de joindre Neal Hathorne, le neveu d’Axel et conseiller de communication. Le jeune homme est rapidement suspecté. Sam Hathorne, son grand-père, fait alors appel à Jay Porter, un avocat connu localement pour défendre les plus faibles.
Ce dernier se bat depuis des années face à un conglomérat pétrochimique responsable d’une pollution et d’un incendie ayant touché de nombreuses familles. Regroupé en action collective, les deux cents plaignants ont eu toute confiance en Jay et celui-ci a finalement remporté son procès mais la filiale refuse depuis de verser le moindre dollar. Jay a mené le combat le plus dur de sa vie devant les tribunaux alors que sa femme mourait d’un cancer. Depuis, Jay tente de s’occuper de se deux enfants tout en essayant de trouver une solution à cet imbroglio judiciaire. Il accepte de défendre Neal, accusé soudainement du meurtre d’Alica Nowell.
Celui-ci se dit victime d’une machination, sans doute la partie adverse pour infléchir le cours de l’élection. Jay accepte en sachant qu’il va s’attirer pas mal d’ennemis et rapidement les soucis arrivent, ainsi que les menaces sur sa famille mais l’homme est coriace…
Un pavé et un bon page-turner où l’enquête est rondement menée et où le rythme est enlevé. Une découverte que l’histoire de Houston, de ce quartier sorti de nulle part, et des tensions entre les habitants blancs et noirs, puis l’arrivée des premiers résidents hispaniques et la fissure au sein de cette communauté bien-pensante. L’auteur décrit avec passion ce quartier, les disparités entre les communautés, l’histoire de la ville. J’ai énormément appris sur Houston, durement touchée par la crise économique et la lutte intestinale entre ces communautés. Mais aussi sur les élections municipales, les jeux de pouvoirs, d’argent et le lobbying. Une plongée assez terrifiante accompagnée d’une enquête sans jamais oublier la victime.
Les personnages sont touchants et bien réels, on s’attache à Jay et à sa famille, à ses amis. Un seul bémol mais il faut en parler : le nombre effarant de personnages dont il faut se rappeler le nom et la fonction. Pour ma part, j’ai failli au tout début prendre un papier et noter leurs noms. Heureusement, l’action se resserre et le cerveau finit par enregistrer tous les noms, mais je vous préviens, c’est le challenge de ce bon polar 🙂
J’ai lu ce roman dans le cadre d’une opération Masse Critique.
♥♥♥
Editions Gallimard, Série Noire, trad. Clément Baude, 2018, 528 pages
4 commentaires
Parfois oui l’auteur ne pense pas à nos petites mémoires et injecte plein de noms (et si en plus il y a les surnoms et diminutifs ^_^) mais l’essentiel est de lire avec plaisir!
Oui, le plaisir est là mais juste une belle flopée de personnages facilement une vingtaine dès les premiers chapitres …
Son premier, « Marée noire », qui se déroule avant celui-ci avec le même personnage principal était déjà très réussi.
Oui, j’ignorais en fait qu’elle avait déjà publié un autre roman (j’avais lu Dernière Récolte) mais cela n’empêche nullement de lire Pleasantville heureusement
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