Blue Ridge ∴ T.R Pearson

par Electra
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Déniché à Montréal dans une immense bouquinerie – c’est le petit logo Penguin qui m’a attiré –  la quatrième de couverture m’a convaincu de l’acheter (et que dire de la couverture!).  T.R Pearson nous offre ici une double enquête passionnante – l’une en Virginie, dans les Appalaches et l’autre dans les rues de New York.

Ray Tatum est en route pour prendre son nouveau job de shérif à Hogarth, petite bourgade de Virginie, dans les Appalaches où, selon les dires de son patron, il ne se passe jamais rien de spécial. Mais à peine installé dans ses nouvelles fonctions, des randonneurs découvrent des ossements humains sur un chemin de randonnée. Le cousin de Ray, Paul, qui vit à Roanoke,  dans le même Etat, doit de son côté, se rendre à New York, identifier le corps de son fils décédé. Un fils dont il ignore pratiquement tout mais à peine arrivé les choses prennent une tournure différente.

T.R Pearson nous entraine ici dans deux histoires parallèles, se déroulant dans la même unité de temps, où les deux policiers, cousins, vont être entrainés dans une série d’évènements improbables.  L’auteur tisse sa toile de manière subtile et intelligente et n’a de cesse d’attirer sa proie, le lecteur dans ses pièges. Et j’ai succombé facilement !

D’abord pour le style, Pearson est un auteur du Sud et ici chaque mot, chaque phrase résonne avec l’accent lancinant propre à cette région. J’ai adoré son style, fluide et son talent pour décrire la beauté des paysages et la lenteur propre à cette région et à ses habitants. Ray ne doit s’occuper que de disputes conjugales, où la femme est plus menaçante que l’époux lorsqu’il doit identifier les ossements d’une personne dont on n’a jamais signalé la disparition. On lui colle d’office un policier fédéral, une femme noire, Kit Parsons, et ce duo improbable va forcément attirer le regard. Ray n’est pas sans défaut, installé dans une dépendance de la maison de son boss, avec son vieux chien, Monroe, Kit et lui vont aller à la rencontrer de personnages fort en couleur tout en s’occupant de chercher le chien de son voisin, Queenie, disparu depuis 1972….

Car on sourit beaucoup dans ce récit, que ce soit Paul ou Ray, leur regard sur la vie, les autres, ou leur regard sur leur propre corps- tout est rafraichissant. Ni l’un ni l’autre ne se prennent pour des supers héros, ils ont vraiment cette auto-dépréciation que j’apprécie chez les personnages mais que je trouve rarement.

Paul se rend donc à New York pour identifier un fils qu’il ne connaît pas mais à peine arrivé, il fait la rencontre d’un homme inquiétant qui décide de le promener à travers la ville. Il s’agit de Giles, un truand aux goûts luxueux qui ne croit pas à la mort du rejeton de Paul. Et voici notre flic du Sud embarqué dans une drôle d’histoire…. et son regard sur son épopée est un régal.

J’ai adoré la profondeur des personnages, l’atmosphère sudiste qui vous accompagne tout du long – et l’absence de manichéisme. Les personnages ne sont pas tout blancs, ni tout noirs. Les deux cousins sont attachants – un peu paumés, solitaires – leur vie est bancale mais ils avancent. J’ai beaucoup aimé le détail apporté par l’auteur, par exemple, la manie de Paul, de sortir ses vêtements et d’utiliser les commodes dans les chambres de motel.  De celle de Ray de parler un trop vite et de ne pas être doué pour les choses de l’amour.

Et si vous pensez savoir déjà tout de la fin, détrompez-vous ! T.R Pearson m’a totalement prise à dépourvue, loin des clichés littéraires et cinématographiques. Ici, on ne règle pas les choses comme dans les films, et si les deux histoires se rejoignent, ce n’est pas du tout tel que je l’imaginais. Non, T.R Pearson finit son histoire comme toute bonne histoire du Sud. Pour y avoir vécu, j’avais toutes ces images qui défilaient en moi. C’était trop bon !

Le Washington Post a déclaré que Pearson est un maître du « riff », nom donné par les musiciens de jazz aux improvisations, qui ici, dans ses mains, deviennent infailliblement drôles. Et je suis tout à fait d’accord.

Maintenant, à quand une traduction française ? Car c’est vraiment ridicule de passer à côté d’un tel génie !

J’ai lu ce roman, dans le cadre du challenge 50 Etats 50 romans, pour l’Etat de Virginie.

♥♥♥♥

Editions Penguin Books, 2000, 243 pages

(*Les « Blue Ridge » Mountains appartiennent à la chaine des Appalaches et tiennent leur nom de cette couleur bleu des crêtes des montagnes comme sur la photo en Une). 

Et pourquoi pas

10 commentaires

keisha 14 mai 2018 - 9 h 52 min

Photo parlante (j’avais lu récemment sur cette couleur bleue, en Virginie aussi)

Electra 14 mai 2018 - 10 h 51 min

Oui ! Il était difficile de ne pas illustrer ce billet avec cette couleur si particulière

Mingh edwige 14 mai 2018 - 10 h 04 min

Bien tentée puisque déjà notée…, augmenter ma collection de Penguin est prévue en août avec la parution en paperback de « The Western Star » de Craig Johnson !

Electra 14 mai 2018 - 10 h 54 min

A les Penguin, dès que je vois ce logo, je fonce. D’ailleurs, je l’ai déniché chez Record, qui présente ces livres jusqu’au plafond (à plus de 3m) et par tranche ! J’ai déniché ce roman justement à cause de ce petit pingouin orange !

Jerome 14 mai 2018 - 12 h 12 min

Ben oui, à quand une traduction ? Un auteur du sud aussi talentueux mérite qu’on se penche sur son cas !

Electra 14 mai 2018 - 19 h 42 min

Exactement ! J’ai adoré l’esprit si particulier au Sud et je ne comprends pas pourquoi certains livres ne trouvent pas le chemin vers l’Europe …

Marie-Claude 14 mai 2018 - 13 h 47 min

Je me souviens de cet achat et de mon pffff quand tu as mis la main dessus. Encore un que j’aurais voulu en français! À quand la traduction?!

Electra 14 mai 2018 - 19 h 43 min

Bonne question ! Oui, tu te souviens, chez Record ? et je l’ai lu avec plaisir chez toi 🙂

Virginie 14 mai 2018 - 21 h 10 min

Dommage que je ne lise pas en V.O !! J’attendrai la traduction :o)

Electra 14 mai 2018 - 22 h 46 min

Oui ! J’aimerais aussi qu’il en fasse une série car les deux cousins sont des personnages vraiment attachants !

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