Il y a des auteurs qui vous impressionnent ? Moi oui – Faulkner en particulier. C’est en cherchant des lectures pour ma liseuse que j’ai trouvé par hasard un recueil (en anglais) de nouvelles de l’auteur américain. Immédiatement, j’ai été séduite !
William Faulkner a publié ses nouvelles outre-Atlantique en 1931, après avoir publié Sanctuaire. Dans ces treize nouvelles, on y trouve la plus célèbre : Une rose pour Emily. Traduite avec l’autre nouvelle célèbre du roman, Septembre ardent – elles furent publiées en Français l’année suivante. Me voilà donc partie à la découverte de cet auteur et du fameux comté de Yoknapatawpha. D’ailleurs, ceux qui ont lu les romans de Faulkner reconnaîtront certains personnages 🙂
J’ai lu le recueil en anglais et j’ignore si les treize nouvelles correspondent à celles publiées dans le recueil en version française, j’ai un léger doute sur trois d’entre elles (les résumés ne me disent rien). Je vais donc parler uniquement de celles qui m’ont marquées et qui sont apparemment présentes dans les deux versions.
En premier Two Soldiers qui suit l’aventure d’un jeune garçon, inconsolable après le départ de son frère ainé pour la ville où il souhaite rejoindre l’armée. Le garçon décide d’aller le rejoindre en embarquant seul dans le train vers la grande ville. Le garçon est très touchant et j’ai eu l’impression d’être à ses côtés tout au long de son périple.
J’ai été touchée par un autre garçon (décidément!) dans Barn Burning. Son père est métayer et va de propriété en propriété chercher du travail pour nourrir sa famille. Mais lorsqu’il est vexé ou mal rémunéré, l’homme se venge et met le feu. On retrouve dans cette histoire la célèbre famille Snopes (Ab Snopes) à qui Faulkner a dédié une trilogie.
Le Sud profond est également évoqué à travers une partie de chasse, dans Race at Morning, où le narrateur est encore une fois un enfant, orphelin et élevé par Mister Ernest, un notable malentendant passionné de chasse mais malentendant. Le jeune garçon et lui prennent une leçon de vie face à ce cerf que tous cherchent à abattre mais qui semble apparaître par magie, lorsque celui-ci se montre à eux, tout change. Faulkner m’a impressionné en donnant voix à son talent. Ici on peut lire l’anglais oral « du Sud » (« jest » et « no ») :
It was light low no and it was going to be jest fine. he east already yellow for the sun and our breaths smoking in the cold still bright air until the sun would come up and warm it, and a little skim of ice in the ruts, and ever leaf and twig and switch and even the frozen clods frosted over, waiting to sparkle like a rainbow when the sun finally come up and hit them. »
La plus connue est A rose for Emily – sans aucun doute car elle peut choquer le lecteur. On l’interprète souvent comme une allégorie de la décadence, celle du Sud. Le personnage principal est une vieille fille aristocratique de Jefferson, Miss Emily Grierson. Celle-ci a grandi dans une famille respectable mais son père était très rigoureux et lui a refusé un mariage d’amour. Celle-ci refusait tout mariage de raison et les années ont passé. « Vielle fille », la demoiselle a vu son coeur battre à nouveau pour un homme entreprenant et vigoureux (Homer Barron), Nordiste. Mais un jour celui-ci disparaît, tout le monde pense qu’il a quitté Miss Emily et celle-ci refuse tout visiteur. Elle s’enferme et les années passent, jusqu’à son décès et à la terrible découverte.
Faulkner s’amuse aussi avec nos croyances (et le paranormal) dans Beyond où le juge Allison, une figure locale décède et doit faire face à sa vie faite de solitude et à la mort tragique de son jeune fils.
Faulkner aborde sans détour la question raciale, le lynchage dans Dry September ou celle d’une lingère terrorisée dans une propriété du Sud, dans That Evening Sun.
Une seule nouvelle (impossible de la retrouver sur ma Kindle) m’est apparue comme une intruse dans ce recueil. Mais je retiens la découverte d’un immense auteur, j’aime son écriture, où l’oralité tient une place essentielle – on entend l’accent chantant du Sud de chacun des personnages et on sait que dans ces temps, peu de gens savent écrire. Les fantômes et les croyances tiennent aussi une place essentielle dans ce récit.
J’ai adoré ce recueil et M.Faulkner ne m’impressionne plus. Du coup, je me suis précipitée pour acheter tous ses romans ! Un challenge car le caribou tentait de me les piquer avant. Et bonne nouvelle : ce recueil est disponible en français chez Folio.
Mountain Victory/Beyond/Race at Morning/Barn Burning/Two Soldiers/A Rose for Emily/Dry/September/That Evening Sun/Red Leaves/ Lo!
♥♥♥♥♥
Editons Modern Library, format Kindle, 2011, 322 pages
12 commentaires
Un recueil présent à la bibli je pense.
J’ai l’impression d’avoir entendu parler de Miss emily au détour d’une page dans Le bruit et la fureur (roman que je te recommande, bien sûr)
C’est tout à fait possible puisque Faulkner a créé un comté où toutes ses histoires ont lieu … Je vais maintenant m’atteler aux romans !
Il m’impressionne encore alors que j’aimerais sauter le pas et le lire!
Les nouvelles sont un excellent moyen de sauter le pas ! tu verras, certaines comme le petit frère qui rejoint son frère en ville sont très belles !
J’avais gardé un mauvais souvenir de Faulkner, à cause de « Wild Palms », étudié à la fac, qui m’avait semblé pour le moins hermétique.
Malgré cela et toute « l’appréhension » liée à Faulkner, Il y a quelques années, je me suis décidé à réitérer avec « Sanctuaire ». Bonne pioche, cette fois-ci, j’ai vraiment aimé. Pour autant, je conserve toujours un certain complexe d’infériorité vis-à-vis de l’œuvre de Faulkner et malgré l’expérience réussie de « Sanctuaire », je n’ai pas encore osé me re-frotter à lui…
Sanctuaire m’impressionne plus que d’autres pièces de son oeuvre, mais je vois que tu as aimé ! Tu peux retenter avec les nouvelles du coup, et voir s’il te semble toujours autant infranchissable 🙂
Tu en as mis, du temps, à publier ce billet si tentateur!
Et dire que j’ai manqué mon coup et que je n’ai pas réussi à te soudoyer pour me le laisser. C’est partie remise, à moins que je ne le trouve avant!
Il faut que tu les lises – j’ai mis du temps à écrire mon billet aussi donc je me suis dit autant attendre mai pour le publier et beaucoup de gens sont impressionnés par cet auteur!
Je suis surtout contente que tu aies sauté le pas et qu’il ne t’impressionne plus!
Oui ! moi aussi ! J’aurais du m’en douter ….
Un monument ce Faulkner, même si je crois que je lui préfère Steinbeck.
J’adore STEINBECK !
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