Deuxième Festival America pour moi ! Un deuxième beaucoup plus dense car je suis restée les trois jours au complet et parce que le Caribou (hopsouslacouette) était là !
Pour ceux qui ignorent tout du Festival, il se déroule à Vincennes tous les deux ans et toute la ville joue le jeu. Dans un lieu accueillant (et grand comme un mouchoir de poche), vous enchainez les débats/conférences/cafés avec les auteurs nord-américains (et quelques invités des îles proches de l’Amérique). Le choix est toujours douloureux car à la même heure ont lieu plusieurs évènements, et il faut choisir ! Généralement, trois auteurs (et leurs interprètes) sont présents, assistés d’un modérateur. Le thème c’est année était le Canada (francophone et anglophone). Le Caribou était donc un peu chez elle !
Le Salon du Livre est installé en place centrale et les auteurs défilent pour dédicacer leurs romans dans les stands des nombreuses maisons d’édition présentes. Il y a aussi plusieurs stands de magazines littéraires et celui de la célèbre librairie américaine Shakespeare&Co (où j’ai craqué….).
Mon programme était déjà fait – j’avais noté toutes celles qui me tentaient avec des incontournables :
- la conférence sur les nouvelles, mon genre préféré avec la fiction
- la conférence sur le thème de la rédemption, un sujet si pregnant dans les romans américains
Le Caribou m’a suivi le samedi, nos goûts étant très similaires … Entre deux conférences, nous avons couru rencontrer tout un tas d’amies blogueuses (des retrouvailles et des découvertes) – merci ! C’était vraiment super même si c’était quand même pas mal éreintant (le samedi en particulier). J’étais, le caribou également, surprise de voir qu’autant de monde voulait nous voir en vrai 😉 On a mangé des crêpes et bu du cidre (du très moyen et de l’excellent) et beaucoup parlé et peu dormi. Et forcément, on a marché, visité des librairies et acheter des livres.. Ceux qui nous ont suivi sur IG ont pu voir nos achats, je vous fais une petite photo récap’ de mes achats (en omettant ce coup-ci tous les livres rapportés par la Couette du Canada).
◊ LES ECHANGES ◊
Mon souvenir le plus marquant sera sans doute les échanges avec les auteurs – j’ai eu, comme lors de la première édition, la chance de pouvoir discuter seule à seule avec eux, de manière totalement informelle. En réalisant par hasard que la femme qui restait muette au stand Gallmeister à me regarder alors que je « vendais » à un ami le sublime Lonesome Dove n’était autre que Jean Hegland ! Lorsque je l’ai croisée de nouveau au stand Shakespeare&Co, je n’ai pas pu résister – s’en est suivi plusieurs échanges, tout au long du festival, toujours très drôles. Une femme si touchante ! J’ai du coup acheté un autre de ses romans (non traduit). Lors du débat sur la nature et l’homme (sur fond de fin du monde), elle était toute émue d’être à côté de Richard Powers et m’a fait rire en avouant n’avoir pas du tout pensé à la fin de l’homme en écrivant Dans la forêt.
J’ai eu la chance d’échanger longuement avec Michael Farris Smith – il était seul au stand. Nous avons parlé de son processus d’écriture, de Mabel, son personnage fétiche, de l’image de cette femme seule sur cette route avec son enfant, du travail de sa femme (pas très éloigné du mien), bref un homme formidable et touchant et qui participait au débat sur la rédemption. Et en aparté, il portait les boots les plus cools !
J’ai eu la chance de papoter avec Dan Chaon grâce au Caribou et d’apprendre qu’il regrettait d’avoir acheté des chaussures en Italie, et qu’il est arrivé à Vincennes avec de terribles ampoules au pied ! Un homme d’une grande douceur, et plein de charme. Et que dire du facétieux Christian Kiefer ? Qui le samedi matin nous racontait son étrange combat avec une machine à laver le linge (il a lavé deux fois de suite son linge…) pour m’offrir un superbe dessin de loup sur mon carnet l’après-midi et me parler des deux pénis qu’il avait vu depuis son arrivée à Paris ! Oui, vous lisez bien…
Mon sourire lorsque Kevin Hardcastle m’a reconnue – il a gentiment publié sur son blog mon billet ! Lorsque je lui ai avoué qui j’étais, il s’est levé et m’a serré la main (la Couette rigolait). Et puis forcément, il y a eu la rencontre avec D.W Wilson, le Caribou voulait absolument le rencontrer et nous avions noté trois conférences mais le hasard a bien fait les choses : nous l’avons croisé dès le vendredi au salon du Livre, du coup on s’est présenté (lui et sa veste Pac-Man) et ce fut très amusant ! Nous sommes allées le voir en conférence le vendredi même et il nous a fait un clin d’oeil, s’amusant comme nous de l’imagination débordante de Michael Winter et de l’intelligence de Nancy Lee (revue aussi par hasard le samedi). Et le samedi, nous sommes allées le voir à nouveau à la crypte et en arrivant (avec Dan Chaon), il nous a reconnu et les deux auteurs nous ont sorti de la queue pour nous entrainer avec eux !
Je n’oublie pas mon déjeuner avec Antonin Varenne (merci à Albin Michel), j’ai un peu monopolisé la scène – ayant lu tous ses livres (la seule dans ce cas je crois), j’étais de surcroît assise à ses côtés – il est tel que je l’imaginais, simple, direct, brut de pomme ! Un excellent moment qui reste personnel. Enfin, la Couette avait apporté 33 tours, le dernier roman de David Chariandy mais malheureusement elle n’a pas pu le faire dédicacer. J’avais lu quelques pages en l’attendant et beaucoup aimé. Du coup, quand je l’ai vu au salon du Livre le dimanche, j’ai sauté le pas. Il est charmant et m’a posé plein de questions (oui!) et du coup, j’ai acheté son livre !
Enfin, une touche personnelle, mon immense plaisir de retrouver Gyasi Ross, un auteur, activiste, rappeur Blackfeet (Indien des plaines) m’a reconnu deux ans plus tard ! Il m’a pris dans ses bras (un géant) et nous avons échangé quelques mots. Un homme qui vous marque. Je dois aussi parler de la magnifique expo sur Standing Rock qui rend hommage au combat mené par plus de deux cent tribus américaines contre la construction d’un oléoduc sur la réserve du même nom.
J’ai aussi échangé donc avec Nancy Lee (en allant acheter son recueil, nous sommes tombées sur elle) et Nathan Lee (je jouais à la traductrice..), j’ai fait ma groupie (de loin) en regardant Colson Whitehead arriver tout seul le matin au Festival.
◊ LES RENCONTRES ◊
ETRE ECRIVAIN AU CANADA
Nous sommes allées assister à la conférence de D.W Wilson, avec Nancy Lee et Michael Winter. La rencontre avait lieu à l’hôtel de ville, bondé car John Irving y était. Les auteurs étaient surpris et ravis que nous ayons préféré leur présence ! La rencontre était vraiment drôle, car Michael Winter est un conteur né ! Il nous a parlé de son père, un Anglais parti vivre ses rêves de cowboy pour finir à Terre-Neuve comme pêcheur. J’ai été aussi séduite par Nancy Lee et j’ai compris que j’avais acheté (d’occasion, merci la BM) son premier recueil de nouvelles.
DE LA NATURE ET DES HOMMES
Nous sommes allées voir Richard Powers, Claire Waye-Watkins et Jean Hegland échanger autour du thème de la nature et des hommes (avec la fin du monde en tête) mais la chaleur de l’auditorium et le peu d’échanges vifs ont eu raison de moi, j’ai du lutter (le Caribou également, ainsi qu’Eva apparemment) – Richard Powers a une merveilleuse voix mais ce jour-là fut ardu (le lendemain je l’ai de nouveau écouté avec plaisir). Jean Hegland était plus concise et drôle lorsqu’elle a dit qu’en écrivant Dans la forêt, elle n’a jamais pensé à la fin du monde ..
LA VIE DANS TOUS SES ETATS
Nous avons ensuite filé à la crypte où faisions la queue pour voir une conférence consacrée à notre genre préféré : la nouvelle. Lorsque D.W Wilson et Dan Chaon sont arrivés, ils nous ont reconnu et nous ont sorti de la queue pour nous entrainer avec eux, Dave me présentant comme sa plus grande fan ! On était très émues ! John Vigna était là, j’ai adoré son recueil (il est marié à Nancy Lee et était présent la veille à l’hôtel de ville) mais j’étais trop intimidée. Et là, une fois tous installé, nous avons réalisé que la médiateur n’était pas là. Dan Chaon a proposé de commencer la soirée sans lui et j’ai pris la parole, posant la première question maladroitement en anglais. Ce fut très amusant – les auteurs sa taquinant entre eux. Le médiateur, essoufflé et blessé est arrivé avec un bon quart d’heure de retard. La soirée était passionnante mais bien trop courte ! J’ai noté tous les échanges (mon côté fan)…
TOURS ET DETOURS DE L’HISTOIRE
Le dimanche, j’ai filé au CC Pompidou écouter Yaa Gasi (Homegoing), Richard Powers et Guy Vanderhaeghe discuté du roman « historique » même si la définition française ne désigne pas les romans de ces auteurs – tous ont abordé des évènements historiques importants (Powers les deux premières guerres mondiales et la guerre froide, Yaa Gasi l’esclavage…) Qu’en est-il du lien entre la réalité et la fiction ? La scène, animée par Francis Geffard, était excellente et évidemment la présidence actuelle américaine s’est invitée sur le plateau. Comment reproduire une vérité historique ? Est-ce possible ? Où se trouve la part de la fiction ? Yaa Gasi est aussi passionnante et m’a donné (enfin) envie de lire son livre. J’ai noté tous leurs échanges.
RACHETER SES FAUTES
J’ai enchainé avec une conférence qui me tentait vraiment, celle sur la fameuse rédemption avec Michael Farris Smith, Kevin Hardcastle et Baird Harper (dont j’avais le livre à l’hôtel) – un sujet, la rédemption, qui me passionne et trois auteurs dont j’ai adoré les livres ! Animée par Francis Geffard, la conférence a été passionnante, du coup j’ai tout noté à nouveau. Tous aiment les laissés pour compte, et les exclus. Les « trois barbus » (comme l’a noté Francis Geffard) ont beaucoup de points communs et l’un d’eux m’a touché en me disant qu’il souhaitait que le lecteur soit aussi touché par « le méchant » de l’histoire (ce qui fut le cas avec Russell, le héros de Nulle part sur terre ou Harper dans Demain sans toi) – Kevin a ainsi raconté comment il avait adressé le premier jet de son roman à un ami écrivain qui avait détesté son personnage principal en lui reprochant de ne jamais penser aux conséquences de son acte (du coup, il a introduit un personnage qui lui fait prendre conscience de cela).
LA PAROLE AUX EXCLUS
J’ai terminé le Festival en allant assister à la dernière scène Canada, avec Naomi Fontaine, John Vigna (adorable!) et David Chariandy. Un très joli moment d’échanges, intime, et tous très éloquents. Naomi Fontaine est telle que je l’imaginais dans son livre (Manikanetish) – elle a en d’ailleurs beaucoup parlé lors de la conférence et John Vigna s’est confié sur l’existence fragile et la fin terrible de son jeune frère. J’ai à nouveau noté tous les échanges que j’ai hâte de montrer au Caribou lors de on prochain voyage au Québec.
* * *
Le Festival America était une nouvelle fois, passionnant, foisonnant et intense ! Un nombre incalculable de rencontres et toutes ces possibilités de parler directement aux auteurs. Je sais que j’ai de la chance de pouvoir m’exprimer en anglais ce qui facilite les rencontres impromptues. Ravie de tous ces bons moments, merci à tous et à toutes et surtout aux organisateurs du Festival ! Je reviens dans deux ans, c’est certain !
22 commentaires
Ohhhhh ! quel formidable week-end ! Merci de tout nous raconter ! ça doit être vraiment chouette de pouvoir s’exprimer si facilement en anglais pour rencontrer ces auteurs ! et que du beau monde ;o) J’espère que je pourrais être là dans deux ans !
J’espère te rencontrer là-bas ! Oui, je sais que je suis chanceuse de pouvoir m’exprimer en anglais (même si mon niveau a un peu baissé mais vu que je viens d’enchainer quatre jours à parler uniquement anglais ça va mieux)
ce fut très excitant de les rencontrer !
Va falloir décanter tout çà ! Dommage que Vincennes soit si loin… Mais, j’ai l’impression d’y avoir été. Merci pour toutes ces news et ces nouvelles envies de lecture. Pour prolonger l’ambiance, je lis Laura Kasischke « Si un inconnu vous aborde ». Bonnes vacances.
merci ! les vacances continuent, plus calmement – j’en avais besoin. Je n’ai jamais lu Kasischke (j’avais commencé l’un de ses romans puis abandonné), j’ignore si elle faite « pour moi »
Quel beau Festival. Passionnant. Je n’y étais qu’une journée et ce fut dense.
( Sinon, AUTRE région du monde, je viens de récupérer Le chant de mon père suite à ton billet :))
Oh super ! Oui, un très beau festival – même une journée vaut le coup, n’est-ce pas ? je finis mes vacances tranquillement …
J’y étais le dimanche, pareil, F Geffard est vraiment excellent comme médiateur/animateur. Je suis fan de Powers je l’ai quasiment suivi de débat en débat, sans fatiguer, avec russo aussi l’après midi, c’était chouette. Parlé un peu avec Yaa Gyasi au salon (oui, lis son livre) et Nathan Hill (super sympa). Trop court, il faut bien deux jours au moins!
Oui, je suis ravie d’avoir été là les trois jours vu qu’ils proposent maintenant des rencontres le vendredi également et que les auteurs arrivent et sont encore très dispos. Powers est vraiment à part, je l’ai au final vu deux fois – il fallait aussi écouter les autres ! mais il avait tous ses fans …
C’était magique, vraiment! Vivement dans deux ans.
Oui ! et cette fois-ci, tu resteras le dimanche également !
Merci pour ton retour sur les conférences !
Et oui, tout le monde voulait te voir en vrai 😀
Un plaisir de t’avoir rencontrée !
Un plaisir aussi de t’avoir rencontrée ! Oui, les gens devaient imaginer une Cendrillon toute sale .. LOL
Oh lala, quelle chance ! J’aurais voulu venir mais bon, question logistique c’était compliqué. Et je ne parle pas assez bien anglais pour pouvoir tenir une discussion avec un auteur ! Mais j’aurais aussi voulu voir vos bouilles en vrai, à toi, Marie-Claude, Fanny et plein d’autres …
Merci ! Nos bouilles étaient là et maintenant pas mal de gens les connaissent ! Ce fut magique, j’ai joué à la traductrice du coup pour plusieurs blogueuses et puis on est tous meilleurs en anglais qu’on ne le croit !
c’était tellement bien !! le samedi, j’ai pu faire tout ce que j’avais prévu, mais qu’est-ce que j’ai couru ! j’ai pu bien discuter avec les auteurs, mais j’aurais bien aimé avoir plus de temps avec les copines, je n’ai vu la plupart qu’en coup de vent! heureusement que nous avions le déj avec Antonin Varenne en commun puis la conf soporifique pour passer un peu de temps ensemble !
Oui, ce fut la course surtout le samedi ! J’ai mieux apprécié le dimanche plus calme ! Il faudra remettre ça 🙂
Tu as mieux apprécié le dimanche? C’est parce que je n’étais plus là?!
MDR mais non, tu n’as pas lu ma précédente réponse à ton commentaire ! J’ai juste apprécié le fait que c’était plus calme et les conférences .. tu me fais trop rire !
J’ai tellement honte. Je mourais d’envie d’aller au festival, mais ce week-end-là, j’étais complètement rincée, et j’avoue que mon programme c’était plutôt « couch potato ».
Espérons que dans deux ans je me sorte enfin les doigts des fesses !
MDR ! Pas grave, j’ai loupé aussi des soirées sur Nantes parce que je préférais être tranquille mais si dans deux ans tu es partante on pourra s’y retrouver !
Whaouh quel programme !! C’est top que tu aies pu autant en profiter, et vivre des moments privilégiés 🙂 Je n’ai malheureusement pas pu te croiser 🙁 J’y étais un peu en coup de vent le samedi après-midi, mais cela reste encore une fois une belle expérience ! Un très bon festival 🙂
Oui, on aurait pu se voir mais mon agenda était super chargé surtout le samedi – à la prochaine édition, j’espère ! Toi aussi, tu as apparemment réussi à transformer ce court essai en réussite 🙂
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