American Fire : Love, Arson and Life in a vanishing land – (l’amour, les feux criminels et la vie dans une terre en cours de disparition) Nouvelle lecture dans le cadre du challenge Non Fiction in November. Si l’histoire m’intéressait, je dois aussi admettre que la couverture de ce livre me tentait trop ! Quand il est arrivé à la maison, je n’ai pas pu résister et je l’ai lu en une journée.
Mon chien à la clinique, mon chat qui faisait une pause entre deux parties de jeu, ce livre m’attendait. Monica Hesse est une jeune journaliste du Washington Post qui a souhaité découvrir l’histoire qui se cachait derrière ce fait divers : l’arrestation d’un couple pour avoir mis le feu à une petite ville, Accomac (Virginie) et les chiffre sont effrayants : plus de 86 incendies criminels en moins de six mois. La journaliste s’est installée sur place et a rencontré tous les intervenants concernés de près ou de loin par ces incendies.
Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à mettre le feu ? Et encore plus autant de fois ? L’histoire se passe dans ce comté, un peu oublié de tous, entre la mer et la terre. Un comté autrefois l’un des plus riches d’Amérique, on y faisait pousser les seules pommes de terre d’Amérique puis les années 30 sont arrivées, la production s’est multipliée, déplacée et le comté a perdu de son aura. Seule son immense station balnéaire demeure, vestige de ces années dorées, où les stars venaient y chanter et s’y reposer. On y vit aujourd’hui assez modestement, les usines ont fermé dans les années 80 et la plupart des gens n’ont pas fait de longues études. On partait travailler à la ferme ou à l’usine après le bal de fin d’année. Tout le monde se connaît. Les temps sont durs mais on se soutient. Tous les pompiers sont bénévoles. Alors quand le premier feu se déclare ce soir-là, ce sont des ouvriers, des charpentiers ou des médecins qui répondent à l’appel mais à peine ont-il fini d’éteindre l’incendie qu’un autre se déclare dans une autre partie de la ville, puis un troisième.
Il faut dire que la crise a laissé pas mal de gens sur le carreau, et le comté compte de nombreuses maisons abandonnées ou d’usines fermées, les lieux vides ne manquent pas. Mais si un feu peut se déclencher, trois la même nuit suscitent l’attention. A peinte ont-ils récupéré d’une nuit entière à lutter contre les incendies, que les pompiers doivent dès la nuit suivante repartir éteindre un autre feu. Pas d’accélérant, ils sont allumés à l’ancienne – allumette ou briquet. Le feu met parfois du temps à se propager. Les appels au 911 deviennent quotidien et la psychose s’empare bientôt des habitants, leur garage ou leur grange prennent feu. Une fois, c’est l’appentis collé à la maison où se trouvent trois enfants qui prend feu alors que le père s’est absenté une heure. Plus de doute, quelqu’un s’en prend à cette petite ville.
Les médias nationaux viennent s’installer et filmer ces lieux, la police locale, surchargée, se voit bientôt aider par la police d’Etat, puis le FBI et trois spécialistes en pyromanie viennent les aider à dresser le profil du pyromane. Qui peut-il être ? Chaque spécialiste dresse un portrait, l’un d’eux sera particulièrement pertinent mais pas suffisamment pour procéder à une arrestation. Pourtant, le shérif le sait : le pyromane se déplace en voiture, quelqu’un l’a sûrement vu mais n’a pas fait le lien entre la personne et l’incendie. La police décide d’installer des caméras cachées dans les lieux abandonnés et des équipes, en tenue de camouflage, passent des nuits entières à surveiller certains bâtiments. Mais rien n’y fait et les habitants finissent eux-même par créer leur propre milice. Les rumeurs vont bon train dans le comté d’Accomack (le comté a un « k », pas la ville), en Virginie.
La journaliste a su parfaitement transcrire la fatigue des pompiers, la psychose des habitants, la folie des médias – ces mois de terreur et en parallèle, l’histoire de deux de ses habitants, leur enfance, leur jeunesse et leur vie adulte. Elle se penche également sur le profil général des pyromanes – terme inventé par un François de surcroît qui fut le premier à mettre un nom sur cette étrange maladie qui consiste à ressentir du plaisir en allumant un feu.
Il n’y pas de mystère, on sait dès le départ qui sont les criminels mais le portrait de cette Amérique, le portrait de ce couple sont passionnants et j’ai donc lu le livre en une journée. Monica Hesse signe ici son premier livre, il n’est pas exempt de certains défauts mais je l’ai quand même trouvé très bien détaillé et elle laisse suffisamment d’informations au lecteur pour se forger sa propre opinion.
Un portrait d’une Amérique où tout semblait possible, mais où tout finit en cendres.
♥♥♥♥♥
Editions Liveright, 2018 , 272 pages
10 commentaires
J’aime la non fiction, et là, tu as mis la main sur des pépites!
Oui, j’ai eu de la chance ! J’ai envie d’en lire beaucoup plus du coup
Intéressant. Je lis trop peu de non fiction. Espérons que ce livre soit traduit un jour…
Espérons – j’en lisais aussi beaucoup moins avant et puis j’ai découvert cette forme, que je préfère aux essais trop académiques pour moi – et là je m’y trouve très bien ! celui de demain est traduit 😉
J’espère, une fois encore, une traduction. Ça commence à me frustrer de venir ici… Trop de tentations, et moi qui ne lis pas en anglais.
tu vas finir par t’y mettre ! Oui, une traduction ça serait bien ! bon je suis certaine que le prochain sera traduit prochainement – et après j’ai lu en français 😉
j’adore ces pépites VO que tu nous déniches! encore une fois, celui-ci me tente beaucoup !
Merci ! Oui, il y a tellement à lire – j’espère que des éditeurs français seront tentés également !
Outch.. je le veux lui… croisons les doigts pour une traduction 😁
Oui, croisons-les doigts ! Une histoire vraiment étrange, il te plairait !
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