En le voyant disponible à la BM, j’ai décidé de sauter le pas et le lire. J’étais curieuse de découvrir qui se cache derrière la très discrète Isabelle Carré. Une jolie lecture (et française!) pour finir l’année.
En grande partie autobiographique, Isabelle Carré, l’actrice à l’image très sage du cinéma français, dévoile une enfance très particulière et très loin de l’image classique que l’on a d’elle. Rien que la décoration de l’appartement où elle grandit avec ses parents et frères et soeurs suffit à me choquer ! Des couleurs criardes sur tous les murs, des bibelots partout, des tapis, bref le tout très chargé. Mais revenons à l’histoire…
Les rêveurs, ceux sont ses parents. Deux personnes au parcours très différent qui se croisent un jour, et le père d’Isabelle, fantasque et libertaire, d’épouser cette jeune fille-mère, rejetée par sa famille de la grande bourgeoisie. Il adopte le petit garçon et les embarque dans sa vie de bohème. L’argent manque souvent, mais l’appartement (vive les années 70) ne coûte rien et peut survivre aux mésaventures financières du père et à la mélancolie de la mère d’Isabelle. Une femme qui traverse de longues périodes de dépression (de la tristesse selon la petite Isabelle). Quand nos parents sont de grands enfants, le résultat est parfois un sentiment de solitude, et Isabelle semble malheureusement très seule en grandissant. J’étais étonnée de lire qu’elle vivait seule alors qu’elle n’était que collégienne ! Mais elle garde néanmoins de joyeux souvenirs de ses premières années, de ses premiers pas dans l’immense propriété de ses grands-parents maternels, de ses deux frères. Et elle dresse un très joli portait de ses parents.
On devrait trouver des moyens pour empêcher qu’un parfum s’épuise, demander un engagement au vendeur – certifiez-moi qu’il sera sur les rayons pour cinquante ou soixante ans, sinon retirez-le tout de suite. Faites-le pour moi et pour tous ceux qui, grâce à un flacon acheté dans un grand magasin, retrouvent l’odeur de leur mère, d’une maison, d’une époque bénie de leur vie, d’un premier amour ou, plus précieuse encore, quasi inaccessible, l’odeur de leur enfance…
Les années passent et le théâtre lui ouvre une toute autre perspective. Pour ses parents, l’âge adulte arrive – sur le tard, avec des prises de conscience. La séparation, et puis la révélation. Celle d’une autre sexualité d’un côté, et de l’autre du premier amour toujours aussi vivant. Très étonnant ce mariage à la fin où tout ce petit monde se retrouve ! Si Isabelle s’amuse à s’imaginer une partie de la vie de sa mère et cette fameuse missive, moi j’ai beaucoup pensé à ce frère ainé qui voit soudainement sa famille se recréer. Une jolie écriture. Les rêveurs retraduisent bien l’image que j’ai d’Isabelle. Un très joli portrait, lisez-le si vous en avez l’occasion !
♥♥♥
Editions Grasset, 2018, 304 pages
8 commentaires
je te rejoins pour celui-ci, un agréable moment de lecture!
Oui ! Une histoire qui touche , à conseiller pour ceux qui cherchent de la douceur !
Je suis un peu passée à côté, je n’en garde aucun souvenir…
pas grave ! ça vient de m’arriver avec une BD, impossible d’écrire un mot sur elle alors que je l’ai lue il y a moins de deux semaines !
malgré son succès et beaucoup d’échos positifs, je n’ai pas été tentée par ce roman…mais c’est rare de trouver un livre français sur ton blog, et ce que tu en dis est convaincant !
merci ! oui, je crois que cette année les romans français n’ont pas fait le chemin mon blog, sauf pour Julia Kerninon que j’adore !
et surprise que tu ne l’aies pas lu car je pense vraiment qu’il te plairait ! tu me surprends, mais 2019 vient tout juste de commencer !
J’en ai beaucoup entendu parler à sa sortie, j’ai eu très envie de le lire, et je n’ai finalement pas eu l’occasion de le faire.
Comme toi il faudrait sans doute que je le trouve en bibliothèque pour que je me décide à l’ouvrir !
Oui, il y a beaucoup de romans français où je fais exactement comme toi, du coup j’aime bien la bibli, je l’ai plus tard mais parfois c’est agréable car du coup on n’a pas toute la presse autour 😉
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