The optimist’s daughter · Eudora Welty (La fille de l’optimiste)

par Electra
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Ce roman a apporté le Prix Pulitzer à son auteur, Eudora Welty – un écrivain majeur du Sud, souvent comparée à William Faulkner. Célèbre pour ses nouvelles (dont j’ai acheté l’anthologie), Eudora Welty, née au Mississippi en 1909 et décédée en 2001 a publié ses premiers écrit dès les années 40 avant de connaître la consécration beaucoup plus tard (en 1973 pour ce Prix).  J’étais donc curieuse de lire ce court roman ….

Avant tout, il a été publié en français en 2015 aux éditions Cambourakis – comme le premier roman que j’ai lu d’elle, Le Brigand bien-aimé, une lecture très éloignée de ses autres écrits donc revenons au sujet.

Laurel est graphiste à Chicago. Lorsqu’elle est apprend que son père, l’ancien juge McKelva doit subir une opération délicate de l’oeil. Laurel n’hésite pas et saute dans le premier avion pour rentrer dans la petite ville de Mount Salus, où elle a grandi. Son père est la figure proéminente locale : ancien juge, ancien Maire, l’homme jouit d’une solide réputation et tout le monde le respecte. Il a même défendu avant les autres la cause des Afro-américains. A son retour, Laurel retrouve la chaleur du Sud, la gentillesse de ses habitants, les jardins bien entretenus mais également son passé : la maison qui lui rappelle tant sa mère, décédée il y a dix ans, sa passion pour le jardinage.

Mais les choses ont changé car son père, sur un coup de tête, s’est remarié l’an passé avec l’exubérante Fay, de trente ans sa cadette. Laurel a tout juste assisté au mariage de son père et de la mystérieuse Fay, originaire du Texas, qui dit ne plus avoir de famille. La jeune femme ne supporte pas la présence de Laurel (elles ont le même âge) et se plaint continuellement. Ainsi, elle est contre l’opération que doit subir son époux mais celui-ci a déjà tout décidé. Le vieil homme est opéré et le réveil se passe mal, aussi les deux femmes se succèdent-elles au chevet du juge.

Lorsque les choses s’aggravent, Fay crie son désespoir. Caractérielle, égocentrique, infantile, Fay cumule tous les défauts. Lorsque tous les amis et proches du juge se rassemblent, ils découvrent un autre visage de Fay lorsqu’un évènement inattendu se produit…

Alors que Laurel est submergée par les sentiments et les souvenirs de son enfance, un conflit sourd s’installe entre elle et Fay et rien ne semble pouvoir les rapprocher.

Que dire ? Le roman est court, et lorsqu’on connaît le Sud, on entend l’accent légèrement trainant et chantant à chaque dialogue, les expressions du Sud apportent également ce doux parfum de jasmin, ne manque plus qu’un verre de limonade et me voilà de retour là-bas ! Eudora Welty a le don de vous y transporter et de traduire parfaitement la société bourgeoise qui y habite. Le juge était un homme respecté et ses amis, tous des gens aisés. S’ils font preuve de la légendaire politesse du Sud et de leurs bonnes manières (pour ceux qui ne le savent pas, le Sud est connu pour éduquer les enfants avec de très bonnes manières et leur talent pour recevoir leurs hôtes).

Mais Eudora Welty montre aussi ce qui se passe derrière ces sourires empruntés : tout le monde a une opinion, en particulier sur Fay, et les langues se lâchent. Fay, de son côté, est parfaitement insupportable, mais a le mérite (elle le dit à voix haute) de dire tout haut ce qu’elle pense – l’hypocrisie, le mal américain ne passe pas par elle. Laurel est tout en retrait, elle ne critique pas sa belle-mère et tente de gérer le tout le plus calmement possible, alors qu’elle est assaillie par des sentiments contradictoires. En quittant le Sud, après la mort de son époux à la guerre, elle s’est émancipée. Elle a obtenu un poste. Welty montre l’image du Sud comme si trente ans séparaient le reste des USA de cette région où les femmes ne travaillent pas, jardinent et prennent le thé ensemble.

J’avoue que cette lecture m’a paru cependant un peu longuette et j’étais même peu emballée au départ – Laurel est gentille mais passive et Fay, une tête à claques. A ce moment-là, je ne voyais pas le portrait que l’auteure dessinait de son pays – je n’arrivais pas à aller au-delà de l’histoire de ces deux femmes. Welty est souvent comparée à Faulkner. Mais fort heureusement, les choses ont changé à la fin. Là, j’ai trouvé que le rythme changeait, que le personnage de Laurel était nettement différent et que son introspection était fascinante. J’ai vraiment aimé ces dernières pages.

Memory returned like spring, Laurel thought. Memory had the character of spring. In some cases, it was the old wood that did the blooming.

Reste que le début du roman m’a laissé sur ma fin, en réfléchissant, je me dis qu’il vaut peut-être la peine d’être relu – j’ai peut-être manqué quelque chose. Cette lecture coïncidait avec mon retour au travail et j’avais l’esprit bien occupé. Ce roman a en effet reçu le Prix Pulitzer et a toujours de très bonnes critiques, même aujourd’hui, plus de quarante ans après sa parution. Comme je le disais, j’ai bien senti que le Sud était un monde à part et Laurel est le symbole de cette fracture mais je n’ai pas réussi à prendre le recul dans la première partie, sans doute agacée par le personnage de Fay.

But the guilt of outliving those you love is justly to be borne, she thought. Outliving is something we do to them. The fantasies of dying could be no stranger than the fantasies of living. Surviving is perhaps the strangest fantasy of them all.

J’ai acheté récemment le recueil complet des nouvelles d’Eudora Welty – celles-ci ont reçu d’excellentes critiques, j’espère avoir une sorte de révélation car ces deux premières lectures m’ont laissé quelque peu sur ma faim. Mais si vous ne connaissez pas le Sud, je vous conseille vivement cette lecture car elle dépeint avec justesse ce petit monde du quand-dira-t-on !

♥♥(♥)

PS : je ne trouve plus mon édition ! du coup, voici l’édition française :

Editions Cambourakis, Trad. Louise Servicen, 2015, 184 pages

 

Et pourquoi pas

4 commentaires

Mingh edwige 30 janvier 2019 - 14 h 46 min

Tu rappelles justement l’existence d’Eudora Welty un peu oubliée face à des poids lourds comme Faulkner ou Goyen (que je préfère et aime depuis longtemps). Du coup, j’ai bien envie de la lire !

Electra 30 janvier 2019 - 18 h 55 min

Oui, on a tendance à l’oublier pourtant le Sud c’est aussi elle ! Même si elle me ne m’a pas encore totalement convaincue, mais je garde son recueil de nouvelles – elle n’est pas devenue célèbre par hasard 😉

Marie-Claude 31 janvier 2019 - 5 h 24 min

Voilà qui ne m’inspire pas trop… Je préfère poursuivre dans ma découverte de l’oeuvre de Faulkner!
En voyant rapidement la couverture, je pensais que c’était « Le coeur est un chasseur solitaire ». C’est la même!!!

Electra 31 janvier 2019 - 20 h 12 min

oui tu as raison, je me disais que la couverture m’était familière mais je ne savais plus d’où ça venait .. Pour Faulkner, je dois aussi continuer mais Welty est une sérieuse référence – du coup, j’espère trouver des pépites dans ses nouvelles

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