Il y a des livres qui vous obsèdent et qui ne cessent de réapparaître .. Beartown en faisait partie. J’ai eu de la chance de la trouver dans ma bibliothèque municipale. J’imaginais une histoire, j’en ai eu une autre, beaucoup plus profonde et troublante.
Certains croient que la petite ville de Beartown, noyée dans la forêt, est perdue. Les bois semblent l’envahir peu à peu et les emplois du bois ont quitté la région. Mais au milieu, près du lac, se trouve l’objet le plus précieux de la ville, construit il y a déjà huit générations par ceux qui ont fondé la ville : la patinoire. Cette patinoire est ce qui donne envie de croire aux beaux lendemains à la population locale. Leur équipe junior d’hockey sur glace va prochainement jouer en demi-finale et ses chances sont bonnes. Tous les espoirs et les rêves de cette ville reposent sur les épaules d’une équipe d’adolescents.
Je viens de traduire la présentation du roman et déjà je replonge dans le livre : comment une telle pression peut-elle naître et grandir sur des gamins ? Un poids énorme qui va provoquer un drame au lendemain du match. Ce drame va plonger la petite ville dans le chaos. Et comme le dit l’éditeur, les accusations vont rebondir, comme le palet, renvoyé dans tous les sens par les frappes des crosses, et vont venir heurter chaque habitant.
Frederik Backman est un auteur suédois, pourtant j’ai cru tout au long de ma lecture qu’il était Américain. Il réussit un exploit extraordinaire : traduire en moins de cinq cents pages la tension accumulée au fil du temps qui pèse sur des gamins et l’explosion de haine et de peur qui envahit la ville après le drame. Comment les ragots, les rumeurs, rampent et viennent gangréner la ville. Je ne veux pas trop en dire sur le drame, sinon qu’un des joueurs va faire une bêtise et qu’il s’agit du meilleur joueur, remettant en cause sa participation au match suivant.
Les personnages sont soignés, réalistes et profonds. L’entraineur de l’équipe, qu’on souhaite mettre à la retraite pour passer son assistant au premier plan, le sélectionneur, de retour dans sa ville natale après une carrière internationale de joueur de hockey (interrompue trop tôt par une blessure), son épouse, qui n’a jamais vécu dans une petite ville et puis les joueurs, les ados et les pré-ados qui rêvent de gloire et de reconnaissance. Mais il y a aussi la patronne du bar, la mère syrienne de l’un des garçons…Toute une ville qui vibre à chaque but marqué et rêve de voir son nom hisser en haut des journaux sportifs.
Enfin, il y a celle qui porte ce secret, et tout le courage qu’il faut à un individu pour aller à contre courant. Pour oser, tout simplement. Certains y arriveront, d’autres pas. Certains actes me hantent encore, quand on a douze ans ou dix-sept ans. Et puis cette vie au fond des bois, oubliés de tous. L’histoire de cette petite ville des bois où Backman a créé un monde entier.
Magnifique, sublime, unique, d’une puissance rare, les mots me manquent. L’écriture est maîtrisée, exigeante, foisonnante. Je comprends mieux son classement sur certains sites. Ses précédents romans ont été traduits en français dont Vieux, râleur et suicidaire aux Presses de la Cité et en Poche – je vais évidemment les lire même si j’avoue que le sujet de Beartown est mon préféré.
J’espère qu’ils vont rapidement le traduire (il date de 2017) car il mérite vraiment le détour !
♥♥♥♥♥
Editions Atria Books, 2017, 432 pages
8 commentaires
Sapristi… Vivement une traduction!
Oui ! je pense que ça va le faire car il a eu un énorme succès à sa sortie et il est Suédois !
Je ne connaissais pas du tout cet auteur… et vu le titre de ses romans les plus populaires, je ne suis pas étonné de ne pas y avoir porté attention.
En revanche, ce Beartown a de fortes chances de me faire changer d’avis… d’autant que, je suppose que tu as vu, il y a une « suite » : « Us against you ».
Oui, en fait j’ignorais tout de ses autres livres mais le sujet de celui-ci m’a tenté et il est vraiment très bien écrit ! et non j’ignorais tout d’une suite, je viens de lire les avis, on retrouve les mêmes personnages et à nouveau les critiques très positives, du coup merci pour l’information ! Le livre se lit tout seul par contre.
Oh mais ça fait envie dis donc ! D’autant que tu en parles très bien. Je ne connaissais pas du tout cet auteur ni ce livre mais je vais essayer de me le procurer. Merci pour la découverte !
De rien ! Il a écrit une suite mais il se lit très bien sans – il est vraiment à part 🙂
Comme Marie-Claude, je trépigne d’impatience pour la traduction! ton billet est très alléchant…
de retour, je retrouve mon blog – oui, je ne vois pas comment il pourrait échapper à une traduction. Il possède une très belle écriture.
Les commentaires sont fermés