J’avais beaucoup aimé le précédent roman de Porter, La douleur porte un costume de plumes . Il m’avait touché droit au coeur pour des raisons personnelles. J’étais donc très curieuse de le retrouver et partir à la rencontre de son héros, Lanny …
Lanny est un petit garçon, un enfant dans un monde d’adultes. Ces adultes, ce sont ses parents et bientôt Pete, son professeur d’arts plastiques qui l’entourent et l’aiment. Ils se confient sur leur relation avec Lanny dans ce roman choral qui penche souvent vers le conte ou la fable.
Nous sommes à environ cent kilomètres de Londres dans un petit anglais typique : son pub, son église, ses cottages en brique rouge et ses belles maisons bourgeoises. Ce village appartient à ses habitants, ceux qui y vivent aujourd’hui et ceux qui l’habitaient il y plus de cent ans. Mais il appartient surtout à Papa Toothwort (Père Lathrée Morte en vf), une légende locale que les enfants s’amusent à dessiner tout vert et le corps recouvert de feuilles, la bouche remplie de tiges vertes. Et Papa Toothwort est là, partout et nulle part. Il s’est soudainement pris d’intérêt pour ce petit garçon espiègle, Lanny, qui vient tout juste d’emménager….
J’avoue, j’ai eu un énorme doute en lisant les premières pages puis la magie a opéré. L’auteur britannique sait parfaitement où nous emmener. Si les propos décousus (les échanges des habitants) de Toothwort peuvent vous interroger, ils sont le reflet de la société : les rumeurs, les mensonges, les conclusions trop hâtives. Lanny a une telle imagination, un esprit créatif qui interroge ses parents. Son père qui fait tous les jours le trajet entre Londres et son chez soi, se pose des questions sur son fils. Son fils est-il normal ? Sa mère croit avoir trouvé un moyen pour Lanny d’exprimer tout ce qui l’obsède en persuadant un artiste local, Pete, un homme bourru et solitaire, de le prendre sous son aile. Il hésite puis accepte de donner des cours d’arts plastiques et s’étonne très vite d’avoir trouvé un ami en ce gamin malicieux à l’imagination débordante. Tous les deux adorent se retrouver et regarder le monde à travers un kaléidoscope. Un regard que son père ne possède pas et jalouse. Et puis…
Je ne veux pas raconter toute l’histoire mais Max Porter révèle alors l’invisible. Mais il y a toujours de la magie chez l’auteur et c’est ce qui permet de contrebalancer cette soudaine tristesse et inquiétude qui s’emparent de nous. La fin est magnifique. Magique ?
Je l’ai lu en anglais, il paraît en français aux éditions du Seuil aujourd’hui. Vous n’avez donc aucune excuse !
♥♥♥♥
Editions Faber & Faber, 2019, 224 pages
16 commentaires
Pourquoi pas, maintenant que je sais plus clairement ce qui m’attend… A première vue, je pense qu’il pourrait me plaire plus que le précédent.
Si l’univers de Max est toujours là, le sujet est très différent ! Il pourrait te plaire 😉
Tu sais convaincre 😉 ce n’est pas spécialement mon style de lecture mais le fait que le héros soit un petit garçon, me tente beaucoup…. Je pense avoir commencé le premier roman (emprunt de la bibliothèque) mais je ne l’ai pas terminé. Pourquoi? Je ne m’en rappelle plus.
J’avais beaucoup aimé le premier mais le deuil me parlait personnellement – ici le sujet est très différent et l’enfant, son lien avec l’artiste, ses parents – tous très attachants !
Il me le faut, je ne sais pas pourquoi mais il me le faut!
Oui, il te le faut – je suis certaine que tu vas adorer !
La douleur porte un costume de plumes m’avait fascinée, c’était tellement atypique et original. Celui-ci pourrait donc me plaire.
Ce serait l’occasion de lire un auteur britannique, mais comme toi, j’aurais eu du mal avec les premières pages. Mais pourquoi pas finalement ?
oui, et il est court et puis une fois dedans, on ne le lâche plus ! Tu viens aussi de me faire réaliser que je lis peu d’auteurs britanniques (sauf Ali Smith et Tessa Hadley) ….
ENFIN! Celui-là, je pourrai mettre la main dessus très très bientôt!
Oui ! Tu vas aimer je suis certaine, un petit garçon, un artiste … mais ne lâche pas aux premières pages LOL je te connais trop !
J’ai peur d’être trop déstabilisé au départ mais j’avais tellement aimé « La douleur… »
Pareil ! Bon c’était une expérience personnelle (le deuil) – ici tu devrais aimer son regard sur les soit-disants « bonnes gens » et sur les rumeurs … et puis il y a toujours la plume unique de Porter !
Sur la liste de mes prochains craquages sans aucun doute! 🙂
oui ! il te plaira c’est certain !
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