A boy’s own story · Edmund White

par Electra
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Toujours dans le challenge dédié à la non fiction en novembre, j’ai enchainé avec un live que je laisse en évidence tellement j’aime la couverture. Mais il était temps de le lire.

Il s’agit du premier volet de la trilogie autobiographique d’Edmund White, un auteur américain reconnu. Dans ce premier volet, situé dans l’Amérique répressive dans les années 50, celle du maccarthisme, on rencontre notre protagoniste, âgé de 14 ans. Celui-ci sait depuis fort longtemps que les garçons l’attirent. Mais à cette époque, il est impossible d’avoir son orientation sexuelle. Le garçon grandit déchiré entre sa mère et son père. Ce dernier, un homme taciturne a quitté soudainement sa femme pour épouser sa secrétaire. Le jeune garçon et sa soeur ainée sont partis vivre avec leur femme, une femme devenue aigrie et qui enchaîne les hommes qu’elle jette aussi vite que des mouchoirs en papier. Son père, de son côté, est un homme austère et qui ne montre jamais ses émotions. Notre héros passe les vacances d’été avec lui et sa belle-mère dans leur propriété estivale. C’est là qu’il va faire ses premières expériences homosexuelles.

Publié en 1982, ce livre est devenu un classique en Amérique, en abordant directement l’homosexualité et les débats intérieurs d’un jeune homme qui doit se chercher dans une société qui refuse de le reconnaître. Que dire ? Que oui, c’était purement impossible d’avouer à l’époque ses penchants homosexuels et qu’il aura fallu du courage à ce garçon pour l’avouer, à ses parents, plus tard, à un psychiatre et enfin à un prêtre. Mais à l’époque, tous ont la même interprétation : ce n’est pas naturel. C’est mal. Les parents pensent que c’est une phase et que ça va passer, et quelques séances chez un médecin devraient suffire pour remettre leur fils sur leur droit chemin. Le prête y voit une manifestation du diable et encourage fortement le garçon à réprimer toutes ses envies. Ce qu’il tente de faire, mais ça lui est impossible. Lorsqu’il demande à partir dans un pensionnat loin de la ville, et ses quartiers malfamés de débauche, il n’a pas réfléchi qu’il va se retrouver entouré de jeunes hommes bien appétissants. Si c’est difficile d’entendre les discours de ces soi-disants adultes cultivés et informés, j’avoue que j’ai aussi eu du mal avec le personnage principal. Il n’est vraiment pas aimable.

Et puis, il dépeint une Amérique dépravée, de débauche. A l’époque, où tout est interdit, sale et tabou, il semble que les Américains aient donc décidé de tout faire dans le secret et d’aller directement au pire. Ainsi, j’ai été surprise d’apprendre que son premier rapport sexuel (il a 15 ans) est avec un garçon de douze ans, qui a acheté de la vaseline car c’est un jeu qu’ils font à l’école (oui une véritable pénétration anale) ! Pareille avec le jeu des noisettes, dès le primaire, où les garçons aiment attraper et serrer dans leurs mains, les noix de leurs copains ! Au pensionnat, il découvre que ses amis, privilégiés aiment s’offrir les services de prostitués. Notre héros cherche plutôt un mentor, une figure paternelle (il avoue avoir rêvé de son père). Le psy blâme une mère dominatrice, comme ce fut le cas pendant longtemps. J’ai lu le livre en pensant plusieurs fois à m’arrêter, non pas que le sujet ne m’intéresse pas, la recherche de soi, la confiance en soi, l’autonomie, la reconnaissance sont des sujets qui m’intéressent mais je trouvais le personnage vraiment trop pompeux, prétentieux. Je n’aime pas son jugement envers sa soeur. Mais j’aime son honnêteté, il n’omet aucune pensée « sale » qui l’aurait traversé à cette époque.

Mais j’ai quand même terminé ma lecture, en sachant que je ne lirai pas les deux volets suivants. Par contre, j’avoue quand même que mon avis a évolué positivement en lisant la postface ! L’auteur explique que s’il est fidèle dans la description de ses parents et des adultes tous bonimenteurs (le professeur qu’il vénérait couchait avec le prêtre !), il a largement modifié son propre personnage, en le rendant peu sociable alors que lui était plutôt populaire à l’école. Dans le livre, il a toujours du mal à lier toute forme d’amitié. Pourquoi ce choix ? J’ai tellement aimé la postface. Du coup, je crois que j’aurais préféré lire un essai plutôt qu’une autobiographie romancée. S’il emploie comme forme narrative la première personne du singulier, il manque en effet quelque chose, et tout le roman est parcouru d’une certaine froideur qu’on ne retrouve pas dans la postface.

Je suis quand même ravie d’avoir découvert un auteur régulièrement cité dans les cursus américains de littérature. Je pense que si je trouve des essais signés de sa main, je les lirai. Spécialiste de Rimbaud, de Stephen Crane, ami de Burroughs, Capote, il est mondialement reconnu.  Si vous êtes curieux, le livre a été traduit en français par les éditions 10-18 sous le titre Un jeune américain (1992).

♥♥♥

Editions Picador Classic, 2016, 249 pages

nonficnovember

Et pourquoi pas

8 commentaires

keisha 25 novembre 2019 - 13 h 29 min

Dans les années 90 je pense avoir lu un livre de l’auteur, alors ça devait être celui -ci?

Electra 26 novembre 2019 - 19 h 16 min

je ne saurais te le dire ! si tu ne reconnais pas l’histoire, sans doute pas 😉

Autist Reading 26 novembre 2019 - 18 h 20 min

Avec White, ce ne sont pas les essais qui manquent, tu as l’embarras du choix : notamment sa (célèbre) bio de Genet, ou celle de Proust, ou encore, (plus difficile à trouver maintenant, sans doute), le récit d’un séjour à Paris avec son petit ami du moment, « Sketches from Memory: People and Places in the Heart of Our Pari »s…
Mes « relations » avec White sont en dent de scie : un « must read » pour les pd de l’époque, sa trilogie biographique ne m’avait pas vraiment convaincu. Je n’avais pas spécialement aimé « Fanny » non plus, mais j’ai en revanche bien aimé « Hotel de Dream » et surtout « Jack Holmes and his friend »… A part les bios, je crois bien avoir le reste de sa bibliographie dans ma liseuse.
Pour le moment, seul son récent essai sur son goût pour la lecture, The Unpunished Vice: A Life of Reading, pourrait me tenter.

Electra 26 novembre 2019 - 19 h 18 min

Oui, en dent de scie : ça résume aussi ma lecture. Du coup, je le trouve intéressant mais quelque chose ne passe pas – ou difficilement ! Mais du coup, je vois que tu as beaucoup lu sur lui. Je note Hotel de Dream et surtout Jack Holmes. On verra quand je reviendrai à lui.

Marie-Claude 28 novembre 2019 - 3 h 28 min

Heureusement que tu as tenu jusqu’à la postface! Reste qu’après t’avoir entendu et lu, l’envie n’est pas là. Par contre, j’ai commandé « Quand le souffle rejoint le ciel »! Quand un titre en amène un autre… Merci, miss.

Electra 28 novembre 2019 - 21 h 27 min

De rien ! Hâte d’avoir ton avis sur ce dernier, même si le sujet est grave ! Pour Edmund, tu peux passer ton tour – le sujet était intéressant, mais je n’ai pas accroché à son choix narratif.

Fabienne 28 novembre 2019 - 12 h 59 min

Je passe mon tour mais je garde son nom à l’esprit.

Electra 28 novembre 2019 - 21 h 28 min

Tu le croiseras probablement à nouveau, moi aussi – j’ai vu son deuxième en bouquinerie mais non …

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