C’est totalement par hasard que ce livre m’a trouvé. J’ai vu sur la newsletter de l’éditeur (Christian Bourgois) que le tome n°12 de la Ronde de la Musique du Temps étaient publié. Curieuse je suis allée lire la présentation et j’ai eu envie de lire le premier volet.
Anthony Powell, ai-je appris, après ma lecture, est surnommé le « Proust anglais » – pas ma cam a priori. Mais ceux qui ont lu Proust, le préfère – bon signe, non ? Pourtant qu’ai-je en commun avec un jeune homme de la bonne société anglaise étudiant en 1921 que l’on suit pendant presque 50 ans ?
« Dance to the music of time » est une suite de douze romans publiés entre 1951 et 1975 par Anthony Powell, décédé en 2000.
Le narrateur, Nicholas Jenkins observe la société de son temps, celle de la haute bourgeoisie, ou de l’aristocratie. Plutôt effacé, il réussit à s’intégrer et à se faire des amis plus populaires. Dans ce premier tome, on rencontre ses amis Charles Stringham, aristocrate (dont la famille possède l’une des plus grandes propriétés anglaises), un garçon très intelligent mais qui vit mal la vie tumultueuse de sa mère et son lot de beaux-pères, et Peter Templer, riche héritier mais qui quitte rapidement l’université pour entrer dans la vie active (La fameuse City) et dont la petite soeur va faire battre le coeur de notre héros. Charles est parti, contre son gré, rejoindre son père au Kenya. Les trois amis sont hébergés dans le même foyer à Oxford et aiment à se moquer de l’un des leurs, Kenneth Widmerpool. Ils aiment faire des blagues. Nicholas n’en fait pas mais n’est jamais très loin. Témoin de son époque, il tente de rester impartial. Les garçons fréquentent le cercle de Sillery, un professeur et maître à penser qui introduit le jeune homme dans le monde des lettres mais dont le hobby principal est de développer un réseau social en devenant indispensable et proches des parents.
Il y aussi la figure de l’Oncle Giles, oncle paternel de Nicholas et honte de la famille Jenkins. Incapable d’embrasser une profession, sa vie repose sur une rente dont c’est l’unique sujet de conversation. Anthony Powell décortique avec minutie chaque attitude, chaque décision de ses amis et de sa propre famille. Il raconte la société anglaise de son époque, ses petits travers et dresse un portrait très réussi des moeurs de son époque. Nicholas est une énigme, car le jeune homme se veut écrivain or à cette époque, ce n’est pas considéré une profession et il est le seul à poursuivre ses études. Comme le dit si bien l’éditeur, l’auteur réussit à raconter, tout en subtilité, l’écheveau des relations humaines.
Nicholas part passer l’été en France pour améliorer ses compétences linguistiques, il y retrouve par hasard Widmerpool. J’ai beaucoup aimé cette parenthèse. A son retour, il comprend que le temps éloigne les gens. J’aime le ton employé, j’aime aussi son regard sur sa propre personne et ses jugements parfois trop hâtifs. J’aime aussi le côté un peu suranné et l’Angleterre des années 20. En faisant quelques recherches, j’ai découvert que seuls deux personnages seront récurrents, Jenkins figure stable dans cet univers en perpétuel évolution, mais qu’il va recroiser ses amis au gré de ses pérégrinations.
Je tiens cependant à prévenir le lecteur qu’on peut trouver un peu ennuyeux les premières trente pages, mais je me souviens qu’à la page 60, j’étais bien accrochée et triste de le quitter à la fin du livre. La bonne nouvelle ? J’ai encore 11 autres livres à lire et le suivre jusque dans les années 70 va être forcément intéressant. A défaut de lire Proust, j’aurai lu Powell !
♥♥♥♥
Editions Christian Bourgois, 2019, 285 pages
10 commentaires
Ben voilà j’ai noté sur le site de la bibli, ce ‘Proust anglais’ m’attire car Proust est ma came ^_^ quoique parfois le vrai amateur de Proust préfère l’original… Il y a de l’humour british?
Oui ! Un regard satirique sur la société anglaise
J’ai lamentablement échoué à ma 1ère tentative de lire Proust, l’année dernière.. Son style ne me convient pas du tout… Ajouté à cela la perspective des 12 volumes … je passe !
Mais non car pareil. Il n’a pas du tout le même style c’est juste le mêle volume 😂
Oh désolée, je ne t’avais lu assez attentivement.. mais je passe quand même, trop de livres dans ma Pile, je ne craque plus que pour les titres qui m’ont l’air indispensables !
ne t’inquiète pas et puis par ces temps-ci, notre PAL est très pratique et je diminue fortement mes achats (même avant le confinement)
Proust anglais, Proust français, Proust tout court, je m’abstient.
Donc tu n’as rien compris à mon billet 😂 je n’élirai jamais Proust et son style est totalement à l’opposé décidément c’est la cata partout même dans mes chroniques !
La référence à Proust aurait plutôt eu tendance à me faire fuir mais au contraire, tu m’as hameçonné avec ton billet…
Ah je suis ravie 😊
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