Craquer uniquement pour la couverture d’un livre ? Oui, surtout quand on connaît déjà un peu l’auteure. Je l’ai demandé à Noël et il me l’a apporté ! Et j’avoue que le visage de cette jeune fille me fascinait. ·
Cette fille n’est autre que Maeve, la soeur ainée de Danny Conroy, narrateur de l’histoire. Une soeur qu’il adore, adule, vénère. Sa seule et unique famille. Et puis il y a cette maison, immense, où ils ont emménagé alors qu’il marchait à peine. Une mansion, construite par une famille riche néerlandaise d’où son surnom : The Dutch House. Construite sur une immense propriété de Philadelphie au début du 20ème Siècle, elle a connu des jours incroyables, les plus grands bals y étaient organisés (la salle de bal était à l’étage), des soirées mondaines où tout le gratin de Philly venait boire et danser. Mais l’argent est parti, et un jour, les propriétaires ont du tout vendre, même les meubles et tableaux les représentant. Tout le mobilier est resté. Et un jour, le père de Maeve et Danny l’a acheté. Sans le dire à sa jeune épouse.
Un coup de folie qu’il allait payer cher. Cet achat scellera, sans qu’il ne le comprenne, la fin de son mariage. Un matin, Maeve et Danny n’ont plus de mère. Maeve a 11 ans, Danny, 4. Ils se retrouvent seuls face à ces portraits austères de personnes inconnues. Les enfants sont élevés par les domestiques, sous les yeux accusateurs des Van Hoebeck et de leurs ancêtres. Le portrait de Maeve, commandé au départ pour la mère (qui refusa) est la seule toile moderne. Et puis un jour, le père ramène une jeune femme à la maison. Elle a toujours rêvé de cette propriété et elle réussit à l’obtenir en épousant leur père. Elle vient alors s’installer avec ses deux filles. Fin de l’innocence, fin de l’enfance pour Maeve et son frère. Maeve part à la faculté. Sa chambre est de suite attribuée à une des filles. Danny n’attend qu’une chose : revoir sa soeur pendant les fêtes.
Il profite de son père lorsqu’ils vont ensemble collecter les loyers, ou lorsqu’ils partent en catimini passer le week-end à New-York rendre visite à Maeve. Mais tout prend fin lorsque son père décède brutalement. Danny n’a que quinze ans.
Like swallows, like salmon, we were the helpless captives of our migratory patterns. We pretended that what we had lost was the house, not our mother, not our father. We pretended that what we had lost had been taken from us by the person who still lived inside. *
Une superbe histoire sur les liens familiaux, surtout celui d’un frère et d’une soeur. Maeve a un caractère bien trempé, indomptable. En guerre contre son père, sa belle-mère, ennemie de sa belle-soeur, elle ne peut s’empêcher de venir en voiture, avec son frère, se garer quelques heures devant cette maison. Qui fut la leur. Ils savent qu’elle est là. Les années passent, Danny devient médecin pour faire plaisir à sa soeur, même s’il a toujours su qu’il voulait être entrepreneur immobilier comme son père.
J’ai aimé Danny, ce personnage masculin, créé par Ann Patchett. Un garçon qui devient un homme, mais qui reste toujours un enfant, le petit frère dans les yeux de son aînée. Un homme qui aime sa soeur profondément et fera tout pour elle. Et puis cette réflexion sur la famille, sur l’enfance en général. Elle nous construit, nous façonne et il est parfois impossible de s’en défaire. Ces instants passés dans la voiture de Maeve, où tous deux regardent cette maison comme des étrangers..
Do you think it’s possible to ever see the past as it actually was?’ I asked my sister. We were sitting in her car, parked in front of the Dutch House in the broad daylight of early summer.
J’avais déjà lu de la non fiction d’Ann Patchett (Truth and Beauty) et j’avais beaucoup aimé le regard et le style de l’auteure américaine, ce roman confirme tout le bien que je pense d’elle. J’ai adoré la construction de ce roman, le rythme, la finesse psychologique des personnages. J’ai adoré Maeve et son frère. J’ai eu tant de compassion pour eux. J’avais envie de les inviter à rejoindre ma famille.
Un superbe roman, et en tapant ces mots, après avoir lu plusieurs autres livres, je réalise mon attachement à ces personnages et à l’atmosphère si particulière du récit. Je m’étais procuré son précédent roman, Commonwealth, (publié chez Actes Sud sous le titre Orange amère) et je compte désormais le lire sans aucun a priori !
♥♥♥♥
Editions Bloomsbury Publishing, 2019, 352 pages
(*Comme les hirondelles ou le saumon, nous sommes les captifs impuissants de nos gênes migratoires. Nous prétendions avoir perdu la maison, pas notre mère, pas notre père. Nous prétendions que ce que nous avions perdu nous avait été volé par la personne vivant encore à l’intérieur de cette maison).
Photo by Annie Spratt on Unsplash
24 commentaires
Orange amère est tellement bien que depuis j’en ai lu deux autres de l’auteur, et j’espère bien continuer!!!! Quelle que soit l’histoire
J’ai Orange amère (enfin en vo)
il faudra que tu lises celui-ci du coup ! Je ne sais pas si sa non fiction a été traduite ?
Je n’en suis pas sûre. Mais lire en vO ne me gêne pas! C’est juste trouver le bouquin sans passer par A.
oui parfois tu peux acheter les e-pub directement sur le site de l’éditeur. Mais il va être traduit rapidement je pense !
Moi aussi!
tu as aimé Orange amer ?
J’ai adoré Orange amère et compte bien lire les autres titres de l’auteure!
ah oui ! bon moi je l’ai lue à l’envers mais je suis ravie de l’avoir dans ma PAL
J’ai noté Orange amère, mais j’attends sa sortie en poche… c’est chez Keisha que je l’avais vu, d’ailleurs, et il bénéficie lui aussi d’une jolie couverture, je trouve..
Tu as vu que j’avais laissé un commentaire sur ton billet à propos de Yellow Bird, ou je te réponds à propos d’éventuelles LC de London etc ?
Ah bon, mince je retourne voir ça !!! pour les LC et pour le Père Goriot, tu est toujours partante ?
Orange amère, j’ai hâte de le lire, là je lis un livre que j’aime une fois que je suis dedans mais j’ai pas non plus envie de me précipiter dessus, tu vois ce que je veux dire ?
Comme Ingannmic, j’avais déjà noté (et stocké) « Orange amère » de cette auteure, mais ce titre-là m’a l’air tout aussi bien….
Oui, je l’ai aussi mais bizarrement j’ai voulu lire celui-ci avant ! j’aime beaucoup l’atmosphère et la profondeur des personnages.
Celui-ci n’est pas encore traduit en français, alors ?
J’ai beaucoup aimé Orange amère aussi, et du coup j’en ai un autre dans ma PAL (Anatomie de la stupeur, très jolie couverture en Babel poche)
Non, il est sorti en fin d’année, mais il va l’être – il a été nommé pour plusieurs prix donc je pense qu’il sortira à la rentrée prochaine. Je note pour le Babel Poche ! Mais bon je ne l’ai jusqu’ici lu qu’en anglais, par contre le titre ne me dit rien .. Je vais fouiller ! Merci
Je comprends que tu aies craqué sur la couverture!
Oui !!
Qu’est-ce que je fais, moi? J’attends la traduction ou je me précipite sur « Orange amère »?
je sais pas ! Essaie Orange Amère, il est aussi très apprécié ! On peut se faire une lecture commune si ça te tente ??
Vile tentatrice ! je vais m’empresser de trouver ces romans ! J’ai donc noté The Dutch House, Orange Amère (Commonwealth) mais aussi State of Wonder – cette histoire en Amazonie m’intrigue pas mal.
Oui moi aussi State of Wonder ! Désolée de piocher encore dans ton porte-monnaie mais c’est pour la bonne cause !
mon budget livres vient très probablement juste après le budget nourriture 😉
C’est vrai que la couverture est superbe! Je pense tenter la découverte de cette auteure avec Orange amère pour commencer.
Oui il est disponible et il a eu aussi de très bonnes critiques !
[…] je réalise que j’ai uniquement publié la chronique sur The Dutch House d’Ann Patchett sur mon blog. Les autres chroniques sont prêtes, donc je commence dès […]
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