Acheté sur un coup de tête lors d’un passage en librairie, ce livre est paru aussi en français, mais c’est en anglais que j’ai découvert le style littéraire de Sigrid Nuñez et l’histoire de cette amitié entre une femme et un dogue allemand arlequin. Mais le roman va beaucoup plus loin…
Choquée par la disparition soudaine de l’homme de sa vie, son meilleur ami et mentor, une femme va vivre un deuil compliqué. Lors d’une séance auprès d’un thérapeute, celle-ci l’invite à tenir un journal. Et c’est ce journal que nous lisons. Lorsque son ami se suicide , la narratrice est comme assommée. Cet homme fut son prof littéraire à la fac, tous deux sont devenus proches, mais pas d’histoire d’amour ici, celle d’une longue amitié. Ses trois épouses successives vont toutes la jalouser et vont se ridiculiser à l’enterrement, chacune criant qu’elle est la plus touchée par le décès brutal et inexpliqué de cet homme.
Mais la surprise est totale lorsque la dernière épouse demande à la narratrice de récupérer le chien du défunt. Ce dernier hurle à la mort et elle ne peut décemment s’en occuper. Souci : la narratrice est locataire dans un immeuble qui interdit la possession d’un chien, et difficile de le cacher, car l’animal n’est autre qu’un immense dogue allemand arlequin de plus de 80 Kg. Pourtant, elle accepte. Le chien est vieillissant et totalement impassible. Il semble lui aussi écrasé par l’absence de son maître. Tous deux vont devoir apprendre à vivre ensemble et à vivre « sans »….
Mon ami le plus compatissant m’appelle pour prendre des nouvelles. Je lui raconte que j’essaie la musique et les massages pour soigner la dépression d’Apollon, il me demande si j’ai envisagé une thérapie. Je lui fais part de mon scepticisme vis-à-vis des psys animaliers, et il répond : Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire.
La narratrice s’attache très vite au chien, est incapable de lui interdire l’accès au lit, et développe une relation fusionnelle avec l’animal. Les deux deviennent inséparables et la magie va opérer.
Que sommes-nous, Apollon et moi, si ce n’est deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant et s’inclinant l’une devant l’autre ?
J’ai beaucoup aimé cette lecture, je l’ai lu en une seule séance. Le deuil, la perte sont très bien traités dans le roman, et le thème est allégé par cette amitié humano-canine. Ceux qui aiment ou possèdent des chiens reconnaîtront ici leur vertu thérapeutique. J’ai aussi apprécié ses réflexions sur l’amitié, sur la confiance et sur l’écriture. J’adore tous les livres qui parlent de l’écriture et celui-ci en fait partie.
J’ai aussi aimé cette lecture parce qu’il apporte ici une forme de douceur, et d’apaisement en cette période troublante. Mon seul bémol, c’est qu’un mois presque après ma lecture, il ne m’a pas laissé une forte empreinte. Mais si vous avez besoin d’une lecture « doudou » et parfois drôle, ce livre est fait pour vous.
Le roman a été traduit en français aux Editions Stock en 2019, sous le titre L’ami.
♥♥♥
Editions Riverhead Books, 2019, 224 pages
12 commentaires
Je passe, je suis plutôt « chat », même si j’aime tous les animaux (oui, tous, même les araignées, les serpents, les hyènes et les blattes !! enfin… aimer est peut-être un terme un peu fort, mais disons que je refuse de leur faire du mal…), et vu ma pile, j’ai décidé de ne noter que les coups de cœur !!
Ravie en tous cas de revoir ces lieux aussi dynamiques (je vois que tu es en accord avec ton commentaire laissé chez Virginie… c’est vrai, plus on blogue, et plus on a envie de bloguer !! c’est un peu comme le chocolat, c’t’histpoire…).
Oui ! Moins on fait quelque chose, moins on a envie de le faire, n’est-ce pas ? Et puis le blog pour moi c’est de l’évasion .. sauf j’imagine ceux qui n’aiment lire que des livres ancrés dans notre société actuelle – j’imagine déjà pléthore de romans qui vont sortir sur cette pandémie et le confinement …
J’aime lire tous vos avis du coup si vous disparaissez, je fais quoi ?
Pour les animaux, idem – ma soeur et moi on aime tous les animaux et l’autre jour, j’ai trouvé une énorme araignée chez moi, hop un papier pour qu’elle marche dessus et hop direction l’extérieur ! je ne les tue jamais. Un ami a des blattes « de compagnie » ! Péruviennes de surcroît .. on les imagine avec une flûte et un Pancho …
Oui, en ce moment ça va. Ma santé aussi après de multiples hauts et bas – les allergies m’ont bien embêtées ! Mais là le traitement fonctionne. Le télétravail continue … J’aime venir te lire et du coup ravie que tu soies dans le même état d’esprit !
Je ne suis pas chien du tout – et donc ce n’est pas plus mal après l’enthousiasme provoqué par Ann Patchett.
Je me rends compte que je bloggue moins, c’est en partie lié au télétravail justement: une fois le travail terminé, je sors au jardin, ou je fais un puzzle. J’avoue, je blogguais parfois au bureau, ça permettait de remplir ce quart d’heure avant l’heure de départ. Mais ça y est, j’ai publié un billet sur un livre aujourd’hui (il est super court par contre), et je vais m’efforcer de continuer.
J’aimerais aussi terminer mon pavé en cours, un Joyce Carol Oates, peut-être ce week-end.
Et pour moi c’est toujours un plaisir de te lire ! A vrai dire je fais le tour de mes blogs littéraires favoris une fois par semaine, mais pour certains, j’y retourne une seconde fois parce que je suis sûre que je vais y trouver quelque chose de nouveau (et de quoi remplir ma PAL).
Merci ! je vais aussi régulièrement sur ton blog. Je sais aussi que c’est difficile de se remettre sur le même ordinateur après avoir passé la journée dessus. Du coup, je fais un long break – je sors mon chien et ensuite je dine et je retourne sur l’ordi après du coup le boulot est déjà oublié si j’ose dire ! Moi mes pauses du midi, je les utilisais aussi pour aller voir les autres blogs. Certains fort heureusement ont continué de beaucoup publié et d’autres ont hélas fait une très longue pause … J’ai aussi fait 3 puzzles, j’en ai un dernier que je garde pour l’Ascension, ça m’a beaucoup aidé. Du coup je vais aller lire ton billet !
Tiens, tiens, l’amitié avec un grand dogue allemand (bon, le mien est gris bigarré noir, mais je me contenterais d’un arlequin le temps d’une lecture). Blague à part, le traitement du deuil à travers la relation à un animal particulier me semble intéressant.
Oui un Arlequin marche aussi ! Oui, les animaux sont connus pour leur vertu thérapeutique mais ici ça ne rentre jamais dans le médical 🙂 J’adore cette race de chien en passant !
Et bien pourquoi pas ? S’il se trouve à la bibliothèque, ce pourrait être une lecture divertissante.
Oui ! Il est court en plus !
Je pensais vraiment qu’il pourrait me plaire, mais je n’ai pas accroché… Je n’ai jamais réussi à arriver au moment où le chien entre dans l’histoire, le début m’a complètement perdue malheureusement…
ah bon ? moi je n’ai pas eu de souci pour « rentrer dans l’histoire » j’ai trouvé l’enterrement plutôt ‘ »drôle » avec les ex … dommage ! Mais bon il y a en a tant d’autres 😉
Moi et les chiens c’est une grande histoire d’amour 😀 alors pourquoi pas!
pareil ! il devrait te parler alors ! tu connais leur pouvoir bénéfique 🙂
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