Olive Kitteridge · Elizabeth Strout

par Electra
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Après avoir découvert la plume d’Elizabeth Strout dans My name is Lucy Barton, j’avais hâte de partir à la rencontre d’un autre de ses personnages phares : Olive Kitteridge. Ce roman lui a permis de décrocher tout simplement le Prix Pulitzer. Alors, qu’en est-il de cette rencontre ?

Qui est Olive ? On la devine au départ à travers le regard de son époux, premier personnage dans ce récit qui nous emmène dans son officine de pharmacien située à Crosby, dans le Maine, puis au travers du regard de ses anciens élèves, de son fils.. Olive apparaît de plus en plus plus pleinement en fin du roman. Plus de trente ans ont passé, Olive vit désormais seule, son époux est en EHPAD, suite à un AVC. Il s’est écroulé un jour, en sortant de la voiture, alors qu’ils allaient faire des courses. En quelques secondes, la vie d’Olive a basculé.

Mais Olive n’est pas n’importe quelle femme, même à 72 ans. Olive est connue et redoutée, car Olive a le coeur dur. Le regard dur. Les paroles parfois blessantes, peu de compassion pour les autres, enfin c’est ainsi qu’elle se montre aux autres. En vrai, Olive a peur. Presque de tout. Et son physique imposant la dessert également. Son époux, un homme doux et gentil, est ainsi souvent plaint d’être marié à cette femme autoritaire. Olive ne pleure pas, ne montre aucune émotion en présence d’autres personnes. Simplement parce que c’est impoli. Christopher, son fils unique, s’est marié en catimini et a fui en Californie. Pas de petits-enfants. Et un sentiment pour le couple, arrivés à la retraite, d’être abandonné par leur enfant. De retour sur la côte Est quelques années plus tard, installé à New York, Christopher est de nouveau en couple et futur papa lorsqu’il invite sa mère chez eux. Tant d’espoir dans ce voyage, celui de renouer, celui de reconstruire une famille, mais Olive ne peut pas changer en quelques secondes…. Réussira-t-elle ?

Elizabeth Strout offre le portrait magnifique d’une femme, dépassée par ses peurs, crainte par les autres, finalement assez méconnue. Seul son époux semblait pouvoir entendre son coeur battre derrière cette carapace. Olive nous apparaît, dans les yeux de cette petite communauté où tout se sait et où tout se tait. L’auteure a un talent immense pour raconter à la fois la vie d’une femme et celle de sa ville. Décidément, le Maine inspire à ce genre de romans (je pense à Richard Russo).  Tout au long du roman, elle nous offre une galerie de portraits, des habitants plus et moins jeunes de cette petite ville, et nous offre de beaux moments de tendresse, de détresse et de ce long chemin qu’est la vie…

Une exploration de l’âme humaine  extraordinaire et du regard que les autres portent sur nous, difficile de ne pas s’attacher à cette femme pourtant pleine de défauts, difficile de ne pas s’attacher à cette communauté, à cette gamine anorexique, à cette joueuse de piano bar, maîtresse à vie …

J’ai adoré cette lecture : le style, la profondeur des personnages, le rythme, le détail et surtout apprécié la capacité de l’auteure américaine à pouvoir décrire nos émotions, nos peurs. Publié en 2008, l’auteure a obtenu le Prix Pulitzer l’année suivante et je peux maintenir dire que je suis totalement d’accord avec les jurés de l’époque.

J’ai cité Richard Russo, tous deux sont très fort pour se lancer des biographies de personnages et dans la description de petites communautés, mais leurs styles sont très différents. Une chance, j’aime les deux !

L’année dernière, l’auteure est retournée à Crosby et nous a offert Olive, again. Evidemment, j’ai hâte de le lire, une amie a d’ailleurs préféré cet opus. Dorénavant, il me les faut tous dans ma bibliothèque personnelle. Je veux tout lire d’elle. Et j’ai d’ailleurs acheter celui-ci en librairie dès qu’elles ont ouvert car c’était un emprunt à la base.

Le roman est bien évidemment disponible en français en Poche.

♥ ♥ ♥ ♥ ♥

Editions Scribner, 2016,337 pages

Photo by Ravi Patel on Unsplash

Et pourquoi pas

18 commentaires

keisha 20 mai 2020 - 8 h 39 min

Super, la suite existe, alors!!! j’ai prévu un autre à emprunter en bibli (quand ce sera possible)

Electra 20 mai 2020 - 16 h 50 min

Oui, elle a mis 12 ans mais oui ! je ne l’ai pas vue en librairie. J’ai pu rendre mes livres à la bibli aujourd’hui et semaine prochaine, on pourra réserver de nouveau ! Youpi

Ingannmic 20 mai 2020 - 11 h 57 min

Pfff, comment résister ?!!.. J’ai remis hier les pieds dans une librairie pour la première fois depuis le déconfinement et bien sûr, j’en suis ressortie avec un sac plein (moi qui avais réussi à faire baisser ma PAL de manière significative..). J’ai notamment trouvé Le chant des plaines de Kent Haruf, noté chez toi…

Electra 20 mai 2020 - 16 h 51 min

Le chant des Plaines !! Ohhhh je l’aime tellement, j’ai tous ses livres et je voulais d’ailleurs les relire – ça te dirait ?
bon il faut que ty retournes pour y acheter Oliver 🙂
Je suis plongée dans Balzac …

Ingannmic 22 mai 2020 - 19 h 10 min

Tu voudrais relire Le chant des plaines aussi ? Dans ce cas je suis partante, si tu veux qu’on organise une LC mais à partir de fin septembre plutôt (l’été, c’est pavés, et en plus mon conjoint s’en est emparé et il lit bien plus lentement que moi… !). Et Olive est sur ma PAL, ça y est (et maintenant, j’arrête !)

Electra 23 mai 2020 - 10 h 58 min

oui très bien septembre ! On peut voir si Marie veut se joindre à nous pour les relire !! pour les pavés, j’en ai déjà deux ou trois qui m’attendent mais moi je travaille l’été (les vacances en septembre)
Très bien pour Olive !!!

Ingannmic 23 mai 2020 - 12 h 18 min

Super, je me sens un peu intimidée d’être accompagnée par une grande fan de l’auteur !! Est-ce que le 29 septembre te convient (j’ai déjà une Lc de prévu la semaine précédente) ?

Electra 24 mai 2020 - 7 h 51 min

Super 👍 disons que oui, si tu n’aimes pas ça sera compliqué 😂

Marie-Claude 26 mai 2020 - 4 h 40 min

Kent! Kent! Kent! Comment résister? Mais avant de passer à la relecture, je vais lire « Colorado Blues », le dernier (snif) qu’il me reste à lire.
Par contre, je suis partante pour une LC de Olive !

Electra 26 mai 2020 - 7 h 08 min

Super 👍 Kent ! A la rentrée. Tu peux lire Bénédiction tu seras en excellente compagnie. Pour Olive, tu vas pouvoir trouver du monde !

Autist Reading 20 mai 2020 - 15 h 39 min

Je ne savais pas pour Olive, again. Voilà qui pourrait m’intéresser un de ces jours.

Electra 20 mai 2020 - 16 h 52 min

Mais oui ! Une amie l’a d’ailleurs préféré au premier, c’est dire !

Lili 24 mai 2020 - 18 h 15 min

Je n’ai pas lu ce roman mais je garde un souvenir assez percutant à bien des niveaux de l’adaptation en mini-série avec Frances MacDormand, toujours incroyablement juste.

Electra 24 mai 2020 - 18 h 45 min

oui j’ai découvert la mini série (je ne l’ai pas regardée) après l’avoir lu – du coup, même si j’aime l’actrice, j’ai un autre visage en tête du coup ! J’adore le style de l’auteure en plus.

Fanny 29 mai 2020 - 9 h 42 min

Je n’ai toujours pas lu Je m’appelle Lucy Barton. J’aimerais enfin découvrir cette écrivaine dont j’en entends beaucoup de bien.

Electra 29 mai 2020 - 12 h 13 min

Je pense vraiment qu’elle te plaira, il y a de la douceur chez elle et de la profondeur.

Fanny 30 mai 2020 - 9 h 15 min

C’est noté !

A MI-COURSE, RETOUR SUR CE PREMIER SEMESTRE - la nuit je mens 17 juin 2020 - 6 h 46 min

[…] non fiction) continuent de vivre dans ma tête. Je vous les cite par ordre chronologique inversé : Olive Kitteridge / Hidden Valley Road* / The Dutch House / The Five / Jonny Appleseed  / The Bluest Eye / True […]

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