J’avais fait connaissance avec Amaka lors de ma lecture du premier roman, Lagos Lady, de l’auteur nigérian Leye Adenle. J’ai ensuite eu la chance de prendre le petit-déjeuner avec lui à Paris. J’attendais donc avec impatience son prochain roman.
En 2016, Leye Adenle publiait Lagos Lady et nous embarquait aux côtés d’Amaka, séduisante avocate nigériane dans une folle aventure. Dans ce roman, il mettait en scène un journaliste anglais qui débarquait dans le pays et se trouvait au mauvais endroit et au mauvais moment. Cette fois-ci, pas de touriste égaré mais une élection gouvernementale en jeu et une Amaka déchaînée.
La jeune femme continue de défendre les prostituées et a découvert l’existence d’un lieu tenu secret, le Harem, où sont emmenés des dizaines de prostituées nigérianes et étrangères. Là-bas, des dizaines d’hommes puissants en font ce qu’ils veulent. Elle vient de réussir à coincer le Chief Ojo, le nouveau candidat au poste de gouverneur. La jeune femme s’est fait passer pour une prostituée pour a drogué le candidat et pris des photos compromettantes mais surtout elle a découvert sur le téléphone du politicien des photos bien plus compromettantes : l’homme aime les petites filles. Malheureusement, Amaka se fait voler son sac à main pour avoir voulu prendre la défense d’une jeune femme dans un marché de la ville. Cette dernière tentait d’empêcher la foule de tuer son jeune frère, accusé de vol.
Prenant des risques insensés, Amaka réussit à sauver la jeune femme mais a perdu les preuves nécessaires à faire tomber le candidat à l’élection. Celui-ci n’avait aucune prétention politique jusqu’à ce jour où le candidat du parti meurt lorsque son avion personnel s’écrase sur sa propriété.
Le rythme est tellement intense qu’il est parfois nécessaire de faire une pause, car Leye Adenle ne laisse rien passer. Les élections sont truqués, tous les politiciens sont des pourris, la foule du marcher lynche les voleurs, la vision de Lagos peut vraiment effrayer. Là-bas, c’est le règne de la corruption et des pots-de-vin. Cette mégalopole est le lieu parfait pour ce type de roman, de l’action, du suspense, des morts. Une intrigue menée à toute vitesse.
Leye Adenle ne prend aucune pincette, ni avec son pays, ni avec ses lecteurs. Je crois que son premier roman était plus accessible via ce personnage de touriste auquel forcément on se rattachait. Ici, terminé. Personnellement, j’ai trouvé un peu dommage l’absence presque totale de paragraphes descriptifs. On est bien au coeur de l’action, pas de doute, quand la foule se déchaine sur le voleur, on sent l’odeur du brûlé. Les chapitres sont très courts et composés essentiellement de dialogues. Certains préfèrent ce type de narration, pour ma part, il me manque quelque chose.
Mon autre bémol fut ma difficulté (personnelle) de me repérer au milieu de tous les candidats politiques, tous appelés Chief .. J’ai du relire une ou deux fois les noms pour être sûre de savoir qui était le personnage mis en avant. Sinon, le roman fait penser à un bon film d’action et pas le temps de s’ennuyer. C’est intense, provocateur, parfois drôle. Mais quelle vision triste de ce pays !
J’ai pris grand plaisir à retrouver Amaka et être de nouveau sur le continent africain.
♥♥♥
Editions Métailié, When trouble sleeps, trad.David Fauquemberg, 2020,336
Photo by Muhammadtaha Ibrahim Ma’aji on Unsplash
2 commentaires
Je suis allée lire ton billet sur Lagos Lady, ton enthousiasme me donne encore plus envie de lire cet auteur. J’ai beaucoup entendu parler de Lagos par mon mari qui y a vécu quelques années avant de rentrer au Bénin, je suis donc curieuse de lire ces polars!
ah oui ! tu dois alors ! J’ai trouvé le premier meilleur mais peut-être suis-je nostalgique, mais en tout cas on plonge direct dedans ! L’auteur est super sympa, un bon vivant qui aime le bon vin (Nantais!)
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