The pursuit of love · Nancy Mitford

par Electra
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C’est en lisant L’assassin du train de Jessica Fellowes que j’ai découvert la famille Mitford. Je connaissais de nom Nancy car elle est l’écrivaine de la famille, mais j’ignorais alors tout de cette famille anglaise si atypique. Puis en écoutant un podcast anglophone, j’ai entendu parler de ses trois romans les plus célèbres, dont The Pursuit of Love, et vu qu’une nouvelle édition Penguin était sortie, alors pourquoi pas ?

Si on se contente de lire la quatrième couverture, alors on pense immédiatement à une bluette amoureuse des années 40 et je serais la première à ne pas l’acheter. Mais après avoir écouté le podcast, j’ai su que ce roman allait plus loin. Ecrit en 1945, il raconte en partie, la propre histoire de la famille de Nancy. Les Mitford sont une famille aristocratique, le père est le Baron Redesdale, originaire du Northumberland, composée de sept enfants dont six filles. Elles furent décrites ainsi par un journaliste du Times : Diana, la fasciste, Jessica la communiste, Unity l’amoureuse d’Hitler, Nancy, la romancière, Deborah la duchesse et Pamela, l’amatrice discret de volaille. Et il n’avait pas tort. Elles reçurent une éducation très libre, Nancy déclara avoir uniquement appris à faire du cheval et à parler français. Elles n’allèrent jamais à l’école,  ni au pensionnat.

Dans ce roman, il est clair que l’autrice s’est largement inspirée de sa propre famille, mais après elle laisse libre cours à son imagination. On suit donc Fanny, une jeune adolescente qui va passer ses vacances chez ses cousines. Ces dernières, dont Linda, sa plus proche amie, sont élevées par des parents fantasques sur un grand domaine. Elles n’ont jamais été à l’école et grandissent librement. Fanny adore cette famille atypique. Ainsi le père de famille aime déclarer annuellement la chasse aux enfants, et ces derniers se voient ainsi pourchasser comme du gibier à travers toute la propriété.  Linda est l’amoureuse éternelle. Depuis son plus jeune âge, elle rêve d’un grand mariage. Les deux jeunes femmes sont encore trop jeunes pour être présentées (nous sommes dans les années 30 et dans l’aristocratie, les jeunes femmes sont présentées lors d’un bal) et les adolescentes jalousent la soeur ainée de Linda. Les deux cousines décident de mentir à leurs parents pour aller assister à une party où Linda s’éprend immédiatement d’un jeune homme de bonne famille.

Très vite, les parents l’apprennent et punissent les demoiselles mais Linda continue d’aimer ce jeune homme ambitieux et finit par obtenir ce qu’elle veut : le mariage dès ses dix-huit ans. Elle suit son mari à Londres qui s’est lancé dans la politique comme son père. Le père de Linda ne voulait pas de ce mariage. Et très vite, Linda s’ennuie et n’aime pas l’autre facette de son époux. Linda, éternelle amoureuse tombe ensuite dans les bras d’un jeune homme anglais, sans fortune, ni titre, et pire encore : communiste. Ce dernier s’est engagé pour aller lutter contre Franco en Espagne. Linda quitte mari (et abandonne accessoirement sa fille) pour suivre son nouvel amour. Mais ce dernier n’aime qu’une chose : le combat.

Fanny raconte ainsi la vie de Linda, son départ pour l’Espagne avec son nouvel époux, son retour caché à Paris et son dernier amour…. Ce roman aurait donc pu se contenter de cela, mais il raconte surtout la deuxième guerre mondiale et la fin d’un monde : celui de la famille aristocratique de Linda. J’ai beaucoup aimé le regard que porte Nancy Mitford sur sa propre famille, sur la classe aristocratique et sur la fin d’une époque, la sienne.

Elle a même quelques paroles prophétiques, en annonçant ainsi que dans le futur, on s’amusera à rêver de ces grandes familles avec leurs domestiques, leurs soirées.. et nous voilà tout droit dans Downton Abbey ! Nancy Mitford est décédée en 1973 et ne saura jamais qu’elle avait raison. Et puis surtout, Nancy Mitford évoque cette poursuite éternelle de l’amour, qui prive une mère de son enfant, et deux maris de leur épouse, celle-ci à jamais insatiable. Et de terminer ce roman à l’opposé d’un roman d’amour, me laissant, j’avoue perplexe puis enchantée. Il y a une grande intelligence et beaucoup de subtilité dans ce récit.

J’ignore si je vais lire ses autres écrits, sans doute oui, car j’aime son regard suranné et désabusé sur son passé.

Ses romans ont été traduis en français (je pense qu’on les trouve plus facilement en bibliothèque).

♥♥♥

Editions Penguin, 2015,  224 pages

Et pourquoi pas

13 commentaires

keisha 28 septembre 2020 - 13 h 55 min

Je regarde mes braves vieux 10/18, et voici que je possède la série, après A la poursuite de l’amour, tu as L’amour dans un climat froid, puis Le cher ange et Pas un mot à l’ambassadeur? Relire ça, un jour? Why not? Excellents souvenirs.

Electra 28 septembre 2020 - 16 h 37 min

Je me doutais que tu les avais lus ! je crois qu’il y en a trois de la même série et un autre à part (le cher ange?)

mingh 28 septembre 2020 - 15 h 04 min

J’ai des Mitford aussi au fond de ma bibliohèque, mais comme la famille ne m’était pas très sympathique j’ai abandonné ensuite !

Electra 28 septembre 2020 - 16 h 37 min

ah zut ! la vraie famille ou la famille du roman ? la vraie est effectivement effrayante mais gardons à l’esprit que trois soeurs sont restées du « bon côté » 🙂

Ingannmic 28 septembre 2020 - 15 h 11 min

Coucou,

Sans rapport avec ton billet, mais le commentaire que tu as laissé sur mon blog m’interpelle = j’avais noté une LC demain du Chant des plaines de Kent Haruf.. avec toi et Le Bouquineur.

Electra 28 septembre 2020 - 16 h 39 min

ah oui ! je l’ai déjà lu (j’ai lu tous les Kent Haruf) et je voulais le relire avec vous
oh tu dis demain ? euh du coup non pas avec moi par contre je pourrai donner mon avis avec plaisir sur ton billet !!!

Ingannmic 28 septembre 2020 - 16 h 40 min

OK, pas de souci !

La Rousse Bouquine 2 octobre 2020 - 12 h 09 min

Tentant !
Un détail m’interpelle : « Pamela, l’amatrice discret de volaille ». Sa caractéristique est d’aimer le poulet ?

Electra 3 octobre 2020 - 13 h 33 min

Pamela était apparemment la plus « rurale » des soeurs et a toujours préféré vivre à la campagne. Bon il joue aussi peut-être sur le fait qu’après son divorce, elle se mise en couple avec une femme … 🙂

Eva 8 octobre 2020 - 10 h 42 min

j’ai lu un ou deux livres de Nancy Mitford et je n’avais pas du tout accroché à son style. En revanche, je connais et m’intéresse à la famille Mitford depuis de nombreuses années, je te conseille le livre « Ces extravagantes soeurs Mitford », te connaissant, tu vas adorer !

Electra 8 octobre 2020 - 19 h 34 min

Oui, je cherche une biographie car quelle famille ! Pour les livres, son style ne m’a pas dérangé – je note parfois que les traductions jouent beaucoup (sauf si tu l’as lu en anglais) 🙂 du coup je note ta référence, merci ! car il y a pléthore de livres sur elles !

athalie 10 octobre 2020 - 14 h 03 min

Tiens, tiens, pourquoi pas … j’aime bien le côté « fin d’une époque » aristocratique, c’est mon côte Donwton Abbey

Electra 11 octobre 2020 - 16 h 02 min

Alors là tu devrais t’y retrouver ! On a vraiment l’impression que les scénaristes sont venus piocher là

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