Après avoir découvert et énormément aimé le recueil de nouvelles de ce jeune auteur américain (et guide de pêche au Montana), Courir au clair de lune avec un chien volé, j’avais hâte de lire son premier roman. Et c’est chose faite !
J’ai eu la chance de rencontrer Callan Wink en décembre 2017 (ma rencontre est racontée ici) et j’avais hâte de pouvoir le lire à nouveau, après avoir découvert son recueil au printemps de la même année. Un énorme coup de foudre pour ce jeune auteur. Lors de notre rencontre, il travaillait sur deux romans (il avait terminé l’un des deux) et toujours sur des nouvelles. Deux ans et demi d’attente et voici enfin August.
August est un petit garçon, né dans une ferme laitière du Michigan. Ses parents l’élèvent loin de la ville, et le petit garçon s’épanouit mais le couple va mal. Lorsque le couple engage une jeune femme pour aider à la ferme, rien ne va plus. Sa mère s’installe dans la ferme de ses parents, qui existe toujours sur la propriété. Les années passent. Finalement la mère d’August décide de refaire sa vie au Montana et emmène August avec elle. Le garçon tombe amoureux de ses immenses paysages, de cette vie différente de celle qu’il a connue. Tous les étés, il retourne les passer chez son père au Michigan mais a toujours hâte de retourner au Montana. Même si les temps sont difficiles, August n’a pas vraiment d’ami proche, c’est un taiseux. Il joue au football mais il déteste tout ce qui entoure le sport le plus populaire dans ces petites villes. Sa mère est devenue proche d’une jeune femme, qui vit tout à côté. Celle-ci est venue rejoindre son petit ami, mais celui-ci la délaisse. Agée d’une vingtaine d’année, elle va s’éprendre d’August, tout juste âgé de 17 ans.
A ses dix-huit ans, et contre l’avis de sa mère, August refuse d’aller à l’université et préfère aller travailler dans un ranch. Ce dernier est géré par Ancient, un trentenaire taciturne et taiseux. Il représente vraiment le rancher de l’Ouest, celui qui parle peu, travaille dur, n’aime pas trop la foule… August avait fui en partie son ancienne vie et se voit de nouveau confronté à des histoires de voisinage …. Callan Wink avait confié dans son entretien venir lui aussi du Michigan et aimer ces ranchers taiseux. Ce roman qu’il leur consacre est une véritable déclaration d’amour. Callan a vécu aussi à Paris et passe les hivers en Californie (à surfer), et l’été il joue les guides de pêche chez lui au Montana. Du coup, son roman est aussi éclairé, il a du recul par rapport à ces hommes et femmes. Ainsi le voisin, amateur de complot, qui a planté toute une série de panneaux insultant les homosexuels, les Juifs, représente aussi une certaine Amérique (tout en cachant plus d’un secret).
Callan Wink signe ici le portrait d’un jeune homme passant à l’âge adulte. Il décrit ses années cruciales (on se demande s’il y a un part d’autobiographie) dans ce garçon qui se cherche, entre ses parents qui se sont déchirés, ce premier amour voué à l’échec, cette soirée de fin d’année qui tourne mal, cette fuite dans un ranch éloigné de tous… Comme dans son recueil, où il réussit l’incroyable pari de raconter trente ans de la vie d’une femme, il réussit ici à raconter le voyage périlleux de l’adolescence vers l’âge adulte. L’auteur est, comme le dit, Ron Rash, trop intelligent pour laisser la possibilité à ses lecteurs d’émettre quelque jugement sur ce jeune héros inoubliable à travers ses plus chères années.
Le rythme est lent, et pourtant une fois plongée dans le livre, impossible de quitter August. August est vivant. Pour moi, il ne fait aucun doute qu’il vit quelque part au Montana. Car tout est authentique dans le récit de Callan, je le sais car j’ai vécu au Montana, et je suis allée dans les mêmes coins et lorsqu’il parle des Huterrites, je me suis souvenue de ma visite dans leur communauté et de tout ce qu’on racontait sur eux et qui sont repris ici dans ce roman. La preuve, allez-voir le billet que j’ai écrit en 2015 sur La rivière de sang de Jim Tenuto qui les mentionnait, où je parlais de mon expérience avec cette communauté religieuse d’origine allemande.
Bref, en lisant ce roman, j’ai vraiment cru être de retour là-bas, tant les lieux, les anecdotes, m’étaient familiers. Et je me suis évidemment beaucoup attachée à ce jeune homme.
Un formidable roman d’apprentissage, un récit sublime sur le Montana (il y a de la pêche, mais très accessoirement) et un personnage que je vais garder dans mon panthéon personnel. Merci Callan.
Je pense bien que le roman est en cours de traduction chez Albin Michel et en attendant courez lire son recueil de nouvelles !
♥♥♥♥♥
Editions Random House, 2020, 304 pages
Photo by Lloyd Blunk on Unsplash
12 commentaires
Je lirai sans aucun doute sa traduction !
Oui, je pense vraiment que tu vas aimer !
Après ce billet, j’attends avec impatience la traduction !
Merci ! Il vaut vraiment le détour – un petit bijou !
non mais ça ne va plus ! encore un livre que j’ai envie de lire !
désolée !! mais oui, je pense que tu dois le lire !!!
En attendant sa traduction, je vais suivre ton conseil : son recueil de nouvelles est sur mes étagères depuis sa sortie poche…
oui, et puis le personnage d’August apparaît dans une nouvelle et puis la dernière, quelle claque ! hâte d’avoir ton avis !
Je ne suis toujours pas amatrice de nouvelles mais je note celui-ci. Dommage car je viens de recevoir une série de bouquins en anglais. Ce sera pour la prochaine commande!
Ce ne sont pas des nouvelles mais bien un roman ! tu m’as mal lu 😉 Oh je rêve de recevoir des livres ! pour l’instant, ils s’accumulent dans un panier virtuel !
Je vais surveiller de près l’arrivée de sa traduction!
Oui, je pense qu’il te plaira énormément !
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