C’est totalement par hasard que j’ai trouvé ce roman en librairie il y a un an (je me souviens on était en hiver). J’ai aimé la couverture et en lisant la quatrième, j’ai eu envie de partir au Danemark dans les années 50 en compagnie d’Arvid, 12 ans, jeune garçon norvégien qui se présente toujours comme Italien.
Arvid a les cheveux noirs bouclés, et la peau qui bronze vite. Alors qu’il était en vacances au bord de la mer un été, une femme avait félicité sa mère d’avoir adopté cet enfant. Arvid n’est pas adopté. Son arrière-arrière grand-père était Italien et depuis plusieurs générations, il réapparaît à travers cette épaisse chevelure noire et ce bronzage si foncé.
Arvid vit près d’Oslo mais tous les étés, ils partent au Danemark où vivent ses grand-parents paternels, avec son père, sa mère Lene et sa soeur aînée Gryr. La grand-mère effraie le jeune garçon car elle est très pieuse et son grand-père préfère s’enfermer dans son atelier. Les relations sont toujours tendues et le père d’Arvid décide de leur trouver leur propre maison de vacances. Arvid préfère explorer la petite ville, en compagnie du fils du voisin, mais celui-ci à 14 ans a des vues sur la soeur d’Arvid. Ce dernier fête ses 12 ans mais le garçon est tendu, nerveux et chaque réunion de famille tourne au vinaigre.
Il ne peut pas expliquer ce qui se passe en lui, l’adolescence le perturbe. Il ne sait plus gérer les relations sociales, les tensions permanentes entre son père et sa mère, les silences familiaux. Il se raccroche au passé, à cet oncle maternel, Jesper, mort l’année de sa naissance, aux vrais-faux souvenirs du grand-père et trouve refuge dans les livres. Un été comme il y a en sans doute eu tant d’autres avant, mais celui-ci est différent. Le garçon devient un jeune homme et la perte de l’innocence le plonge dans un profond désarroi, une sorte de mélancolie.
Je ne connaissais Per Petterson que de nom, or son écriture est magnifique, et la description du Jutland fait rêver. Il sait en plus donner de la profondeur à ses personnages, la mère, fébrile, est très attachante, le père fuyant, le grand-père ou la grand-tante, tous sont très bien travaillés. J’ai eu vraiment le sentiment de me retrouver en leur compagnie dans cette région scandinave dans les années 50, auprès d’Arvid, un jeune garçon perdu. Un magnifique portrait.
En voulant en apprendre plus sur l’auteur, j’ai découvert qu’il d’abord écrit (en 2010) un roman où Arvid, adulte, allait retrouver sa mère au Danemark après la découverte d’un terrible secret (roman traduit sous le titre de Maudit soit le fleuve du temps) et j’ai très envie à présent de le retrouver. Surtout que dans le roman que j’ai lu, le grand-père évoque cette période mystérieuse où elle revenue auprès de ses parents après la naissance d’Arvid.
Echoland est un roman scandinave avec tout ce qui caractérise ces citoyens nordiques, leur pudeur, leur religion, leurs moeurs avec une apparente froideur mais qui cache derrière les mêmes émotions et émois que tout à chacun. Je réalise aussi que l’avis très positif de Richard Ford a sans doute influencé ma décision de l’acheter à l’époque.
Connaissez-vous l’auteur ? Je n’ai pas trouvé (encore) de traduction de ce roman mais ses autres livres le sont par Circé puis Gallimard.
♥♥♥
Editions Vintage Digital, Ekkoland, trad. Don Bartlett, 2016, 146 pages
Photo by Sandro Kradolfer on Unsplash
10 commentaires
J’avais le très très beau Je refuse de cet auteur (livre découvert grâce à Jérôme!) et depuis je ne l’ai plus lu (va savoir pourquoi…)
Ah oui, c’est sans doute la traduction de son plus connu – bonne question, je fais pareil avec certains auteurs d’où la résolution de lire plus d’auteurs que j’aime cette année
Oh voilà un titre plus ancien que Maudit soit le fleuve du temps qui met en scène Arvid ? Un nouveau titre va paraître chez Gallimard en février, je crois, toujours avec lui. J’aime beaucoup cet auteur ! J’ai lu aussi Je refuse et Pas facile de voler des chevaux.
Maudit soit le fleuve du temps met effectivement en scène Arvid à l’âge adulte, je veux donc le lire. Ce roman se situe donc avant chronologiquement. Je pense le trouver en BM 🙂
J’avais beaucoup aimé Pas facile de voler des chevaux, mais un peu moins Maudit soit le fleuve du temps ou Je refuse…
Je crois que celui que tu as lu sort en février chez Gallimard sous le titre Des hommes dans ma situation. (et c’est bien tentant !)
https://www.babelio.com/livres/Petterson-Des-hommes-dans-ma-situation/1276568
Merci pour le lien ! Non, on retrouve encore Arvid mais ce n’est pas du tout l’histoire. Décidément, Arvid ne cesse de réapparaître ce qui me fait dire que j’ai donc encore beaucoup à lire de lui !
Je ne connais pas, mais je note et je souligne!
Bien ! Je pense qu’il te plaira, je l’avais mis à partir mais avec le recul, je veux lire ses autres livres. Il est très touchant.
Bon ben, c’est bien joué! Tu me donnes envie de le lire. Le hic, c’est que celui-ci n’est pas traduit. Mais je vais mettre la main sur Maudit soit le fleuve du temps et sur Des hommes dans ma situation, qui tous les deux semblent mettre ne scène le personnage adulte. Bien joué, je te disais!
Je vais aussi les lire bien évidemment, j’ai envie de connaître le secret ! Pour la traduction, j’imagine qu’ils vont aussi le traduire car ça fait partie de la même histoire et de l’oeuvre de l’écrivain 🙂 Et là je lui fais de la pub donc la maison d’éditions : au boulot !
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