Friday Black · Nana Kwame Adjei-Brenyah

par Electra
2,4K vues

Le challenge #maiennouvelles continue avec ce premier recueil d’une nouvelle voix de la littérature américaine, Nana Kwame Adjei-Brenyah. Le Caribou l’a lu, et moi aussi ! A-t-on pensé la même chose ?

Pousser le tout à l’extrême, basculer dans la dystopie. C’est à ce jeu que s’est amusé le jeune auteur et le résultat est tout simplement effrayant. On a tous en tête les images de badauds se basculant pour entrer les premiers dans un magasin de vêtements le premier jour des soldes, et bien ici on les attend avec des battes de base-ball et on compte les morts à la fin de la journée (clients et vendeurs). Mais il faut toujours faire du chiffre. Et quand un père blanc se sentant menacé par des enfants noirs leur coupe la tête à coup de tronçonneuse, on comprend sa peur et il sort libre du tribunal …

Difficile de résumer ce recueil, sinon qu’il fait froid dans le dos ! L’être humain en version exacerbée est, chez l’auteur américain, transformé en un monstre sanguinaire prêt à tuer pour un manteau ou pour sa sécurité. Sa vision de l’Amérique est troublante. Il est clair que ce recueil révolutionne un peu le genre de la nouvelle, en nous offrant une dystopie du pays du capitalisme.

Et puis, il ne fait pas bon être noir dans cette Amérique, alors on étudie son degré de noirceur sur une échelle de 1 à 10 – tout compte : la coiffure, les vêtements et la démarche. Il faut pencher la tête, ne pas soutenir le regard et tant pis son les blancs vous tuent sans raison. On apprend aux enfants à s’effacer. La révolte gronde, évidemment…

Je ne suis pas particulièrement fan de la dystopie, ni de la science-fiction en général, qui encore une fois, offre une vision catastrophique de l’avenir de notre monde, mais cette version m’a quand même captivée par son horreur et parce qu’elle joue sur nos préjugés. Pour ma part, c’était un peu too much parce que je me refuse à être aussi négative (je ne suis pas d’un naturel optimiste pour rien). Mais si je dois en retenir une, les 5 de Finkelstein reste pour moi la meilleure nouvelle du recueil, percutante et nécessaire. C’est terriblement intelligent. Si vous aimez ce genre, vous allez être emballé(e) !

♥♥♥

Editions Albin Michel, Trad.Stephan Roques, 2021, 272 pages

Photo by Ashkan Forouzani on Unsplash

Et pourquoi pas

6 commentaires

Ingannmic 29 mai 2021 - 10 h 45 min

Moi j’aime beaucoup la dystopie, je trouve que c’est un genre très intéressant qui permet de mettre en évidence avec force, par un sens maîtrisé de la caricature, des problématiques sociétales, culturelles… Je l’avais déjà noté suite à l’avis du Caribou. Mon billet de demain sera d’ailleurs une incursion dans la SF, avec là aussi, des extrapolations qui donnent de notre monde une image bien sombre (mais pas que !)…

Electra 31 mai 2021 - 11 h 40 min

tant mieux ! Il en faut, moi beaucoup moins car la dystopie est toujours une vision du monde très négative, comme ici où toutes les tares humaines sont poussées à l’extrême
je suis d’un naturel optimiste aussi j’ai du mal avec cela 🙂

Marie-Claude 2 juin 2021 - 3 h 14 min

Non mais quel recueil! Je n’ai jamais rien lu de tel. Autant de violence – malaise… Des nouvelles pas si loins du réel et c’est ce qui fait le plus froid.
Je serai curieuse de lire son premier roman ou son prochain recueil…

Electra 2 juin 2021 - 8 h 18 min

oui pareil ! ça fait froid dans le dos, car ça part de choses concrètes mais pour virer au cauchemar !

Eva 2 juin 2021 - 9 h 51 min

je me l’étais noté pour le challenge mais je n’ai pas eu le temps de le lire ! je le lirai cette année, je pense.

Electra 2 juin 2021 - 9 h 53 min

oui, j’avais noté le Kevin Hardcastle et idem ! du coup, je le garde pour plus tard (cet été) – celui-ci est vraiment très fort, hâte de voir ce que tu vas en penser !

Les commentaires sont fermés