Territory of Light · Yuko Tsushima

par Electra
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Je n’ai pas particulièrement envie de lire des romans japonais, mes précédentes tentatives ayant été plutôt des échecs,
à part The Memory Police de Yoko Ogawa. Puis j’ai croisé ce livre, sa couverture et la présentation de l’éditeur m’ont convaincu.

Je ne savais pas qui était Yuko Tsushima en achetant le roman. L’autrice, très connue au Japon, est née en 1947 et décédée récemment en 2016. Essayiste, novelliste, l’écrivaine a publié ce roman sous forme de nouvelles (les 12 premiers chapitres) dans un mensuel littéraire entre juin 1978 et 1979. Et je dois avouer que je n’ai pas du tout senti l’empreinte du temps sur ce roman.

Le printemps est arrivé. Une jeune mère de famille, dont le mari l’a quitté, commence une nouvelle vie dans un appartement à Tokyo avec sa fille âgée de 2 ans. Le roman se déroule sur une année. La jeune femme a choisi cet appartement pour sa luminosité, qui envahit tout l’espace. Malgré cela, c’est la noirceur qui entoure la jeune femme. Elle plonge dans la dépression, et les mois passants doit apprendre à faire face et à gérer sa fille qui exprime à sa manière sa frustration.

J’ai adoré cette lecture, ce roman dégage une atmosphère vraiment unique. Même si le sujet est grave, la prise de conscience de ce qu’on l’a perdu – l’autrice réussit à transmettre la sourde colère et tristesse de cette jeune femme. Une année de hauts et de bas. Avec toujours la beauté de lumière, et cette forme de rêverie – il m’est difficile d’y mettre des mots.

Il y a aussi en fond la difficulté, surtout au Japon, pays très traditionaliste, de voir une femme divorcée.  On la suit dans ces déambulations, dans ses tentatives de fuite, d’oubli et puis cette lumière qui devient aveuglante et cet enfant qui s’exprime par les coups. Et puis, peu à peu, les choses se tassent, la paix revient. Cette femme m’a vraiment touchée et j’ai trouvé cela extraordinaire car c’est une des difficultés que j’ai beaucoup connues par le passé avec les romans japonais : l’absence d’épaisseur aux personnages, leur unique dimension, or ici c’est l’inverse. Elle existe, ressent des émotions même si elle n’arrive pas à mettre des mots sur son comportement ou sur ses sentiments, elle est bien réelle.

J’ai donc décidé de m’acheter très vite un autre de ses romans.

♥♥♥♥

Editions Penguin Fiction, 2018, 122 pages

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Et pourquoi pas

8 commentaires

Sunalee 23 juin 2021 - 8 h 01 min

De mon côté, je suis friande de romans japonais, je suis donc tentée !
Je me suis aussi demandée pourquoi je n’avais jamais vu ses livres en librairie et la page wikipedia m’apprend que les traductions en français datent des années 1980 et 90. Je vais voir si ces livres se trouvent encore.

Electra 23 juin 2021 - 14 h 33 min

oui, je n’ai pas eu le réflexe d’aller voir s’ils avaient été traduits en français; l’autrice est décédée récemment. Mais franchement c’est vraiment très bien, et différent et pas très long.

mingh 23 juin 2021 - 14 h 31 min

Je lis la littérature japonaise de façon occasionnelle ( à part les classiques comme Kawabata et Mishima) , je suis plutôt fan de cinéma et de séries. Mais ta présentation m’intéresse, je note les références, je ne connais pas cette auteure.

Electra 23 juin 2021 - 14 h 36 min

oui, j’ai eu des expériences malheureuses au départ, comme le célèbre Banana Kitchen que j’ai lu il y a dix ans, et je n’avais pas du tout accroché or ici l’écriture est magnifique, et les personnages vraiment approfondis avec cette atmosphère… Je n’ai jamais lu Kawabata et Mishima, ma faute !

uneviedevantsoi 27 juin 2021 - 12 h 39 min

Oh la la, une tentation de plus! Le sujet m’intéresse et bien que j’en lise peu, j’apprécie la littérature japonaise. Bon, je le note, pas le choix 🙃😉

Electra 28 juin 2021 - 15 h 11 min

Désolée mais je pense que tu vas aimer ! Une vraie découverte, et puis une écriture si envoutante !

Lune Depassage 29 juin 2021 - 11 h 09 min

Je connais trop peu la littérature japonaise, à l’exception de Murakami dont j’avais adoré Kafka sur le rivage mais dont les autres romans m’avaient déçue… Mais ton article me fait bien envie, et j’aime beaucoup le titre de ce livre!

Electra 29 juin 2021 - 13 h 52 min

Oui ! et l’écriture, et puis l’atmosphère, j’ai été totalement emballée ! et moi aussi, je sors de lectures japonaises mitigées (souvent les personnages ne sont pas tri-dimensionnels, il leur manque de la profondeur) mais là pas du tout.

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