J’ai décidé de lire les romans de Toni Morrison dans leur ordre chronologique. J’ai donc lu The Bluest Eye (L’oeil le plus beau) et je retrouve ici Toni avec son second roman, Sula.
Sula a été écrit en 1973 et publié deux ans plus tard. Un texte âpre, sans fioriture. Le talent de Toni Morrison apparaît dès les premières pages. Elle décrit la vie à Médaillion entre 1910 et 1965. La ville où les Noirs, anciens esclaves ont été relégués. Ils vivotent toujours à la recherche d’un travail. Parmi eux, se trouve Eva, une femme de caractère, qui vit désormais avec sa fille Hannah et sa petite-fille Sula, ainsi que son fils revenu de la guerre, incapable de se nourrir et prendre soin de lui. Et Eva a adopté trois garçons qui répondent au même nom, Dewey. Eva est une femme de caractère, elle est crainte par les autres habitants. Elle vit librement, et se fiche des conventions de l’époque.
Sula va voir son oncle, puis sa mère, mourir brûlés vifs. Elle se réfugie aux côtés de Nel, sa meilleure amie. Inséparables, elles sont jeunes et refont le monde ensemble. Un jour, au bord de la rivière, qui sépare les Blancs des Noirs, elles s’amusent avec un garçon, lorsqu’il tombe à l’eau et ne réapparaît pas. Les jeunes filles ne diront rien. Les années passent, Sula quitte Médallion , tandis que Nel se marie et a trois enfants. Dix ans plus tard, Nel est de retour. Comme sa mère et sa grand-mère, Sula est une femme sans empathie, froide et calculatrice. Les hommes ne sont que de passage, ils ne servent qu’à son plaisir. Très vite, les épouses de Médallion la craignent. Eva l’avait dit : elle a le sang mauvais. Elle a l’œil du diable. Nel va subir à son tour la magie noire de Sula. Qui pourra l’arrêter?
So they laid broomsticks across their doors at night and sprinkled salt on porch steps. (..) As always the black people looked at evil stony-eyed and let it run.
Certaines scènes du roman m’ont laissé comme paralysée d’effroi. Toni Morrison n’épargne rien à son lecteur : le racisme, la cupidité, la vie aux côtés du Diable, les croyances locales, la misère sociale. Tout y est. Ce qui m’a marqué c’est que l’histoire prend fin aux début des années 60, les droits des Noirs sont devenus un sujet majeur avec les manifestations, Martin Luther King Jr. et l’autrice écrit son roman dix ans plus tard, seulement dix ans plus tard.
Eva said yes, but inside she disagreed and remained convinced that Sula had watched Hannah burn not because she was paralyzed, but because she was interested.
Énorme coup de cœur pour ce roman qui ne vous laissera pas indifférent. A lire, absolument. J’ai jeté un coup d’œil à la traduction de l’exemplaire du Caribou (une édition 10-18) et elle vaut le détour 🙂
♥♥♥♥♥
Editions Vintage, 2000, 208 pages
14 commentaires
Il faut absolument que je lise cette auteure!! Honte à moi, j’en ai même plusieurs sous le coude, pas celui-ci mais ta chronique me donne envie évidemment.
Elle fait partie des auteurs dont je repousse sans cesse la lecture et pourtant qu’est-ce que j’aimais l’écouter parler…
T’inquiète, j’ai commencé très tard. J’ai lu d’abord ses essais avant de venir à ses romans. Tu as tout le temps, je n’en suis qu’au deuxième (sur 12 ? )
Il faut absolument que je lise cette auteure! Honte à moi, j’en ai même plusieurs sous le coude, pas celui-ci mais ta chronique me donne envie évidemment.
Elle fait partie des auteurs dont je repousse sans cesse la lecture et pourtant qu’est-ce que j’aimais l’écouter parler…
un doublon mais avec ton icône cette fois-ci ! et pareil, j’adorais l’écouter 🙂
Oui, il faut que je relise Toni Morrison.. j’ai beaucoup aimé « Le chant de Salomon » et « Home », et j’ai eu un peu plus de mal avec « Jazz », que j’ai trouvé complexe. Je suivrai donc avec intérêt tes lectures Morrisoniennes !
Je vais lire ensuite le Chant de Solomon je crois, donc bonne nouvelle ! oui, suis-moi dans ces nouvelles aventures !
Comme Ingannmic, il faut que je retrouve cette auteure : j’ai beaucoup aimé Home et eu du mal avec L’oeil le plus bleu. Je note celui-ci.
J’ai aimé L’oeil le plus bleu mais Sula est différent – je pense que son style évolue avec le temps.
J’ai accroché définitivement avec Home, une vraie claque. J’ai entendu dire que certains titres sont assez complexes, comme Jazz, ce qui me freinait un peu. et la lecture de Beloved m’en a donné un aperçu . Ce fut une lecture passionnante mais qui m’avait quand même demandé une attention continue … Sula, d’après ce que tu en dis semble d’une construction narrative assez accessible, je le note.
Oui, je pense qu’elle a évolué avec le temps. Celui-ci est accessible mais reste une expérience très forte de lecture ! Je ne vais pas l’oublier de sitôt 🙂
Je t’ai vu le dévorer et reprendre ton souffle. Il m’attend et je compte le lire d’ici la fin de l’année.
Oui, il marque durablement ! A lire absolument
Tu t’es lancée dans un projet dans lequel j’avais plus ou moins (en fait, moins) pensé me lancer moi-même : lire TOUT Toni Morrison (pas forcement dans l’ordre chronologique de publication, cela dit). Bref, tu l’as fait et c’est un plaisir de lire tes retours de lecture même si ça me culpabilise de ne pas avoir eu la volonté d’aller au bout de mes envies 🙂
Je n’en ai lu que 2 (ou 3?) du coup tu as tout à fait le temps de te plonger aussi dans l’aventure ! surtout si tu n’as pas d’ordre chronologique, ses romans sont courts et franchement elle t’ira bien – elle va droit au but !
Les commentaires sont fermés