Lu dans le cadre du challenge Les Feuilles Allemandes, organisé par Frueka, Eva et Patrice, j’ai découvert l’Allemagne en pleine guerre, en 1945 à travers une galerie de personnages installés dans un des hôtels les plus luxueux, et encore entier de la capitale allemande.
Berlin -1945. La guerre fait rage. Les informations transmises à la radio sont bien différentes de la réalité : les bombardements pleuvent sur la ville, et le rationnement est de rigueur. Mais les Allemands veulent croire à la victoire finale. Après tout on leur rapporte d’excellentes nouvelles du front Est. L’hôtel fonctionne donc en accueillant l’élite de la ville : hommes politiques, diplomates étrangers (Français, Suisses, Italiens..) mais aussi des acteurs et actrices, des pilotes de chasse en rémission, et hommes d’affaires louches. Entre deux alertes à la bombe, ils se retrouvent autour d’un verre à écouter la radio et à croire à la victoire finale.
L’hôtel organise de somptueuses soirées où certains généraux viennent retrouver leurs « poupées », une prostituée du nom de Tilli qui fait tourner la tête aux soldats et puis pour la première fois, l’égérie du Fürher, la plus célèbre comédienne de son temps : Lisa Doorn. Elle vient y rejoindre un Général qui n’a d’yeux que pour elle. Celle pour qui les Allemands ont le courage de braver les bombardements pour venir l’applaudir sur scène. La jeune femme est persuadée du succès militaire de son pays. Elle ignore tout des mouvements de résistance allemands et de la chasse à l’homme organisée autour de Martin Richter, un étudiant poursuivi par la Gestapo. Or le hasard va les mettre en face à l’un de l’autre.
J’avoue: j’ai eu une légère frayeur en lisant ce roman : celui d’une histoire à l’eau de rose. Je n’ai rien contre les histoires d’amour mais je n’ai pas compris son intérêt ici. J’ai trouvé l’héroïne digne d’un roman de Barbara Cartland, je n’ai pas cru une seconde à l’histoire et je n’ai pas aimé comment elle est racontée. J’ai donc eu l’idée de lire plus vite ces passages et j’ai eu raison de persister car ensuite la romancière revient sur l’histoire de ces pensionnaires – et la manière dont elle s’attaque au gouvernement hitlérien, tous ces individus ne cherchant que leur intérêt personnel. Elle condamne fermement ce parti qui a mis en place la Gestapo – un monde où la menace, le chantage, la torture sont devenues monnaie courante. Les voici pris au piège, et sentant le vent tourner, ils veulent tous fuir et mettre de l’argent (volé aux Juifs ..) de côté. Pathétique.
Les dernières heures de cet hôtel sont particulièrement fortes, et j’aime la fin imaginée par l’autrice. Cette dernière juge crument ce peuple qui selon elle sont les champions du misérabilisme, qui ont fait tant la guerre à l’extérieur, qu’ils découvrent pour la première fois les combats sur leur sol et passent leur vie à se plaindre.
Ce livre est un réquisitoire contre cette réalité de la guerre, le luxe dans lequel se vautrait cette élite alors que le peuple crevait de faim… Une bande de rats prête à tout pour fuir le navire. Vicki Baum, d’origine juive, avait du fuir son pays dans les années 30 et a publié ce roman en anglais alors qu’elle vivait en Amérique. Il sera finalement publié en allemand des années plus tard. Si Vicki retourna en Europe après la guerre, elle ne remit jamais les pieds dans son pays.
♥♥♥
Editions Métailié, Hotel Berlin, trad. Cécile Wajsbrot, 2021, 320 pages
12 commentaires
J’ai lu, il y a des années, « Sang et volupté à Bali » de la même autrice, mais je n’en ai plus aucun souvenir !
ah bon ? Je ne connais que ce livre d’elle, du coup je vais aller voir ça
je l’avais repéré, je note cependant tes bémols
Oui mais tu peux passer au-dessus, c’est moi et ma foutue répulsion des histoires d’amour, surtout dans un roman « historique » mais après un seul passage un peu neuneu le récit reprend le dessus et c’est glaçant …
Eva m’enlève les mots de la bouche! Merci beaucoup pour ta participation.
De rien ! j’espère faire mieux l’an prochain 🙂 apparemment tu t’es bien amusée ! tu peux aussi oublier mes bémols, le roman vaut le détour .. période sombre de l’histoire humaine
Oui et ce n’est pas fini! Il me reste encore deux billets…
Wow ! Tu assures !
Un classique que j’envisage de lire depuis des années, pour ne pas dire des dizaines d’années… et tes bémols sur la romance, ne vont rien arranger à la chose 🙂
Ça dure genre dix pages et après ça redevient passionnant ! C’était l’époque les lecteurs voulaient aussi du rêve. Mais tu as une sacrée bibliothèque !
Pour ça, les bouquineries et boîtes à livres sont très pratiques… et la lecture numérique n’arrange rien à l’accumulation (tu sais, la peur de manquer quelque chose, genre : « je mets de côté, au cas où… un jour tel livre soit épuisé, que je ne sois plus en mesure de me déplacer et/ou de commander., ou carrément qu’on ne publie plus aucun livre. » Un clic, et hop, dans la boîte ! 😱)
Oui, je devrais utiliser ma liseuse, mais là je réfléchissais à acheter un livre que je possède déjà sur ma liseuse car je préfère largement le papier au numérique mais bon… Je te rejoins pour les bouquineries ! Je suis moins chanceuse que toi pour les boîtes à livres, je trouve peu de pépites .. à moins d’aimer Russo et 50 shades of Grey …
Pour ta peur de manquer, je te rassure, ça n ‘arrivera pas ! mais c’est amusant, car pour beaucoup c’est la peur de manquer de papier toilette qui les obsède LOL
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