C’est en lisant le magazine Elle que j’ai croisé la route de Marie Bosch, elle racontait, en deux courtes pages son histoire. J’ai alors su qu’elle en avait fait une bande-dessinée, et chanceuse j’ai vu que le livre était disponible à la bibliothèque.
L’histoire commence comme un conte de fée: Alice et Marc sont amoureux depuis onze ans. Ils se sont rencontrés au lycée en dernier année. Tous les deux sont venus vivre à Paris une fois leurs diplômes obtenus. Ils se sont mariés, ont acheté leur premier appartement et les voilà parents d’une jolie petite fille âgée de deux mois. De retour de Strasbourg où ils ont passé les fêtes de Noël avec leurs familles respectives, une mauvaise surprise les attend. Leurs clés ne fonctionnent pas. Impossible de rentrer chez eux. Un voisin leur annonce que leur appartement a été vendu aux enchères.
Incompréhension totale. Ils sont finalement hébergés par une amie, et le lendemain Marc file à la banque voir ce qu’il en est. Alice de son côté retourne à l’appartement et croise un autre voisin qui lui dit que Marc était présent le jour de la vente. Alice n’y croit pas. Ce dernier revient le soir et parle d’usurpation d’identité. Alice décide d’aller au commissariat porter plainte. Mais à nouveau, les policiers déclarent que son mari était présent. Au bout du troisième jour, Alice se décide à appeler la banque : Marc rembourse bien le prêt immobilier tous les mois depuis leur compte commun ? Elle a les relevés sous les yeux. Le banquier est limpide : non, aucun emprunt n’a été payé sur ce compte et son époux ne touche aucun salaire.
La sidération. Marc, parti tôt le matin, toujours prêt à en découdre, ne répond plus à ses SMS, ni ses appels. Il disparaît. Elle ne leur reverra pas. Onze années d’amour, un bébé, et puis plus rien. La chute est immense. Je ne dirai rien de la suite. Juste que la bande-dessinée traduit bien les étapes qu’il aura fallu, les mois et années, à la jeune femme pour se reconstruire, alors que son époux lui a fait « reset » comme il le dit à un ami et se réinvente une nouvelle vie.
Ce qui m’a le plus choqué, c’est le droit français. Marc est adulte, il a le droit de disparaître. Soit. Mais, il est impossible de le poursuivre. Il a vidé tous les comptes, a accumulé des tonnes de dettes, a abandonné le domicile conjugal et sa fille. Mais qu’importe, ils se sont mariés sous le régime de partage commun. Elle se retrouve avec toutes les dettes, il garde l’autorité parentale et n’a pas de version alimentaire à payer !
Le juge déclarant même que sa disparition suffit pour ne pas lui réclamer de pension alimentaire. SIC. Sans pension indiquée sur le jugement, elle ne peut prétendre à aucune aide. Elle ne peut obtenir de place en crèche car il a encore l’autorité parentale, il lui faut sa signature .. Le logement, idem. Sa belle-famille (excepté pour les grands-parents de Marc qui l’aideront à payer sa part sur l’emprunt immobilier) plaint le pauvre Marc, sans doute malheureux…
J’ai lu dans l’article d’Elle qu’elle avait reçu plein de témoignages racontant la même histoire. Je ne sais pas comment ces personnes peuvent exister et totalement dissocier leurs vies. Sans doute, sont-ils totalement incapables d’éprouver le moindre sentiment, ils portent juste un masque en permanence. Quelle triste vie.
♥♥♥♥
Editions Les Enfants Rouges, 2022, 144 pages
9 commentaires
Incroyable!!!
Même si c’est vrai qu’il y a plein de gens adultes qui disparaissent chaque année (18 000 adultes en France ai je appris)
oui ! je suis aussi restée complètement coi devant son histoire et le comportement de cet homme .. Je n’en parle pas de mon billet, mais il a apparemment refait sa vie, se présente comme agent immobilier et parade sur Facebook …
J’ai une collègue à qui il est arrivé une histoire du même genre… C’est assez inconcevable que rien ne soit prévu dans le droit français pour protéger celui ou celle qui se retrouve ainsi victime d’un(e) conjoint(e) aussi inhumain(e)…
Oh dingue ! Je la plains ! Lui avait contracté tellement de dettes et l’emprunt pour l’appartement, bref .. c’est ça le plus choquant…
Elle a juste réussi à prouver qu’il avait imité sa signature sur deux ou trois crédits à la consommation mais sinon rien. Je pensais que l’abandon de domicile était reconnu mais pas du tout.
Je crois avoir déjà entendu cette histoire, sur France Culture je crois… sidérant !
Oui et savoir qu’elle a reçu plein de témoignages similaires ça fait froid dans le dos !
Ohlala j’ai envie de savoir la suite!!!
emprunte-le ! Je pensais que tu l’avais déjà lu 🙂
C’est la collègue d’une de mes copines…!! j’étais hallucinée quand j’ai entendu parler de cette histoire ! Je suis contente qu’elle ait remonté la pente, qu’elle ait sorti cet ouvrage…c’était tellement rageant et terrible ce qu’il lui est arrivé…
Les commentaires sont fermés