J’ai pris ce livre en main car il est tout petit et se glissait facilement dans mon sac à main. Je venais de finir ma lecture du roman coréen Le Jardin et j’avais besoin d’enchaîner avec yb autre roman. Avec un classique de la littérature russe me direz-vous ? Pourquoi pas.
Me voici donc plongée en 1883 aux côtés de Iacha ARATOV, un jeune homme studieux et plutôt terne. Ce dernier ne s’est jamais intéressé aux choses de l’amour, qu’il trouve, à son jeune âge, plutôt stupide. Il préfère passer son temps dans les livres et mène une existence presque monacale, si ce n’est son meilleur ami qui vient de temps en temps le sortir de sa torpeur. Un jour ce dernier l’invite à une soirée où se produisent plusieurs artistes, dont la mystérieuse mais néanmoins célèbre Clara Militch. Cette dernière a un physique de gitane et Iacha la trouve plutôt vulgaire, mais lorsqu’elle récite son poème, la jeune femme ne le quitte pas des yeux.
Tandis que cette noiraude au teint bistre, aux cheveux rêches, à la lèvre moustachue, elle était surement mauvaise, fantasque.. Cette « tsigane » (Aratov ne pouvait imaginer pire mot que celui-là) – que lui était-elle ?
De retour chez lui, il réalise son trouble mais refuse de céder à ses émotions. Un évènement les pousse à se rencontrer à nouveau mais Iacha en revient déterminé à l’oublier totalement. Les mois passent et un jour il apprend l’affreuse nouvelle : la jeune femme s’est suicidée. Commence alors pour lui une sorte de quête amoureuse et spirituelle, il est totalement incapable de penser à autre chose et veut absolument comprendre son geste. Il quitte alors Saint-Pétersbourg pour aller dans sa famille et tenter de mettre des mots sur ses maux. Car peu à peu, les hallucinations prennent le pas sur la raison et il est persuadé qu’elle est à ses côtés….
Et de nouveau, il eut la même sensation, de cette emprise qui s’exerçait sur lui. Elle se manifestait aussi en cela que l’image de Clara se dressait continuellement devant ses yeux dans les plus petits détails, des détails qu’il n’avait pas l’impression d’avoir remarqués de son vivant ; il voyait oui, il voyait ses doigts, ses ongles, la ligne des cheveux sur ses joues, au-dessus de ses tempes, un petit grain de beauté sous l’oeil gauche; il voyait le mouvement de ses lèvres, de ses narines, de ses sourcils.. et la démarche qui était la sienne et le port de sa tête légèrement inclinée du côté droit .. il voyait tout !
Un court roman qui m’a permis de découvrir la plume d’Ivan Tourguéniev dont j’ai étudié les poèmes (en russe) mais pas les romans. Un style bien classique, de son époque et qui me semblait légèrement pompeux au départ puis m’a peu à peu emporté et j’ai dévoré la faim. Peut-on vraiment mourir d’aimer ? Telle est la question d’Ivan et je vous laisse y répondre en lisant ce roman.
♥♥♥
Editions Folio, Клара Милич, trad Françoise Flamant, 2004, 144 pages
Photo de Caroline Hernandez sur Unsplash
8 commentaires
De lui j’ai lu Moumou, complètement différent!!! C’est sûr qu’un classique russe, c’est bien.
oui ! ça fait une pause, et puis j’ai vraiment été surprise d’être aussi happée vers la fin pour une histoire, au final, très étrange
Toujours pas lu cet auteur, mais ça fait longtemps que je n’ai pas fait un tour en Russie. Très intriguée par cette fin qui t’a happée !
oui j’étais la première étonnée ! je ne pensais pas être aussi sensible à la combustion
C’est très pratique cette petite collection chez Folio. J’avis justement prévu de faire le plein pendant les vacances. On glisse les livres dans le sac à main et on peut lire dans les transports en commun.
oui exactement ! j’en ai plusieurs, et hop on glissa ça dans le sac et ça se lit vite !
J’ai eu ma dose d’histoire d’amour tragique à sens unique. Je vais en rester là. À te lire, un souvenir de lecture marquant (dans le bon sens) surgit: la lecture de Lettre d’une inconnue de Zweig et des Nuits blanches de Dostoïevski. Merci pour cette réminiscence!
Oui, je dois les lire mais comme toi, je vais y aller doucement. Et puis, ce n’est pas non plus mon thème préféré !
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