Amsterdam · Maya Arad-Yasur

par Electra
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En mars dernier, je suis retournée à la plus grande médiathèque de ma ville, où je n’avais pas posé les pieds depuis fort longtemps mais où je savais que les livres que j’avais en tête (3 livres) étaient disponibles. J’ai ajouté les rayons Poésie et Théâtre – où j’ai repéré plusieurs titres. Je suis finalement repartie avec cette pièce contemporaine, je n’ai pas pu prendre la deuxième ayant atteint mon quota d’emprunts. Tant pis.

Je n’avais jamais entendu parler de cette pièce, Amsterdam, ni de l’autrice, Maya Arad-Yasur,  mais en lisant les deux premières pages, j’ai tout de suite accroché.  La situation de départ est la suivante : une jeune violoniste, israélienne, enceinte et vivant à Amsterdam reçoit un beau matin une facture de gaz d’un montant de 1 700 euros, impayée depuis …1944.

La jeune femme va tenter de comprendre d’où vient cette facture (viendra une scène irréaliste avec l’administration) et surtout l’histoire de cet appartement. Mais ce qui fait la force de cette pièce est le format narratif théâtral que l’autrice a choisi : elle laisse en effet les protagonistes décider de la suite de l’histoire, ils construisent le récit chacun leur tour en s’autorisant des écarts, en créant de nouvelles directions à l’histoire, en touchant aux personnages et aux époques.

Cela donne lieu à des dialogues très vivants, enjoués et cela permet au récit d’être moins sombre car le sujet (la Shoah) est grave. J’ai beaucoup apprécié cette liberté accordée aux acteurs et j’aurais vraiment aimé pouvoir voir cette pièce sur scène.

Et Auschwitz alors ?

Un temps de silence.
Auschwitz oui, mais pas parce qu’elle était juive.
Ah bon ?

Oui, les gens en ont ras-le-bol d’entendre parler des Juifs. Le sujet est rebattu, ressassé, remâché. C’est comment .. dire…c’est..

Has been.

Exactement, les Juifs, c’est has been.

J’ai appris qu’elle avait été primée à plusieurs reprises malgré son ironie qui peut sans doute choquer quelques âmes sensibles. Je l’ai lue cependant avec un regard différent, avec la situation actuelle en Israël et l’image aujourd’hui que les gens projettent sur le peuple juif. 72 pages mordantes. A lire.

Poussez ! Poussez ! Poussez !

Et évitez de péter en même temps.

Ici, en Europe, on accouche avec élégance.

♥♥♥♥

Editions Théâtrales, trad. Laurence Sendrowicz, 2019, 72 pages

Photo de Aquiles Carattino sur Unsplash

8 commentaires

je lis je blogue 15 juillet 2024 - 7 h 02 min

Je me dis toujours que je devrais lire plus de théâtre, que je rate sans doute des pépites.

Electra 21 juillet 2024 - 16 h 20 min

pareil que toi ! d’où ma décision, de lire une pièce par mois, celle-ci est courte mais vraiment forte !

keisha 15 juillet 2024 - 7 h 13 min

J’ai du mal à lire du théâtre, mais là tu emportes mon adhésion.

Electra 21 juillet 2024 - 16 h 20 min

Merci ! oui, je pense qu’elle te plairait – sulfureuse mais nécessaire

Livr'escapades 15 juillet 2024 - 7 h 22 min

Je ne lis pas de théâtre, à tort peut-être. Ton enthousiasme fait plaisir à lire en tous cas.

Electra 21 juillet 2024 - 16 h 23 min

Je suis comme toi, j’en ai étudié à la fac mais ensuite j’ai arrêté or certains films sont inspirés de pièces et je me dis comme toi que je loupe des pépites

Fanja 16 juillet 2024 - 1 h 12 min

J’adore le concept de cette pièce et le sujet m’intéresse ! Je vais regarder de suite si mes biblis l’ont. Merci pour cette découverte !

Electra 21 juillet 2024 - 16 h 20 min

de rien ! il y a des pépites qui se cachent dans nos rayons de bibliothèque

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