Sean a grandi à Belfast. Plutôt doué, il a été accepté à l’université et a quitté sa ville natale pour Liverpool. Sean est l’exception, aucun de ses potes n’est allé à l’université, et aimer lire n’est pas commun dans sa génération.
De retour trois ans plus tard, rien n’a changé et son diplôme en littérature ne lui ouvre aucune porte. Même si le conflit d’Irlande du Nord, les fameux Troubles est « officiellement terminé », reste que le chômage, la drogue sont omniprésents.
Il y retrouve les mêmes amis, la même faune, sa famille dysfonctionnelle – les mêmes portes fermées. Pas d’issue de secours. Le vent ne s’est pas levé. Sean ne fait pas exception, avec ses potes, ils tuent leur ennui en buvant et en se droguant. Sean tente pourtant de croire à un futur plus joyeux. Mais rien n’y fait, et après plusieurs mois, il se retrouve à squatter un appartement avec son meilleur pote. L’argent se fait rare. Il a été embauché pour être serveur dans le coin VIP d’une boîte de nuit.
Mais un soir, il est pris à parti dans la rue par un fils à papa et tout dérape. L’homme porte plainte contre lui. Inquiet, Sean ne dort plus. Il craint la prison. Il abuse de l’alcool, la drogue qui circule partout et finit par perdre son seul emploi. Il s’accroche à une amie avec lequel il peut de temps en temps trouver un peu de tendresse, mais elle a décidé de quitter Belfast pour Berlin.
Finalement, la sentence tombe. Comment tenir le coup ? Comment ne pas tout laisser tomber ? Comment croire encore à un avenir dans ce paysage de désolation ? Michael MAGEE offre un portrait touchant de la classe ouvrière qui lutte dans cette ville, toujours sous le coup des Troubles qui ont secoué le pays pendant plus de trente ans. Difficile de ne pas déprimer avec Sean, surtout que les exemples autour de lui de gars qui replongent ne manquent pas. Un gamin qui a rêvé d’avoir un père, une famille normale, un job normal mais la vie ne lui offre rien de cela.
Un premier roman impressionnant de justesse, avec le personnage de Sean extrêmement touchant. Malgré les heures sombres, il continue de croire à un avenir plus dégagé et noircit des carnets, car il se rêve romancier, et on rêve avec lui. J’ai eu du mal à lui dire au revoir. Michael MAGEE a réussi à créer un personnage si réel qu’on a l’impression de le connaître et à qui on a constamment envie de tendre la main. Je crois que je suis accro aux personnages un peu paumés mais qui veulent toujours croire à une issue plus joyeuse. Un roman lumineux. Merci à Brittany pour l’avoir conseillé.
Je comprends mieux tous les prix (ROONEY Prize for Irish Literature, Dylan THOMAS Prize Nominee for Longlist, etc. et les éditions Albin Michel ne se sont pas trompées en traduisant le roman en français, sous le titre Retour à Belfast, en librairie depuis quelques jours.
♥♥♥♥
Editions Penguin, 2024, 288 pages
8 commentaires
Tu donnes très envie de le lire.
Merci ! Il vaut le détour. Il est très attachant ce jeune homme plein de doutes.
Je l’ai en français et ne vais d’ailleurs pas tarder à le lire, je ne peux pas passer à côté d’un roman se déroulant à Belfast! Ton enthousiasme fait plaisir à lire et je me réjouis d’autant plus de le découvrir à mon tour tout bientôt.
oui ! j’ai trouvé ça top qu’il sorte en français peu de temps après ! le roman est parfois un peu désespérant mais il ne faut pas l’abandonner 🙂 je te souhaite une très belle lecture
Lu et beaucoup aimé ce premier roman également.
ah bonne nouvelle ! oui, un personnage très attachant !
J’en suis à la page 200. Je lis 3-4 pages par jour, pas plus. Je déguste vraiment. Je suis en amour avec Sean.
Evidemment ! Prends ton temps car j’étais vraiment triste de le quitter à la fin !!