Quand j’ai découvert que Willy Vlautin avait publié un nouveau roman, je n’ai pas hésité une seconde. Et comme à chaque fois, la magie opère même si les romans de cet auteur américain sont souvent dramatiques, il est impossible de résister. De plus, Willy place toujours ses romans au Nevada, Etat américain que je connais très bien, ayant de la famille là-bas, aussi les noms des villes comme Reno, Winnemucca , Elko, Ely ou Tonopah me sont familiers. Je les ai toutes visitées.
Le héros de cette nouvelle histoire est Al Ward, un musicien âgé de 65 ans. L’homme a choisi de partir vivre dans une vieille mine abandonnée, loin de la ville, au nord de l’Etat, dans la Sierra Nevada où il neige abondamment. Al se laisse peu à peu mourir, dévoré par l’alcool et l’anxiété. Mais un matin, il trouve devant chez lui un cheval. La bête est en très mauvais état, ses yeux sont pratiquement fermés, du pus en ressort. Il est maigre, et ne bouge plus. Al croit qu’il rêve et refuse de s’occuper de l’animal. Mais le lendemain matin, le cheval est toujours là. Malgré la neige, le froid et les coyotes qui comment à se rapprocher dangereusement, le cheval ne bouge pas. Al lui apporte de l’eau et un peu de foin.
Mais Al n’a plus de téléphone, et il n’a pas entretenu le moteur de son véhicule comme son ami lui a conseillé de faire. L’automobile ne démarre pas. Une attaque de coyotes sur l’équidé force Al à prendre une décision : partir chercher de l’aide. Mais il est seul, à 2 000m d’altitude, à plus de 30 miles de la ville la plus proche. Al fourre quelques provisions dans un sac à dos et s’enfonce dans la nuit…
Malgré le froid et la fatigue, Al marche et se remémore sa vie. Celle d’un jeune homme ayant embrassé la vie de guitariste et surtout compositeur, d’abord à Reno puis en tournée dans tout l’Ouest, même plus loin, avec divers groupes. Il se souvient de ses soucis d’argent, des autres musiciens, et surtout de ses histoires d’amour. Et puis de ses échecs. Mais aussi de cette passion pour l’écriture, où comme Bruce Springsteen, les mots lui viennent si facilement. Il les couche depuis l’adolescence dans des carnets. Il s’inspire des autres musiciens, de sa propre vie. Des paroles souvent tristes. Il les écrivait pour lui avant finalement de les vendre à d’autres.
He worked on the song and drank and thought of nothing else. His apartment, which has become a sort of prison he struggled to get out and hated to go int, became a haven.
Ses années en tournée à travers le Nevada, le pays. Les motels, la drogue et puis l’alcool qui vient l’attraper. Comme elle avait déjà emporté son père auparavant. Une vie qui défile sous nos yeux, avec ses hauts et ses bas. Willy Vlautin est sans doute l’un des meilleurs écrivains de sa génération, capable de vous faire ressentir toute la tendresse et le désespoir qui animent les êtres humains. Ceux qui cherchent souvent à fuir mais semblent reliés par une chaîne invisible à leur passé.
Willy Vlautin nous offre un roman sur la solitude, la résilience et les failles humaines. Al s’accroche à la vie et on s’accroche à lui. Un roman magnifique. Avec comme à chaque fois, un chapitre final à tomber par terre. L’être humain n’est vraiment rien sans les autres.
Merci Willy !
Ben Myers en parle mieux que moi :
The Horse marks the pinnacle of a a writing career whose roots reach back past Springsteen to Steinbeck and beyond. A bruised and beautiful instant classic.
J’espère qu’il est déjà en traduction pour tous mes amis francophones.
♥♥♥♥♥
Editions Faber&Faber, 2024, 224 pages
Photo de Annie Spratt sur Unsplash
12 commentaires
J’aime profondément l’humanité et la sensibilité de Willy Vlautin. Je lis ses romans au compte-gouttes (Lean on Pete l’année dernière) mais avec cette nouvelle parution, il me reste désormais encore trois titres à lire (ses trois derniers), une bonne nouvelle!
Oui ! Pareil, j’ai encore deux ou trois titres dans ma bibliothèque et je les garde au chaud ! De peur, d’avoir tout lu et devoir attendre .. Donna par exemple. Elle publie tous les dix ans, et là ça va faire 12, non ?? Voilà, tu peux savoir que tu vas encore te régaler avec lui !
Je n’en ai lu qu’un seul pour le moment mais j’avais adoré. C’est un auteur dont je compte bien lire tous les romans. J’ai The Motel Life sur ma PAL si toi ou quelqu’un d’autre veut faire une lecture commune.
J’en ai d »autres mais pas celui-ci, je veux essayer de le trouver et je te recontacterai !
Un auteur que j’ai noté il y a un moment, à force de le voir chez toi ou chez Le Caribou… mais je n’ai pas encore concrétisé..
Ah, j’ai toujours l’impression que tu as tout lu avant moi, donc contente pour une fois de te dire : fonce !
Encore un auteur à découvrir en ce qui me concerne
ah tu es chanceuse ! nous sommes plusieurs à l’avoir lu donc tu peux trouver des billets sur ses différents livres
Il a tout pour me plaire ce nouveau Vlautin ! Dire qu’en français rien de lui n’a été publié depuis 2021…
Ah.. je sais qu’il un temps changer d’éditeur français mais j’ignore où il est désormais, le lisant en anglais mais je vais regarder cela 🙂
Ahhhh Il me tarde de retrouver mon Willy! Tu le sais, je suis assurément sa fan numéro 1 au Québec!
Je n’en doute pas une seconde ! Il est vraiment à part et si émouvant – il m’attrape à chaque fois !
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