C’est par hasard que j’ai déniché ce recueil de nouvelles à la bibliothèque. Et je l’ai lu dans la foulée. Le recueil, publié en 1955, après la défaite du Japon et les deux bombes atomiques avait choqué à l’époque mais également été récompensé d’un grand prix de littérature.
L’auteur nippon avait en effet mis en scène quatre jeunes hommes plus que détestables. Il dépeint une jeunesse violente, égocentrique, sans sentiments, ni morale. Les jeunes ne pensent qu’à boire et s’acheter du bon temps auprès de prostituées. Ils s’amusent avec les filles bourgeoises, et n’ont aucun sentiment. Ils se moquent de tout.
Mais derrière ce portrait d’une jeunesse irresponsable et intenable, se cache une génération qui n’a plus de repères. Leur pays, cet immense Empire qui a colonisé tant de pays voisins et s’est même attaqué à l’Amérique (Pearl Harbor) a désormais perdu la guerre. Dix ans ont passé, et ces jeunes rejettent en bloc leurs parents et tout ce qu’ils symbolisent. Ils ne veulent plus vivre selon les codes établis par cette société.
Chacune des nouvelles dresse le portrait d’un jeune, obsédé par une prostituée pour l’un, par un yacht, par la boxe, un jeune qui va ressentir ses premiers émois mais sous la pression du groupe va rejeter sa petite amie et cette dernière va mourir dans des circonstances que je tais volontairement. J’avoue qu’il était difficile, à chaque nouvelle, de trouver le moindre attrait pour le personnage masculin, mais l’auteur a le talent de vous montrer ce qui se cache sous ce masque.
Ils réclament d’être libres, insouciants et se fichent des conventions. Ils refusent la vie toute tracée qui leur est offerte dans cette société conservatrice. Et cachent leurs désespoirs et leurs angoisses en buvant et en faisant des bêtises. Un texte fort surtout dans un pays connu à l’inverse pour être plutôt neutre, calme.
L’auteur maitrise son sujet et offre une fin à chaque nouvelle qui vous fait réfléchir. Je retiens pour ma part la dernière nouvelle, dont la fin tragique prouve que le personnage était finalement juste un gamin. Et c’est dur, très dur.
Un texte fort et que j’aimerais relire, car je pense l’avoir lu un peu trop vite. Je fais le lien avec le roman Brutes qui montrait aussi une jeunesse américaine violente et désespérée.
J’avoue que je préfère largement la couverture anglophone à celle de Belfond, même si celle-ci a bien un lien avec les personnages qui portent des chemises hawaïennes. Le titre anglais est aussi magnifique mais le titre français est fidèle à l’original, car l’auteur japonais décrit ce groupe de jeunes ainsi : Taiyōzoku—La tribu du Soleil.
♥♥♥♥
Editions Belfond, 太陽の季節, trad. Kuni Matsuo, 2022,192 pages
3 commentaires
Encore un auteur japonais que je ne connais pas, mais sur cette période, je ne suis pas la plus calée. La jeunesse désespérée, ce n’est pas ce qui m’enthousiasme le plus côté thème, mais ça semble être bien traité.
oui et la période de sa parution est intéressante – le Japon est un pays très conservateur donc j’imagine le choc à l’époque. Une lecture vraiment à part.
Je ne savais pas que c’était un recueil de nouvelles. Je le note