J’avais conservé cette lecture pour Noël car je savais que j’allais être de nouveau être en excellente compagnie avec Lucy et la plume d‘Elizabeth Strout. Et je ne me suis pas trompée.
Je connais bien Lucy Barton et William son ex-mari (My Name is Lucy Barton and Oh William! ) et j’avoue, je n’avais même pas lu la quatrième C, car j’étais simplement heureuse de retrouver Lucy. Je dois dire que j’ignorais que le roman revenait sur la pandémie et le lockdown (toute l’année 2020 et un peu plus loin), un sujet plutôt grave mais voilà, avec Elizabeth je me sens protégée. Et je l’ai été.
And I rememebered having that feeling of wanting to hit his face, which, as I have said, scares me. That feeling, I mean. I have never hit another human being. But I have had those feelings; they are hidden very deep inside me.
En mars 2020, l’ex-mari de Lucy, William, la supplie de quitter New York et aller deux semaines (à l’époque on croyait tous que ça allait passer vite…) dans une maison louée dans l’Etat du Maine. Lucy ne croit pas une seconde à une possible pandémie, et en partant, laisse la vaisselle sale dans l’évier. Elle s’inquiète surtout pour ses deux filles ; Chrissy a quitté NY avec son époux Michael pour la maison de ses parents dans le Connecticut (ils sont en Floride) mais Becka a choisi de rester à Brooklyn avec son époux Trey. Ils vont bientôt assister aux pires heures de la pandémie, avec les dizaines d’ambulance hurlant jour et nuit dans les rues désertées de la métropole…
Les semaines se transforment en mois. Isolés et même insultés (les habitants du Maine accusent les New Yorkais d’avoir apporté le virus), les premiers temps sont difficiles mais peu à peu Elizabeth et William réapprennent à vivre ensemble et se font des amis. Tous deux avait refait leur vie et Lucy a perdu son second époux il y un an, William a été quitté par sa troisième femme, Estelle avec qui il a eu une troisième fille.
J’ai eu l’impression que Lucy se confiait à son journal intime et le résultat est incroyable. On revit avec elle évidemment les premières inquiétudes, la terrible réalité que le monde entier est affecté, puis on voit ceux qui refusent de reconnaître la dangerosité du virus. Lucy doit gérer à distance la mort et la maladie de ses proches. Mais peu à peu, elle recrée une nouvelle vie (Bob) et malgré un passé compliqué, William et elle se rapprochent.
Everyone needs to feel important.
Il y a des moments difficiles dans le livre et lorsqu’elle parle de son frère, je me rappelle à quel point la solitude de cet homme m’avait touchée.
J’adore la manière dont Elizabeth Strout aborde les sujets les plus controversés (la haine envers les New Yorker, les anti-vaccins, le meurtre de George Floyd, etc.) et comment, à travers les doutes de Lucy, elle exprime à perfection toutes les émotions (de véritables montagnes russes) que l’on a tous connus cette année-là. Cette femme est une conteuse hors pair. Je l’adore !
Elle a évidemment rejoint mes coups de coeur 2024.
Le roman est disponible en français, sous le titre Lucy face à la mer aux éditions Fayard.
♥♥♥♥♥
Editions Viking (Penguin), 2022, 291 pages
Photo de Clay LeConey sur Unsplash
4 commentaires
La crise sanitaire semble à la fois si proche et si lointaine…
Oui j’ai la même sensation et je me suis fait cette réflexion pendant cette lecture, ce qui prouve que le cerveau fait un formidable boulot – et puis c’est mieux de vivre dans le présent
Mes biblis hélas ignorent les derniers romans de cette auteure (j’en ai lu quand même, je l’aime beaucoup)(olive kitteridge, amy et isabelle, par exemple)
tu pourrais leur demander ? dommage, car elle est toujours aussi douée et c’est vraiment agréable de la retrouver, elle et ses personnages. Mais je sais car j’ai un auteur français (oui c’est rare) et ils l’avaient aussi oublié pourtant il a publié des romans connus ..