Tokyo Express · Matsumoto Seichō

par Electra
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J’ignore comment j’ai pu passer si longtemps à côté de l’oeuvre de MATSUMOTO Seichō, le Simenon japonais. Sa réputation n’est plus à faire. Tokyo Express a été son premier roman policier et l’a tout de suite installé comme l’auteur phare des policiers. Il a commencé sa carrière à la quarantaine et aura tout simplement publié plus de 450 textes jusqu’à sa mort en 1992.  Comme le dit si bien Lisa Hall, il m’a tout simplement été presqu’impossible de reposer ce livre une fois ma lecture commencée.

Je l’ai acheté samedi en huit et j’ai voulu voir si j’accrochais au style le lendemain. Et j’ai accroché, je n’ai relevé la tête qu’après avoir avalé 64 pages ! Et impossible de le reposer. Cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait pas autant plu, du moins m’avait fait cet effet. Et c’est tellement bon. Le roman a été publié en 1958. L’auteur est traduit en français depuis fort longtemps mais étrangement, si j’ai reconnu plusieurs couvertures de livres, je n’avais jamais été attirée. Maintenant il me les faut tous, mais je privilégie les éditions Penguin en anglais. Ils ont donc publié Tokyo Express et vont publier prochainement d’autres livres (dont un en mars, youyou!)

Revenons au livre en question. Un matin froid d’hiver, sur une plage de l’île de Kyushu (la plus au sud de l’archipel), un habitant découvre les corps inanimés de deux jeunes gens. La police conclu rapidement au suicide amoureux. Ils ont ingéré du cyanide et sont morts la veille. Mais le policier en charge, Torigai Jutaro, a des doutes. La victime masculine est arrivé seul à l’hôtel où il a séjourné 4 jours en attendant un appel téléphonique. Le ticket de train suggère qu’il était seul à diner au bar-restaurant du train. Or deux collègues de la jeune femme, jurent l’avoir aperçue sur le quai de la gare à Tokyo avec cet homme. Poussées par la curiosité, les deux jeunes femmes, qui accompagnaient un client à son train, se sont approchés pour les voir monter ensemble dans la cabine. Pourquoi auraient-ils fait ensuite voyage et séjour à part ? Pour se suicider 5 jours plus tard, sur une plage lointaine ?

Il confie ses doutes à l’inspecteur Kiichi Mihara de Tokyo. Ce dernier est vivement intéressé, car si la jeune femme, Toki, était une serveuse dans un restaurant réputé (une Geisha), le jeune homme, Sayama, était l’assistant parlementaire d’un Député pris dans la tourmente d’une affaire de corruption. Depuis plusieurs semaines, le pays est secoué par ce scandale. Et la police comptait sur le témoignage crucial de Sayama pour inculper le politicien. Kiichi Mihara s’intéresse alors à l’homme d’affaires que les deux collègues de Toki ont accompagné à la gare ce fameux jour. De petits détails en détails, il va peu à peu détricoter une véritable machination…

Sometimes, a preconceived opinion will make us overlook the obvious. This is a frightening thing. We call it common sense but it often leaves us with a blind spot. Even if something appears to be obvious one should investigate, objectively, to make absolutely sure.

Convaincu qu’il était sur les lieux, l’inspecteur se lance alors dans une enquête qui m’a passionné du début à la fin. Je n’en dirais pas plus, mais l’obsession de Kiichi Mihara pour comprendre comment le suspect pouvait être à deux endroits en même temps, est rapidement devenue la mienne ! Comme lui, je me repassais des dizaines de scénarios en tête. J’adore Agatha Christie et les petites cellules grises de Poirot, et les enquêtes de Simenon. Il faudra user de nombreuses petites cellules grises aux deux inspecteurs pour résoudre l’affaire. Les horaires de train et les multiples voyages en cabine font partie du jeu. La carte du Japon au début du récit est très pratique pour comprendre l’histoire. Bref, je me suis prise au jeu.

J’ai adoré cette lecture, courte mais maîtrisée du début à la fin. Je comprends l’engouement autour de son oeuvre. Il est fascinant. Comme l’auteur des crimes. J’aime aussi le regard de l’auteur sur la société japonaise d’après-guerre. Le roman a été publié en français sous le même titre. Vous pouvez le trouver en occasion.

♥♥♥♥

Penguin Classics, 点と線 , trad. Jesse Kirkwood, 2023 (first edition 1958), 149 pages

Photo de Richard Tao sur Unsplash

Et pourquoi pas

9 commentaires

Sunalee 24 février 2025 - 15 h 25 min

Je pense que je l’ai lu, en français, il y a longtemps, à une époque où je lisais toutes sortes de romans japonais mais sans vraiment accrocher à rien (ou très peu). Je n’en ai gardé aucun souvenir !

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Electra 24 février 2025 - 16 h 48 min

ah dommage, je l’ai adoré ! mais oui, j’ai lu à une époque beaucoup de polars, même des français, et j’ai tout oublié ! mais là j’ai bien aimé jouer au jeu du chat et de la souris !

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Kathel 24 février 2025 - 17 h 10 min

Je viens de voir dans mes listes que j’ai déjà noté le nom de l’auteur, mais je ne sais plus grâce à qui. Me voilà bien intriguée… et tentée.

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Electra 25 février 2025 - 7 h 26 min

ah tu as peut-être vu ses précédents ouvrages en librairie ? Il est publié en français depuis longtemps …

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Fanja 24 février 2025 - 23 h 57 min

Le titre me disait quelque chose mais la couverture française m’est plus familière. Il est dans mes projets de lecture depuis belle lurette, je ne sais plus chez qui je l’avais repéré, mais ton billet me motive bien à me lancer enfin. Merci pour le rappel.:)

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Electra 25 février 2025 - 7 h 30 min

oui, moi aussi j’ai reconnu la couverture française en la cherchant après, je les voyais mais je n’étais pas attirée plus que ça, maintenant je suis ravie de l’avoir lu, c’est sympa d’être aussi à fond dans une lecture !

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je lis je blogue 25 février 2025 - 7 h 39 min

Oui, je connais MATSUMOTO Seichō de nom et je me suis demandée si je l’avais déjà lu ou pas. Apparemment, non, pas encore. J’ai sans doute eu peur de ne pas accrocher. Ton billet me fait penser qu’au contraire cela devrait me plaire.

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keisha 25 février 2025 - 7 h 50 min

Oui, j’avais vu une des couvertures, et après ton billet j’ai noté vite fait dans ma liste de bibli!!!

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Ingannmic 25 février 2025 - 8 h 27 min

Je l’ai lu il y a deux ans, avec un résultat plus mitigé… si j’ai trouvé la partie « résolution de l’énigme » intéressante, il m’a semblé que l’ensemble manquait de consistance.. j’ai préfér son recueil de nouvelles, que j’ai lu par la suite (https://bookin-ingannmic.blogspot.com/2023/04/la-voix-seicho-matsumoto.html)
Il m’en reste un à découvrir (j’avais acheté un coffret « poche » regroupant 3 de ses titres) : Le vase.

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