Je me déplace rarement dans cette bibliothèque mais ma mère la fréquente. Au détour d’une allée, je suis tombée sur cet essai écrit par Diane Rehm, une figure de la radio américaine. Elle revient sur son mariage et sur la maladie de Parkinson qui lui a pris son époux, John, 83 ans. Ce dernier a fait le choix de se laisser mourir, l’aide à mourir n’étant pas légale dans l’Etat américain où ils vivaient. Mariés depuis 54 ans, Diane Rehm découvre la vie sans lui. Et revient sur leur rencontre, leur mariage et la vie sans lui.
J’ai beaucoup aimé le ton, la fluidité des propos de la journaliste américaine. Elle parle avec honnêteté de son couple, pas le plus heureux, avec un époux parfois très agressif envers elle (dans ses paroles) et qui communiquait peu ses sentiments. Elle revient sur le processus du deuil, vécu différemment par chacun. Les deux dernières années, elle avait du placer John dans un centre de soins et ressent énormément de culpabilité à ce propos. Mais elle regarde autour d’elle, et voit des amis perdre leurs proches, parfois de manière brutale. Elle revient sur les progrès de la maladie. Depuis, elle s’est investie pleinement dans deux associations de lutte contre les maladies de Parkinson et d’Alzheimer.
Elle sait mettre les mots sur l’absence, sur cette vie à deux, mais aussi sur sa propre vie, son autonomie. Diane Rehm n’a jamais été proche de sa mère et celle-ci est morte alors qu’elle avait tout juste 18 ans, son père a été emporté à son tour 11 mois plus tard. Orpheline, elle avait trouvé en John une nouvelle famille. Son père étant décédé en novembre et sa mère le 1er janvier, elle sait que cette période de l’année, entre ThanksGiving et le Nouvel An, elle déprime et tombe toujours malade. John a toujours su la réconforter. Elle est désormais seule. Mais elle est déjà autonome. Si elle a arrêté de travailler pour élever leurs deux enfants, lorsque ces derniers ont atteint l’adolescence, elle a décidé de reprendre le travail à une époque où les femmes restaient à la maison. Elle a demandé à avoir son propre chéquier. Elle a toujours voulu être indépendante, et a pris soin aussi d’apprendre à gérer leurs finances. Elle s’est ainsi levée pendant presque 40 ans à 3h du matin pour aller travailler. Elle reconnaît que tout cela, son autonomie, son travail, l’aide à ne pas perdre pied. Mais elle s’autorise aussi le droit à rester seule, à pleurer. A maudire cette situation.
J’ai vraiment aimé la lire. Ce n’est pas un récit aisé, mais il m’a permis de mettre en exergue ma propre expérience, ayant aussi perdu plusieurs parents proches très tôt dans ma vie. Je pense qu’il y a deux effets, cela nous permet sans doute d’affronter plus tard la vie avec plus de force, mais cela fragilise aussi nos rapports à l’autre. Diane Rehm offre ici de l’espoir. Elle cite souvent Joan Didion, une de mes autrices préférées, qui a aussi écrit sur le deuil après avoir perdu de manière brutal son époux. Elle aborde aussi ses croyances (après la mort), même si je ne les partage pas, je comprends le besoin de réconfort.
Enfin, elle défend aujourd’hui le droit de mourir avec dignité. Une grande dame !
♥♥♥♥
Editions Vintage Books, 2016, 176 pages
7 commentaires
J’avoue que ce n’est pas mon sujet de prédilection. Je me dis que je lirai ce type d’ouvrages plus tard.
Je le comprends parfaitement !
Je m’amuse de la coiffure choucroutée de la photo en haut, mais, plus sérieusement, le sujet est intéressant, une femme qui s’est bougée!
Oui, j’ai trouvé cette photo assez drôle ! Oui, elle a rapidement pris le contrôle de sa vie, dans les années 50, elle a ainsi demandé son propre chéquier et son époux était contre au départ. J’aime le portrait de ces femmes inspirantes. Je vais aller faire un tour sur ton blog ! tu as du lire des tonnes de livres depuis…
Moyennement tentée, je retiens plutôt le nom de Didion, déjà notée, mais toujours pas lue…
Oui ! Joan Didion est une icône, il faut la lire ! et je comprends que le sujet rebute. Mon côté un peu morbide sans doute 😉
Son histoire a l’air intéressante mais je ne pense pas que j’aurais le courage de la lire. Ma maman est décédée de la maladie de Parkinson quand j’étais au début de la trentaine, et elle me manque par moments (à des moments précis). Mon papa est décédés il y a presque cinq ans…La fin d’année est toujours compliquée pour moi à cause de ça.
Je suis contente de te voir de retour ici ! A bientôt pour de nouvelles lectures.