North and South · Elizabeth Gaskell

par Electra
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Je ne sais plus à quand remonte la lecture d’un classique ! L’an dernier, quand je suivais mon programme trimestriel, j’incluais à chaque fois la lecture d’un classique puis tout est parti en .. Et voilà, mais depuis peu j’ai décidé de reprendre les rennes et m’offrir les grands classiques. North and South (Nord et Sud) en fait partie. Je n’avais jamais lu Elizabeth Gaskell malgré sa notoriété.

J’ai choisi de commencer son oeuvre par, probablement, son roman le plus célèbre. Il m’a tenu bonne compagnie quand j’ai du attendre près de dix heures à l’aéroport. Margaret Hale mène une vie paisible en Hampshire avec son père, vicaire et sa mère. Elle aime cette région verte et très agréable. Mais lorsque son père, après une prise de conscience, décide de quitter l’église, la vie de Margaret est bouleversée.

Ce dernier accepte un poste de tuteur dans la ville industrielle de Milton, dans le nord de l’Angleterre. Adieu la campagne anglaise telle qu’on l’imagine : verte, fleurie, ensoleillée. Milton est tout l’inverse. Il y fait constamment froid et gris. Et le ciel est noirci par les nombreuses usines de textile qui jalonnent la ville. Les ouvriers vivent très pauvrement, ce qui choque profondément Margaret. Elle fait la connaissance d’une jeune fille, dont la mère est morte et qui souffre elle-même d’une forte toux. Margaret prend fait et cause pour les ouvriers lorsqu’ils entament un mouvement de grève, prenant le risque de ne plus pouvoir nourrir leurs familles. Sa nouvelle conscience politique est troublée par John Thornton, l’élève de son père, qui n’est autre que le propriétaire de l’une des usines. Ses propos sur la nécessité de casser la grève, de ne pas donner raison aux ouvriers, la heurtent profondément. Les deux protagonistes s’engagent dans une confrontation verbale et physique, mais tout au fond, nourrissent inconsciemment une attirance.

Je dois être la seule à ne pas connaître ces personnages qui ont eu les honneurs d’une adaptation apparemment célèbre de la BBC. J’avoue qu’étant fan de l’oeuvre de Jane Austen, j’avais un peu peur de comparer malgré moi les deux auteures. Mais point nenni. Si Jane Austen a su dresser un portrait peu flatteur de sa société, en égratignant ses codes à travers ses personnages, elle et Gaskell n’ont pas d’autres points communs. Gaskell a réussi à m’entraîner dans l’ère industrielle, une période charnière de l’histoire anglaise et que je connais à travers un autre roman, qui raconte comment les usines de textile se sont développées en Europe, grâce au coton, ramassé par les esclaves .. d’où un besoin croissant de plus d’esclaves. Mais revenons à Milton : les conditions de vie des ouvriers sont particulièrement difficiles. Ils meurent les uns après les autres en inspirant dans leurs bronches les pluches de balles de coton. Ils sont très mal payés et à l’époque, la société est divisée en classes, aussi la prise de position de la jeune femme pour la classe ouvrière est inédite.

Malgré son propos, Elizabeth Gaskell reste fidèle à son époque et aux codes de conduite entre homme et femme, enfants et parents. J’ai aimé les deux personnages, même si Thornton a parfois, avec son intransigeance, le don de m’énerver. J’ai  aussi, pardonnez-moi, trouvé la scène (je ne veux pas trop en dire) où elle le défend, un peu « too much » (trop romantique, trop théâtral ?) mais sinon j’ai vraiment aimé me replonger dans l’Angleterre victorienne. Du coup, quand en allant dans une bouquinerie québécoise, j’ai trouvé ses deux premiers romans, Mary Barton et Cranford (publiés par Penguin Classics) je n’ai pas hésité ! J’ai évidemment Wives and Daughters à lire et à me procurer. Et la série de la BBC à regarder sans doute !

♥♥♥♥

Editions Penguin Classics, 1996, 496 pages

 

 

Et pourquoi pas

17 commentaires

Vona 30 août 2019 - 7 h 48 min

Je n’ai pas encore lu celui-ci, pourtant le plus connu. Mais j’en ai lu et aimé plusieurs, dont Cranford et Ma cousine Phillis. Et je l’avais découverte avec une novella, Les confessions de Mr Harrisson, qui m’avait bien amusée. Je note ton idée d’un classique au moins par trimestre, que j’aimerais bien appliquer également…

Electra 30 août 2019 - 19 h 45 min

J’ai Cranford ! Oui, j’ai acheté pas mal de classiques et je trouve cela bête qu’ils soient oubliés – à chaque fois, j’ai grand plaisir à voyager dans le temps !

Kathel 30 août 2019 - 9 h 49 min

Je n’ai lu que Mary Barton, et j’ai beaucoup aimé, je ne m’attendais pas à une critique sociale…

Electra 30 août 2019 - 19 h 46 min

Merci ! J’ai acheté Mary Barton sans savoir de quoi ça parle, du coup, je vais pouvoir me lancer. Ici, il y a aussi une histoire d’amour mais oui la critique sociale est très présente ..

mingh 30 août 2019 - 11 h 03 min

Grande fan d’Elisabeth Gaskell au moins autant que de Jane Austen… On trouve chez Gaskell l’éveil de la conscience politique , ce qui est nouveau et courageux pour une femme de son époque. Elle fut aidé par Charles Dickens en collaborant à son journal. Je conseille les autres romans et les adaptations de la BBC, notamment pour North and South avec Richard Armitage , excellent en John Thornton et quelque chose de Mr Darcy aussi ! Merci de mettre Gaskell en évidence.

Electra 30 août 2019 - 19 h 47 min

De rien ! Je vais en effet continuer à ma découverte de cet auteur, étrangement je ne me souviens pas du tout d’elle à la fac… Je vais voir si je peux trouver cette adaptation de la BBC

keisha 31 août 2019 - 7 h 56 min

Argh, à part Mary Barton j’ai lu ceux dont tu parles. Cranford est totalement génial (et différent pour les thèmes de North and south) Lu en VO, pour N and S j’ai ramé avec les accents du nord mais survécu.

Electra 1 septembre 2019 - 12 h 29 min

tu as ramé ? je n’ai pas souffert – j’ai étudié l’Anglais de Chaucer donc ça va par contre je déconseille Les Hauts de Hurlevent en v.o à ceux qui n’ont pas étudié l’Anglais à la fac (et donc Chaucer) 🙂 sinon je note pour Cranford !

Marie-Claude 31 août 2019 - 21 h 26 min

Tu me perds complètement, là! En contrepoids, je vais peut-être me tourner vers un roman français de la rentrée!

Electra 1 septembre 2019 - 12 h 30 min

MDR ! j’ai toujours lu des classiques, quand j’avais mon programme (que je vais reprendre d’ailleurs) j’avais toujours un classique – mais rassure-toi, je viens de finir un roman de la rentrée – américain ! je te laisse les français, tu sais qu’avec moi c’est la cata LOL

Lili 31 août 2019 - 21 h 59 min

Dans ma PAL depuis un moment, j’attends le déclic pour l’entamer 😉

Electra 1 septembre 2019 - 12 h 32 min

j’ai une longue liste devant moi de classiques, je les choisis quand j’en ai envie également !

Violette 4 septembre 2019 - 9 h 53 min

j’avais bien aimé cette belle parenthèse victorienne!

Electra 4 septembre 2019 - 19 h 51 min

Oui, j’aime beaucoup pouvoir voyager dans le temps ! je lis principalement des romans contemporains or le passé est tout aussi intéressant 🙂

Eva 16 septembre 2019 - 13 h 24 min

je ris car j’ai toujours cru qu’il s’agissait d’un roman sur les Etats-Unis durant la Sécession 😀

Electra 16 septembre 2019 - 19 h 17 min

je comprends ! Je crois qu’il y avait effectivement une série dans les années 80 ou 90 du même nom ??? mais non, ici c’est bien l’Angleterre 🙂

Victober 2019 - la nuit je mens 18 septembre 2019 - 6 h 46 min

[…] j’avais su pour ce challenge, j’aurais reporté ma lecture de North and South d’Elizabeth Gaskell ! Mais c’est trop tard. Du coup, j’ai décidé de faire le […]

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