En allant à la BM refaire mon stock de lectures graphiques, j’ai aperçu un roman graphique lu cet été mais dont je n’ai jamais parlé sur le blog, pourtant il est énorme ! Du coup, je me rattrape et j’ajoute deux lectures coup de coeur avec 😉
Crache trois fois – Davide Reviati (trad. Silvina Patt)
♥♥(♥)
« Les copains d’enfance tu ne les choisis pas ; ils te tombent dessus, s’emparent de toi comme une fièvre, et ils restent là même si tu leur bottes les fesses. oui, ils deviennent plus que des parents, plus que des frères, ils deviennent des amis. mais tu ne peux pas les choisir. » Six ans après État de veille, l’un des auteurs les plus passionnants de la bande dessinée italienne revient avec un roman graphique intime, intense et poignant, à la puissance graphique peu commune, où il évoque l’adolescence et le racisme ordinaire.
La présentation de l’éditeur m’avait donnée l’eau à la bouche et puis la taille du roman, un pavé ! 560 pages. Je me suis plongée dans ce récit en mai ou juin dernier (?) et je me souviens de ce sentiment mitigé : pas vraiment séduite par le dessin, mais l’histoire est prenante, le racisme ordinaire c’est celui à l’encontre des tsiganes. Plusieurs mois après ma lecture, je n’en ai presque plus de souvenir, des impressions me restent. L’adolescence, l’amitié, le besoin d’appartenance. J’ai le souvenir d’avoir dévoré ce roman même si quelque chose me manquait. Et depuis, mon cerveau a décidé de l’effacer de ma mémoire. J’ai failli le réemprunter car il exerce toujours sur moi une sorte d’attraction.
Editions Ici Même, 2017, 560 pages
Ici – Richard McGuire
♥♥♥♥(♥)
Il y des romans graphiques qui vous procurent plus que des émotions, je me souviens de celle avec le trou, un trou, oui sur chaque page. Une expérience sensorielle inédite pour la lectrice que je suis. Et me revoilà devant un autre ovni littéraire, Ici de Richard McGuire. Le dessinateur propose ici l’histoire d’un lieu, vu d’un même angle et celle des êtres qui l’ont habité à travers des millénaires. De l’apparition de la vie sur terre jusqu’à nos jours. De l’apparition de la maison, depuis l’angle du salon, une maison sur Perth Amboy dans le New Jersey où l’auteur a grandi. La maison, de sa construction à sa destruction et tous les habitants qui y ont vécu.
Le lecteur connaît la date, indiquée dans un coin de l’image, la cheminée et la fenêtre font office de repères. Et dans cet espace, les existences se croisent s’entrechoquent. Ils se font étrangement écho – les parents, jeunes mariés, leurs enfants devenus adultes et parents à leurs tours, les premiers habitants. Le temps passe, se déroule sous nos yeux. On prend soudainement conscience de notre vie, et de son aspect éphémère. Et puis, pour ceux, qui comme moi, tendent à faire porter beaucoup aux maisons, ici elle devient un lieu central. Porteuse de nos souvenirs, de nos secrets. Une expérience inédite. J’ai aimé la superposition des époques, le temps se mélange pour ne former plus qu’un. A lire absolument !
Editions Gallimard Jeunesse, trad. Isabelle Troin, 2015, 304 pages
Cassandra Darke – Posy Simmonds
♥♥♥♥♥
Il me tardait de découvrir le dernier album de l’auteure britannique et quelle bonne surprise ! Je ne m’attendais absolument pas à ce genre de personnage et du coup j’ai adoré ! Cassandra est une vieille snob londonienne pur jus. Acariâtre, misanthrope, égocentrique .. les adjectifs me manquent pour la décrire. Propriétaire d’une galerie d’art moderne léguée par son défunt mari, Cassandra fraude gaiement en prétextant que cela n’est rien comparé aux meurtriers mais elle est finalement prise la main dans le sac.
Elle accepte d’accueillir dans son sous-sol, une jeune locataire, Nikki, qu’elle déteste allègrement. La jeune femme rêve d’une carrière dans le monde artistique mais la vieille femme en fait son esclave personnel (lui laver son linge et promener son chien). Les deux femmes se quittent en mauvais terme, mais en partant Nikki laisse derrière elle un curieux cadeau empoisonné… Une sorte de fable satirique moderne où l’élite londonienne en prend pour son grade et c’est excellent ! J’ai adoré le regard de l’auteure sur ses semblables et sur cette femme à l’hiver de sa vie, avec tous ses travers.
Editions Denoël, 2019, trad. Lili Sztajn, 96 pages
8 commentaires
Cassandra m’a un peu déçue, j’avais tellement aimé les autres de l’auteur! Quant à Ici, je l’ai lu aussi, il faudrait que je le ‘relise’ si on peut dire
ah oui ? alors que moi j’ai beaucoup aimé ce regard sur la société londonienne et j’adore Cassandra qui n’est pas aimable, c’est rafraichissant ! Tu lis trop .. relis « Ici » 😉
Ici de Richard McGuire: GROS coup de coeur pour moi… Minute philo: on est bien peu de chose dans tout ce temps qui passe.
oh que oui ! j’aime les vieilles maisons – je te parlerai du château ue j’ai visité lundi et ses geôles et dire qu’on foule les mêmes sentiers que des personnes il y a plus de mille ans .. et cet arbre centenaire au milieu ..
Quelle belle pioche!
J’ai lu Ici (mais pas fait de billet), je ne sais pas quoi en penser… !!!
il est effectivement assez troublant .. disons que nous ne sommes que de petites choses face au temps !
Très curieuse de découvrir Ici! Je vais tenter de l’emprunter à ma biblio.
Oui, une expérience peu commune ! tu le trouveras, il a reçu le Grand Prix
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