Things I don’t want to know · Deborah Levy

par Electra
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J’ai acheté les deux livres de Deborah Levy à l’université de Québec – j’ai craqué pour deux raisons : l’oeuvre de Levy qui me tentait trop et pour les magnifiques éditions présentées. Ce que j’ignorais, c’était le plaisir que j’allais ressentir en lisant les mots de l’auteure sud-africaine.

Mon avis est tout simple : lisez Deborah Levy

L’auteure sud-africaine répond dans cet essai à George Orwell, à son célèbre essai (qu’il me faut lire) Why I write. Elle revient sur son enfance puis sur ce besoin viscéral de mettre des mots, elle réclame ainsi son droit à vivre. Ecrire c’est exister. Elle se positionne en tant que jeune femme qui doit affronter un monde hostile. Son arme ? Les mots. Et croyez-moi, elle sait les utiliser.

Dans ce premier opus, l’auteure revient sur son enfance. Une enfance particulière car elle commence avec le départ précipité de son père – en prison. Ce dernier est en effet contre le système en place en Afrique du Sud à cette époque : l’Apartheid. Condamné, il est emmené manu militari sous les yeux de ses enfants, Deborah a cinq ans et son petit frère, un an seulement. La petite fille ignore lorsque celui-ci reviendra. Leur vie tourne autour de son absence. La petite fille se réfugie dans les bras de sa mère et de sa nounou, une femme africaine qui parle peu. Deborah a du mal à saisir le monde des adultes, leurs secrets, leur manière de voir les choses. Elle aime sa nounou et ignore la dure réalité de la vie des africains.

Une fois le père libéré, la famille décide de s’exiler en Angleterre. L’auteure revient longtemps sur cet exil – comment se sentir chez soi dans une culture profondément différente ? La famille n’a plus les moyens, le couple parental se délite et Deborah tente de comprendre son entourage. En remplissant de mots un carnet, elle voit plus clair.  Les mots l’aident dans sa quête personnelle. Les mots sont puissants.

Quel plaisir de lire Deborah Levy ! J’ai ressenti la même sensation que lorsque j’avais découvert Joan Didion il y a plusieurs années et dont j’ai presque tout lu. Elle possède la même clarté, le même ton incisif et offre un ton chaleureux. Son écriture possède la même fluidité. La manière dont elle raconte ses souvenirs, ses impressions. J’adore les auteurs lorsque lire est si aisé, si plaisant. Encore plus lorsqu’elle aborde des sujets graves. Deborah vivra mal son départ pour l’Angleterre, et aura du mal à se lier aux autres. J’aime aussi la deuxième partie lorsqu’elle évoque le sexisme en littérature. Les femmes écrivent des journaux intimes les hommes des essais philosophiques…

Bref, une véritable découverte. Hâte de lire son autre opus, The Cost of Living, que j’ai acheté dans la même collection. Deborah Levy a écrit plusieurs romans (j’avais hésité à acheter Hot Milk l’an dernier). Mais je crois que je vais préférer ses essais. J’espère que les éditeurs qui ont traduit ses romans vont s’atteler à traduire ces titres-là !

♥♥♥♥♥

Editions Hamish Hamilton, 2018, 176 pages

Et pourquoi pas

14 commentaires

Fabienne 29 novembre 2019 - 7 h 18 min

Apartheid et exil sont deux thèmes qui me parlent bcp. Est-ce qu’avec le recul elle creuse l’engagement politique de son père? Ou est-ce que ce sont plutôt ses souvenirs d’enfant et notamment ceux, comme tu le dis si bien, centrés autour de son absence qui priment?

Electra 29 novembre 2019 - 20 h 23 min

Plutôt ses souvenirs d’enfant, en fait c’est mois son père (dont elle parle peu de son combat), mais sa relation avec sa nounou, et du fait qu’enfant, elle ne réalisait pas ses conditions de vie en tant que femme noire. Son père était allée chez elle dans le ghetto l’aider et là elle se souvient du risque pris (c’était interdit). Elle analyse avec recul sa vision du monde à cette époque puis s’attache à son exil.

mingh 29 novembre 2019 - 11 h 11 min

Intéressée par ta découverte de cette écrivaine que je ne connaissais pas, alors que je suis depuis longtemps lectrice de la littérature sud-africaine commencée avec Nadine Gordimer, André Brink et d’autres encore. J’aime beaucoup en ce moment la série des polars de Deon Meyer.Je note son nom et ses ouvrages. Merci pour ton partage.

Electra 29 novembre 2019 - 20 h 23 min

De rien ! J’ai lu Brink. J’ai encore du travail ! Elle vaut le détour.

Fabienne 29 novembre 2019 - 17 h 13 min

Je me permets de te répondre et de te proposer aussi l’auteure de polars sud-africaine Michele Rowe.

Electra 29 novembre 2019 - 20 h 24 min

Ah son nom m’est familier, mais j’ignorais qu’elle était sud-africaine. Du coup, je note !

Fabienne 1 décembre 2019 - 9 h 38 min

J’ai lu ses deux premiers titres, ils pourraient te plaire. Le premier est sur mon blog, le 2ème qque part sur IG…

Electra 1 décembre 2019 - 12 h 19 min

Ah du coup je vais regarder ! Merci 🙂

Marie-Claude 2 décembre 2019 - 0 h 29 min

Le voilà, le fameux article sur Deborah Levy! Tentant. Maud aussi n’a que de bons mots.

Electra 2 décembre 2019 - 12 h 39 min

Oui et je rejoins Maud là-dessus ! Elle ne se trompe pas. Un vrai plaisir de lecture 🙂

Fanny 15 décembre 2019 - 13 h 37 min

Ooh! Ca a l’air intéressant mais est-il déjà traduit ?

Electra 15 décembre 2019 - 15 h 15 min

non, ses romans le sont mais c’est une figure incontournable de la littérature donc ça ne devrait pas tarder !

Fanny 16 décembre 2019 - 7 h 15 min

Je guetterai avec attention !

Electra 16 décembre 2019 - 19 h 17 min

dès que je le vois arriver, je te fais signe !

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