C’est sur une décision ultra rapide que j’ai décidé de lire le roman de Richard Russo – j’avais envie depuis très longtemps de découvrir cet auteur et l’idée d’une lecture commune me plaisait bien !
Quand j’ai dit oui à cette LC, j’ignorais cependant que le roman en question faisait presque 800 pages. Je l’ai cherché en seconde main, sans succès mais avec une si belle couverture, je n’ai pas hésité à l’acheter neuf et c’est là que j’ai vu sa taille, son poids. J’ai commencé ma lecture jeudi dernier en croyant ne jamais y arriver. Puis la magie a opéré. Je crois que cela s’explique ainsi : j’ai, comme Alice, été projetée dans un autre monde, celui de North Bath parce que j’avais enfin réussi à finir un projet qui me rendait chèvre depuis un mois environ. Soulagée, le coeur léger, je me suis laissée embarquer aux côtés d’une série de personnages fantasques avec le plus grand plaisir. Le Caribou m’a dit : fonce ! et elle a eu bien raison !
Difficile d’expliquer le pourquoi du comment, mais je ris encore à vive voix en repensant au discours du Juge, ou à l’alligator en plastique…. Ceux qui ont participé à la lecture commune vont je l’espère sourire comme moi en réfléchissant à ces merveilleux moments. Pour ceux qui ne comprennent rien, laissez-moi vous présenter en quelques mots le roman de Russo. North Bath est une petite ville de l’état de New York, qui comme son héros, Sully, n’a pas vraiment de chance. Toutes ses tentatives pour se développer échouent les unes après les autres. Leur ville voisine a réussi là où ils ont échoué, comme leur équipe de football américain. Mais ils croient à nouveau en leur chance avec l’ouverture d’un parc d’attractions. Le fils de Miss Beryl, Clive, banquier, y croit dur comme fer. Comme l’entrepreneur Carl, qui bénéficie, lui, d’une chance extraordinaire. Mais rien ne semble jamais le satisfaire….
Il emploie souvent le très malchanceux Sully. Ce dernier, a eu un accident il y a un an et a du mettre de côté son travail (sorte d’artisan, d’homme à tout faire). Il est même retourné sur les bancs de l’école, écouter un prof de philosophie lui dire que le libre arbitre c’est de la foutaise. Et Sully le croit. Divorcé, en procès avec son ex-patron (pour toucher enfin une pension d’invalidité), père indigne d’un fils professeur qu’il ne voit jamais, Sully collectionne les malheurs. Il est logé chez Miss Beryl, ancienne professeure de littérature, qui discute tous les jours avec son mari (défunt) et un masque rapporté d’Afrique. La vieille femme, excentrique, croit que sa dernière heure est venue et a décidé de passer pour la première fois les fêtes de Noël chez elle.
Le fils de Sully, Peter, réapparaît soudainement. Il n’a pas obtenu la titularisation et vient passer Thanksgiving chez sa mère, Vera, l’ex-femme de Sully et Ralph, son second mari. Sa femme et leurs trois fils les accompagnent. Le hasard va réunir le père, le corps recouvert de boue, et le fils, sur le bord d’une route. Les deux hommes vont peu à peu apprendre à se connaître et toutes une série d’évènements, les uns plus loufoques que les autres vont les rapprocher…. Et Sully, qui a toujours préféré fuir les responsabilités, va peut-être voir sa malchance tourner ?
Je vais faire une connerie, pensa-t-il. Mais je ne suis pas obligé. Celle-ci fut suivie de près par une troisième pensée, la dernière d’un ensemble de pensées qui lui était familier, à savoir : mais je vais la faire quand même. Et comme toujours cette troisième pensée fut bizarrement libératrice, bien que Sully sût d’expérience que la sensation, certes plaisante, serait de courte durée.
Que dire de la palette de personnages, la plus colorée que l’on puisse imaginer ? Je défie quiconque de ne pas s’attacher à Sully, Miss Beryl, Rub Squeers, le meilleur ami de Sully et l’homme le plus idiot de la ville. On s’attache même à ces arrivistes que sont Clive et Carl.
L’auteur américain a le don de nous entrainer dans leur quotidien, dans leur quête perpétuelle du bonheur (ou du malheur si l’on pense à Vera). Il y a une dose importante d’humour et de tendresse dans ce roman, et j’ai adoré cette galerie de personnages et avoir le sentiment d’être moi aussi, une habitante de North Bath, même si c’est parfois risqué de s’aventurer dehors sous peine de se prendre une salve de chevrotines!
John Irving a dit cela de Russo, et je le rejoins à cent pour cent : « Cette grâce naturelle de conteur associée à la compassion pour ses personnages font de Richard Russo un romancier admirable. » Vous aurez bien entendu compris que je veux dorénavant lire tous ses autres romans. J’ai appris que l’auteur nous a offert une suite vingt ans plus tard avec A malin, malin et demi..
Je ne sais pas si mes comparses de lecture auront déjà envie de se jeter dessus, je sais que deux l’ont déjà lus mais moi j’ai besoin de temps pour quitter North Bath. Non, finalement je préfère me réserver ce plaisir lorsque, comme ces derniers temps, j’aurai besoin de m’évader et je sais que chez Hattie, je peux avoir un bon petit-déjeuner pour pas cher !
Un grand merci à Ingannmic qui m’a invité à les rejoindre pour cette LC.
Les billets d’Ingannmic, Hop sous la Couette, Autist Reading et A Girl from Earth doivent être en ligne ! Je file les lire.
♥♥♥♥♥
Editions 10/18, Nobody’s Fool, trad. J.L Piningre, J.Chicheportiche, F.Arnaud-Demire, 2002, 780 pages
22 commentaires
Mon billet ne sera en ligne qu’à 8h (je publie toujours à cette heure, un de mes tocs…). Comme je l’écrivais chez Marie-Claude, je suis vraiment ravie de cette LC, qui pour le moment fait l’unanimité. Ceci dit, je ne vois pas comment on ne peut pas s’attacher à ces personnages, et au ton de Russo, tellement drôle, touchant et lucide à la fois. J’ai adoré aussi, comme les deux autres titres que j’ai lus de cet auteur (dont A malin, malin et demi, dans lequel on retrouve une partie des héros d’Un homme presque parfait, auxquels s’en ajoutent d’autres).
J’espère que cette première expérience apparemment réussie pour tous (il manque encore le billet de The Autist, mais comme il avait aimé A malin, malin et demi, je n’ai pas vraiment de crainte…) sera l’occasion de lancer d’autres idées de LC tous ensemble !!
Expérience réussie pour tout le monde et oui j’irai retrouver Sully en temps et en heure et lire les autres écrits de cet auteur !
Ha… le bonheur! Il te faut absolument lire le deuxième titre, mais tranquille, car après on quitte North Bath.
Mais sache que russo en a d’autres, actuellement je trainasse dans Le pont des soupirs, par manque de temps, mais je suis tellement heureuse d’y revenir!
oui, je vais aussi prendre mon temps et puis après tout les années ont passé dans la suite, donc laisser quelques mois – pourquoi pas en décembre prochain ?
J’ai découvert Russo l’année dernière avec A malin, malin et demi que j’avais adoré! J’ai bien l’intention moi aussi de lire tous ses autres titres.
super ! oui un auteur fantastique !! un nouveau à ma liste 😉
Mon Russo préféré ! Un pur bonheur de lecture sans la moindre longueur malgré les 800 pages.
Oui, pas de longueur – au contraire, le plaisir de retourner à Bath et la scène du tribunal .. je ne m’en remets pas !
Ainsi tu viens de t’inoculer le virus Russo. Il se dégage une vraie tendresse posée sur ses personnages qui sont tous bourrés de défauts mais diablement attachants.
Rub est mon préféré (c’est mon défaut, je suis naturellement du côté des losers) mais je pense que « en vrai », son sens primitif de l’hygiène corporelle me poserait un peu problème 😀
Tu n’as plus qu’à découvrir la suite (que j’ai trouvée plus enlevée).
A bientôt pour une autre LC ?
Oui avec plaisir pour une autre LC ! Nos goûts en commun me permettent de dire oui sinon Rub, quel loustic – sa femme a l’air pas mal non plus… j’adore les dinners donc j’ai un penchant pour Hattie et sa fille !
Russo ou rien ce sera pour l’an prochain ! Tant de voix convergentes pour dire tout le bien de cet auteur, je n’ai qu’une envie : le découvrir à mon tour.
Oui, à ton tour et tu ne vas pas le regretter !!! promis, 800 pages de bonheur !! et en 10/18
Cela fait un moment que j’ai envie de lire cet auteur, et ton billet ravive cette envie! J’ai très envie de plonger dans celui-ci, même si j’avoue que les 800 pages me font un peu peur. Je pense en tout cas que je vais l’acheter et le réserver pour un moment plus propice aux gros romans.
les 800 pages m’ont fait peur au départ, mais comme le dit Jérôme, une fois dedans on a tout le temps envie d’y retourner ! mais oui achète-le, tu n’auras pas de regret !
J’aurais tellement aimé être à côté de toi lorsque tu as vu la taille du roman! J’imagine trop ta face! En tout cas, je suis ravie de cette remise en selle grâce à Russo. Avec ces personnages, le contraire m’aurait étonné.
Et bravo d’avoir réussi à relever le défi. Car avec le temps que tu avais, ce n’était pas gagné. Moi, j’avais pris beaucoup d’avance (lu en novembre).
Merci ! effectivement, j’étais en librairie et là j’ai vu la tranche, et je me suis dit « quoi? » – j’ai même hésité puis je me suis dit que ça serait foutu pour la LC mais non la magie Russo a opéré et j’ai lu es heures durant pendant le week-end ! ET voilà !!
Hé bien! 800 pages parfaites alors!
OUi ! avec Middlemarch, j’ai lu des pavés en fin d’année ! un bon rappel pour moi : j’adore ça (quand c’est bon!)
Entre ton billet et celui de Marie-Claude, difficile de résister et Russo fera partie des auteurs qu’il faut absolument que je découvre en 2020!
oh oui ! tu n’as plus le choix ! et connaissant tes goûts, je pense que tu vas beaucoup aimer !!!! hâte de savoir quel livre aura tes honneurs !
Allez hop, vendu !
Par contre j’avoue, les 800 pages pourraient me refroidir un peu…
oh non, tu vas voir, on oublie vite la taille car on est tellement content de les retrouver ! ravie de t’avoir donnée envie !
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