Sans doute l’une des lectures les plus curieuses de 2020, so far. J’ai acheté ce livre en décembre l’année dernière, par hasard. Je le sais car le ticket de caisse a glissé lorsque je l’ai ouvert. Etrange souvenir du temps où j’allais en librairie…
L’histoire commence il y a seize ans lorsque Sarah abandonne sa fille Gretel, adolescente. Les deux femmes ont vécu ensemble pendant des années, au bord des canaux de l’Oxfordshire. Elles vivaient coupées du monde, avaient créé leur propre langage. Gretel se souvient de la présence pendant quelques semaines d’un jeune homme, Marcus. Elle avait treize ans à l’époque. Elles avaient ensuite quitté la péniche et ce mode de vie particulier pour s’installer au-dessus des écuries d’un centre équestre. Puis un jour, sa mère avait disparu.
Les années ont passé et Gretel l’a enfin retrouvée. Enfin, ce qu’il en reste. Car Sarah est malade, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Alors que le passé ressurgit violemment dans l’esprit de Gretel, sa mère ne peut et ne veut lui donner les réponses qu’elle cherche désespérément. D’où vient-elle ? Que s’est-il passé avec Marcus ? Et enfin, qui était ce monstre qui vivait dans la rivière ?
Nos lieux de naissance reviennent toujours. Ils sont notre moelle – ils sont inscrits en nous. Si on nous retournait la peau, leur carte apparaîtrait à l’envers de façon qu’on puisse toujours y revenir. Pourtant, incrusté à l’envers de ma peau, il n’y a ni canal, ni voie ferrée, ni bateau mais simplement : toi.
Et il y a Margot. La petite fille grandit autour de parents protecteurs. Ces derniers deviennent très proches de Fiona, une femme mystérieuse qui est venue vivre à côté. Peu à peu, elle passe beaucoup de temps auprès d’eux, Margot l’adore. Les années passent et un jour, Fiona dit quelque chose à Margot. Quelques heures plus tard, la jeune fille disparait subitement dans la nuit. Ses parents la recherchent désespérément….
Et puis Marcus qui croise un jour la route de cette drôle de famille et va s’installer un temps chez elle. Il est fasciné par Sarah et par la relation mère-fille. Peu à peu, il découvre leur langage secret et découvre l’existence de ce monstre sous-marin.
Un roman choral, où la pluralité des voix narratives est parfois difficile à suivre, et où l’on passe du passé au présent. Une atmosphère unique, envoutante. Un monstre marin. Et la difficulté à vivre. Le livre vous met parfois mal à l’aise mais impossible de le lâcher. Même si à la fin, j’avoue que j’étais pressée de terminer le livre.
Gretel n’a d’autre choix que d’aller puiser dans ce passé afin de trouver les réponses mais elle ignore qu’elle va tout simplement dérouler ici devant ses yeux, une prophétie terrible. Moi, je n’ai rien vu venir. J’avoue cependant qu’à la fin, il a fallu que je me concentre car on a parfois du mal à savoir qui parle de qui.
C’est un puzzle compliqué qu’il vous est demandé de faire, et lorsque toutes les pièces se mettent en place, on comprend que l’auteur vous a invité dans une tragédie grecque. Puissante mais très dérangeante. Un premier roman vraiment à part de tout ce que j’ai pu lire.
Et le livre a été traduit en français ! Il est disponible sous le titre Tout ce qui nous submerge et publié aux éditions Stock. Donc si vous n’avez pas peur d’être entrainé au fond d’une rivière par le Bonak, si vous aimez la nature, les relations fusionnelles et les tragédies grecques, alors ce roman est fait pour vous. Ce roman a été sélectionné pour le Man Booker Prize 2018.
♥♥♥
Editions Vintage, 2019, 272 pages
Photo by Jacob Kiesow on Unsplash
8 commentaires
« Puissant et dérangeant », voilà 2 termes propres à me convaincre !
Oui ! Je parlais au Caribou hier et elle a eu la même réaction que toi ! Il est trop difficile de raconter l’histoire, mais au niveau émotion de lecture, on est gâté !
Je l’ai lu cet été , en vacances au Pays de Galles…quelle ambiance dans ce roman, je l’ai trouvé vraiment impressionnant….entre les histoires mélées et les relations mère/fille….Un coup de coeur!
ah super ! oui, comme tu dis, pour un premier roman, il impressionne ! Les relations mère/fille aussi. Un livre vraiment à part dans mes lectures !
Ce récit semble bien étrange. Pourquoi pas ! Mais pour ma part, un texte aussi méandreux, ce sera en VF, c’est sûr. Je n’en suis pas encore là en VO ^^
Il s’agit, pour moi, d’une expérience à part de lecture, et il ne faut pas lâcher avant la fin, quand toutes les pièces se mettent en place. Mais oui, la VF est là pour ça !
Je l’ai lu en Français l’année dernière. J’ai aimé l’écriture anguleuse et l’univers aquatique et allégorique. Par contre, petit hic pour moi: l’auteure en dit trop. Elle explique trop, c’est un roman original , certes, mais elle ne laisse pas assez de place à notre imagination (à mon sens). Joli souvenir de lecture en tout cas.
ah oui ? moi je me suis sentie perdue parfois (je l’ai lu en anglais) entre les personnages féminins mais sinon oui l’allégorie est très présente. Contente que tu l’aies aimé quand même, pour un premier roman, elle se débrouille plutôt bien. Curieuse de lire son prochain roman.
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