Une jolie découverte que ce roman ! Je ne m’attendais pas à être si touchée. Je ne connaissais pas l’autrice Louise Doughty, elle a pourtant déjà publié plusieurs romans et été traduite en français. Comme ici.
L’histoire se passe dans la gare de Peterborough, en Angleterre. Il est quatre heures du matin, un renard solitaire trotte sur voies, le silence est uniquement interrompu par les crissements d’un train de marchandises. Pourtant, ce matin-là, il y a deux personnes qui se dirigent vers la partie isolée de la gare, au bord du quai numéro 7. Un homme, qui après avoir hésité, décide de se jeter sur les rails à l’arrivée d’un train en gare. Ce qu’il n’a jamais su, c’est qu’une autre personne était à ses côtés, elle s’appelle Lisa Evans. Et elle est décédée au même endroit, dix-huit mois plus tôt. Depuis, elle est coincée ici. Lisa a presque tout oublié de son passé, de son identité. Elle erre chaque jour, et passe son temps à suivre divers employés de la gare. Elle s’installe à leurs côtés, lorsqu’ils sont dans leur bureau, elle écoute leurs conversations. Elle a tenté plusieurs fois d’établir un lien mais rien n’y fait.
Ce matin-là, lorsque l’homme se suicide, Lisa veut comprendre. Pourquoi a-t-elle fait la même chose ? Elle a vu ses parents, ils ont été reçus par la directrice de la gare. Ils n’ont pas compris pourquoi. Alors Lisa a décidé de changer cela. Son regard se pose sur un jeune homme, assis à boire un café. Il aurait du prendre son train, comme tous ceux qui vont travailler à la City tous les jours, mais non, il est resté là sur le quai de la gare, puis a passé des heures dans cette brasserie. Lisa lui a donné un nom et tente de comprendre son désarroi. Un soir, elle le suit hors de la gare et miracle, elle réussit à quitter l’endroit et a retourner sur les lieux où elle vivait. La mémoire peu à peu lui revient et Lisa va finalement comprendre sa vie, celle de cet homme et celle de ce jeune homme, ont toutes basculé dans la tragédie.
Comment une histoire d’amour peut se transformer en une relation toxique, d’emprise et de manipulation. Et Louise Doughty le fait magistralement. J’ai cru que j’allais lâcher, moi qui ne suis pas fan des histoires d’amour et surtout des histoires de manipulation psychologique, cette fois-ci j’ai adoré. Elle sait décrire l’isolement, la perte de confiance de Lisa et réussit à traduire en parallèle le désarroi de ceux qui restent. Un magnifique portrait du deuil impossible, de l’amour éternel, de l’âme humaine. Un roman profondément humain. Et je repense aux mots de Keanu Reeves qui a répondu à la question de Stephen Colbert « Que pensez-vous qu’il arrive quand on meurt? » et Keanu de répondre « Je sais que l’on va manquer à ceux qui nous aiment ».
♥♥♥♥
Editions Christian Bourgois, Platform Seven, trad. Elodie Leplat, 2021, 384 pages
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14 commentaires
Mais où est-ce que tu déniches tout ça ?!!
Et ça y est, le Stan Grant a rejoint mes étagères… : je suis tombée en faisant du rangement sur un vieux bon cadeau expirant au 31 juillet, j’en ai profité pour me ruer en librairie !!
désolée ! ben, je sais pas, comme tout le monde 🙂 je t’ai laissé un mot sur ta page consacrée aux lectures communes, si ça te tente ..
Oui, j’ai vu, et je t’ai répondu !
oh je file voir cela de suite !
Cette histoire me fait penser à un film mais je n’arrive pas à me souvenir du titre. Tu donnes envie de découvrir la vie d’avant et ce qui a poussé Lisa à mettre fin à ses jours…
Sublime conclusion ta chronique.
ah merci, enfin merci Keanu 🙂 Oui, j’ai trouvé l’idée très originale et j’aime la manière dont elle inclut le lecteur dans sa réflexion sur notre humanité, nos failles.
Je me souviens d’avoir été tentée par Portrait d’une femme sous influence et d’avoir craint le côté gros sabots d’une intrigue sentimentale et tordue … Mais finalement, on peut aussi se laisser prendre alors qu’on ne s’y attendait pas comme toi avec ce titre. Du coup, je vais reconsidérer ma position, on ne sait jamais !
Oui, quand j’ai cherché ses autres romans, j’ai lu la description d’un Portrait d’une femme sous influence, et j’aurais eu exactement la même réaction ! Comme quoi .. non, elle évite tout sentimentalisme.
Abandon page 210. L’impression de tourner en rond et mieux m’attendais. Je reste tout de même déçue de mon flemme de ne pas avoir continué…
ah zut ! je t’avais dit que j’avais eu un coup de mou au deux tiers du roman (oui toute l’histoire autour de sa relation) mais après ça repart et on comprend qui est qui .. dommage ! mais je sais que les livres te tombent souvent des mains
Une auteure que je ne connaissais pas du tout, merci pour la découverte!
de rien ! J’ai encore découvert deux auteurs ce week-end, je n’arrête plus 🙂
je ne connaissais pas du tout, ça a l’air très intrigant, je note !
pareil ! je me sens moins seule, et pourtant elle a beaucoup publié !
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