Une très jolie découverte que ce roman ! Lenka Horñáková-Civade vit en France et a choisi le français pour écrire sur son pays d’origine, un pays qui a depuis disparu des cartes : la Tchécoslovaquie.
Elles s’appellent Magdalena, Libuše et Eva. De belles femmes autonomes, car dans cette de mère en fille, il n’y a pas de père. Dans cette petite ville, il ne fait pas bon de naître hors mariage. Magdalena a grandi son père. Elle porte le nom de sa mère. A l’époque, ça fait jaser mais Madina, Magda s’en fiche. C’est une très jolie jeune femme et lorsqu’elle croise le fils du patron de la ferme où elle travaille, venu de Vienne, elle s’en fiche. La voilà enceinte à son tour. Fille-mère. La guerre est terminée, les Soviétiques sont arrivés et le communisme a chassé les propriétaires terriens. Magdalena ne pourra jamais présenté sa fille à son amour d’un soir.
Lorsqu’elle raconte son histoire d’amour éphémère, mais aussi l’histoire de sa mère. Magda n’est pas née à la campagne, elle a des souvenirs. Elle a grandi à Vienne, en Autriche. D’ailleurs elle a déjà entendu sa mère s’exprimer en allemand. Elle n’a que très peu de souvenir. Avec le temps, elle comprendra que sa mère n’était pas la simple assistante d’un médecin… Mais elle s’en fiche. L’esprit libre, dans un régime qui veut peu à peu les enfermer. Il ne fait pas bon être libre. Pendant des années, sa mère, qui s’était finalement mariée avec Aloïs et avait eu une autre fille, a continué de tenir le bar du village. Mais les communistes viendront un jour le réclamer, comme les vaches auparavant. Tout appartient désormais à la coopérative. Tout le monde est contrôlé. L’ami de jeunesse de Magda est devenu un chef local, qui ne supporte pas la vie libre de Magda.
`Libuše, la fille de Magda grandit après guerre dans ce pays qui tentera de se rebeller en 1968, souvenez-vous le Printemps de Prague.. Les années vont passer, la bâtarde grandit à son tour. Aussi jolie que sa mère et grand-mère, elle doit subir les insultes à l’école, et lorsqu’elle veut voyager, on lui objecte que le nom de sa mère ne suffit pas. Mais elle s’en fiche, car elle est libre et comme ses parentes, elle tombera à son tour amoureuse…
A travers l’histoire de ces trois femmes, l’autrice raconte l’histoire de son pays – un pays déchiré par la guerre, les Nazis et puis les Communistes – leurs promesses d’une vie heureuse seront vite balayées. Comme dans tout régime, une poignée d’hommes prennent le pouvoir et rendent la vie misérable. Les coopératives ont enfermées les vaches qui avant paissaient librement dans les champs. Désormais, elles sont enfermées et le goût du lait a changé. Tout le monde est surveillé. Alors Eva va rêver de liberté, d’Europe. Derrière le mur.
Un très joli roman. J’ai aimé les personnages, le caractère trempé de ces femmes, malmenées, jugées mais toujours droites et fières. Pourtant on va leur faire payer très cher leur mode de vie. J’ai dorénavant très envie de lire le nouveau roman de Lenka Horñáková-Civade.
♥♥♥♥
Editions Alma Editeur, 2016, 296 pages
Photo by Marcin Jozwiak on Unsplash
9 commentaires
J’ai été moins enthousiaste que toi. La première partie m’a beaucoup plu, et puis ça s’est gâté… j’ai du mal avec les enfants narrateurs, et là j’ai trouvé que le ton que l’auteure prête à Libuše et Eva est inadapté à leur âge. J’ai aussi été gênée par la répétition narrative = ces naissances illégitimes successives qui servent de fil conducteur au récit, au bout d’un moment je n’y croyais plus…
les enfants narrateurs ? je n’en ai pas vu ! Elle a toujours au moins 16 ans voir 18 quand elle couche pour la première fois, il n’y a pas d’enfants ??? j’ai l’impression qu’on a pas lu le même roman… Pour les naissances illégitimes, tu me fais sourire – tu n’as jamais bossé dans le social et même dans toutes les couches sociales …Le laboratoire génétique de Nantes avait étudié et vu qu’environ 30% des enfants déclarés à tel nom n’avaient pas le même géniteur …
Euh.. je n’ai pas gardé le roman, suite à mon avis mitigé, mais voilà ce que j’ai écrit dans mon billet, à l’époque :
« La petite Libuše ne connaîtra donc jamais son père. Son véritable repère c’est Marie, à qui Magdalena l’a confiée afin de partir travailler à l’usine. Devenue adolescente, elle fréquente aussi peu que possible le foyer que partage sa mère avec un homme violent. C’est elle, âgée de treize ans, qui prend la suite de la narration avant de laisser la parole à sa propre fille, Eva, six ans. »
Et pour les enfants illégitimes, j’avais lu en effet que la proportion en était beaucoup importante qu’on ne le croit (je songe d’ailleurs à mener l’enquête, me concernant.. ! LOL) mais là ce qui m’a gênée surtout, c’est la répétition, et le fait qu’à mes yeux, elle relève surtout d’un procédé narratif, au dépens du fond.
Malgré ton avis enthousiaste, celui-ci ne me tente pas plus que ça. Mais je me souviens avoir noté son dernier roman. Bon, je ne l’ai toujours pas emprunté ni acheté… Je retiens que tu as aimé cette auteure.
Oh pourtant il est magnifique ! Inganmic avait du boire en le lisant, LOL
Je vais aussi lire son dernier !
Tu fais de belles découvertes, qui te sortent de l’Amérique!
Oui ! et là j’adore leur goût de la liberté, sans doute exacerbé par le régime soviétique ! je change de direction mais je ne lâche pas Willy par exemple 😉
Je n’ai pas trop aimé ce roman …. J’avais trouvé l’histoire assez sordide (bien sûr la réalité l’est souvent aussi!) mais comme je n’ai pas réussi du tout à m’attacher aux personnages, cela n’a pas fonctionné !
oh vraiment bizarre, on n’a pas du tout eu la même lecture, alors que moi, je me suis attachée aux personnages ! Comme quoi chaque lecteur est à part !
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