Etrangement, ce roman n’avait pas encore rejoint ma bibliothèque jusqu’à récemment lorsque je suis passée un soir à ma librairie préférée. J’ai repéré cette nouvelle collection des Penguin Classics (et j’ai repéré deux autres romans asiatiques la complétant). En lisant la quatrième de couverture, j’ai craqué et en lisant les premières pages dans le tramway au retour, j’ai su qu’il était ma prochaine lecture.
Botchan est un classique de la littérature japonaise, souvent comparé à Catcher In the Rye de J.D Salinger (L’Attrape-coeurs)- même si, étant fan de Salinger, je n’y vois au début qu’un lointain fil rouge.
J’ai découvert que l’auteur, SŌSEKI Natsume, est considéré comme l’un des plus grands auteurs japonais. En lisant le roman, on découvre que le Japon est en guerre contre la Corée, donc j’ai su immédiatement situer la période car je viens de regarder Mister Sunshine, une série historique coréenne située à la même période. L’auteur a publié le roman en 1906.
Botchan est un jeune professeur de mathématiques, fraîchement promu, pur Tokyoïte, qui est nommé dans le comté de Matsuyama dans la campagne profonde japonaise, après la mort de ses parents. Le jeune homme ne s’est jamais entendu avec son frère aîné et préfère couper les ponts. Il ne garde contact qu’avec leur domestique, Kiyo qui l’a toujours vénéré et lui a même donné de l’argent. Lorsque Botchan débarque au collège, tout juste âgé de 24 ans, il doit faire face, non seulement aux professeurs jaloux, vaniteux et menteurs, mais aussi aux élèves en pleine crise d’adolescence, prêts à s’amuser avec professeur à l’accent de la capitale.
Plutôt naïf, Botchan va devoir rapidement faire ses preuves dans ce monde qui lui est totalement étranger. Se croyant plus malin que les autres, il donne ainsi toute une série de sobriquets aux autres professeurs, il va bientôt en faire les frais. Les villageois ne sont pas plus gentils avec lui, car ils le trouvent superficiel et vaniteux, ce qui n’est pas faux. Malheureusement pour lui, il va aller de déconvenue en déconvenue…
Ce roman d’apprentissage offre un nouveau regard sur le Japon rural – loin de la capitale et des préoccupations de l’époque. J’ai beaucoup aimé le ton caustique, l’humour présent tout en filigrane et le portrait au vitriol de la population locale. J’ai découvert en rédigeant cette chronique que l’auteur avait lui-même été envoyé à Matsuyama et s’est inspiré de son expérience, et soyons honnête, il est fort à parier qu’il en avait gardé un mauvais souvenir !
En 1900, il avait été également envoyé par son gouvernement en Angleterre où il passa deux années dans un état misérable. A son retour, il allait publier ses plus grands romans dont Botchan.
Pour être honnête, j’ai adoré la première page (elle vaut de l’or) mais j’ai ensuite eu du mal pendant les trente premières pages. Bien décidée à ne pas lâcher le morceau, je me suis assise pour lire 30 pages.. et j’en ai lu près de cent. Et le soir, je finissais ce roman qui m’a finalement bien plu. J’ai aussi beaucoup aimé découvrir le Japon de 1906 où tout le monde porte des kimonos, où les geishas viennent vous rejoindre dans les bars animés du quartier chaud .. Où manger des bols de ramen ou des dumpling n’est pas recommandé pour un professeur émérite… Un vrai dépaysement.
J’ai envie de lire ses autres écrits, et surtout je veux lire le roman graphique, Au temps de Botchan, dessiné par le grand TANIGUCHI Jirô. Le roman est disponible en français.
PS : de retour en librairie, j’ai acheté son autre roman (toujours dans le TOP 10 japonais) : No longer human, et j’ai hâte de le lire et vous en parler.
Editions Penguin Classics, 坊っちゃん, trad. J.Cohn, 2023, 176 pages
16 commentaires
Très intéressant, ça me donne envie de le découvrir et aussi l’adaptation de Jiro Taniguchi!
Oui, avec le recul, je me dis que j’apprécie son style et ça me fait vraiment découvrir le Japon. La bande-dessinée s’inspire de la vie de l’auteur et du monde littéraire de l’époque, je la lis doucement car elle est très sérieuse
Botchan est dans ma liste à lire depuis que j’ai lu « Je suis un chat ». Il y a une nouvelle traduction en français (« Petit Maître ») parue en 2022 en Points. Si j’ai bien compris le roman est plus ou moins biographique. Natsume Sôseki a été professeur à Matsuyama. J’ai beaucoup apprécié son humour dans « Je suis un chat ». Si tu ne l’as pas lu, je te le recommande vivement. C’est un classique aussi.
Oui, je le dis dans mon billet, il a enseigné dans cette région et Botchan est en quelque sorte le retour de cette expérience (plutôt amère), il a aussi détesté son séjour en Angleterre. Je vais me renseigner du coup pour « Je suis un chat ». Je vais d’abord lire No longer human car c’est celui le plus étudié au Japon car il y a parle de la condition humaine. C’est toujours excitant de découvrir un nouvel auteur !
Je n’ai lu que l’adaptation de Taniguchi (et ce n’est pas un petit manga tout court!) et j’aimerais lire aussi ce roman.
Sinon, j’ai lu récemment Je suis un chat de l’auteur, je te recommande!!!
Non, je sais il y a 5 volumes ! Je vais prendre mon temps, et découvrir son oeuvre en même temps. Tout le monde me parle du chat, LOL Il faut lire Botchan, car c’est semi-autobiographique et c’est vraiment une vision du Japon rural d’il y a un siècle qu’on méconnaît.
Il y a très longtemps, j’avais fait des incursions dans les auteurs classiques du Japon, et je n’avais pas trop accroché. C’est pour ça que je me suis tournée vers la littérature contemporaine. Peut-être que je devrais réessayer ?
Moi c’est l’inverse, j’avais commencé par la littérature contemporaine (Banana Yoshimoto) et je n’avais pas du tout accroché ! J’adore deux autres auteurs japonais mais leurs romans datent un peu, mais c’est quand même contemporain. J’avoue que je ne pensais pas accrocher à son style, mais quelque chose m’a plu et donc je vais continuer. Je ne force personne ! Tu peux attendre mon avis sur son prochain roman et apparemment Le Chat a beaucoup de succès
J’ai beaucoup lu Banana Yoshimoto à la même époque et j’ai envie de la relire, pour me faire une idée plus actuelle de ses romans. Mais bon, si en plus de ma PAL, je relis des livres de ma bibliothèque, ce n’est pas gagné !
Oui pareil pour moi ! Seule exception JD Salinger, j’ai besoin de le relire assez souvent mais sinon je touche pas à ma bibliothèque !
Je l’ai lu il y a un moment (20 ans 😱) mais j’en garde encore un bon souvenir. Il faudrait d’ailleurs que je revienne à cet auteur.
désolée pour le rappel ! mais impressionnant si tu t’en souviens encore ! tu as lu ses autres romans ?
Non, c’était en projet, mais PAL, LAL, autres tentations… 🙂
oui, la vie quoi ! J’ai aussi des auteurs que j’ai beaucoup aimés et finalement je n’ai pas lu leurs autres oeuvres
Très tentant, en fait. Tu avais commencé à m’en parler la dernière fois. Ta persévérance a été récompensé. Bien joué 😉
Oui, parfois il ne faut pas lâcher un roman au départ car ça vaut le coup mais je préfère en parler car je sais que d’autres abandonnent assez vite ! J’espère que tu remontes la pente de ton côté 😉
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