Ross McDonald est le digne héritier de Raymond Chandler. Auteur de polars, le romancier, né aux USA, ayant grandi au Canada puis revenu en Californie après la guerre, a créé l’un des plus célèbres détectives privés, après Marlowe et Spade : Lew Archer. Ce dernier enquête dans ces banlieues cossues qui regorgent de secrets de famille. Noyade en eau douce (the drowning pool), écrit en 1950 est le deuxième roman mettant en scène le détective privé, ancien flic et fin psychologue.
Dans le quartier huppé de Nopal Valley, Lew Archer est engagé par Maude Slocum, épouse et mère de famille, accusée par une lettre anonyme d’adultère. Cette dernière souhaitant protéger sa famille accepte que le détective se mêle aux invités lors d’une fête organisée par les Slocum. Mais la soirée tourne au vinaigre : la belle-mère de Maude, Mrs Slocum est retrouvée morte, son corps flottant dans la piscine. Les soupçons se portent alors sur le fils – Mrs Slocum, veuve richissime, hébergeait son fils, sa bru et leur petite-fille dans sa vaste propriété. Cette dernière reposait sur un important gisement de pétrole convoité par plusieurs compagnies. Lew Archer va alors devoir démêler le vrai du faux et mettre à nu tous les secrets de famille.
Je n’avais pas lu de polar datant des années 50 depuis fort longtemps (exception faite des enquêtes du commissaire Maigret de Simenon) et j’avoue avoir eu une période d’adaptation les premières vingt pages. Me voilà transportée dans le polar hollywoodien. dans la plus pure tradition. Ici le détective privé connait tous les truands, part en guerre contre les flics ripoux, croise des femmes de petite ou grande vertu, toutes plus belles séduisantes les unes que les autres. Le rêve hollywoodien s’est écrasé dans cette ville côtière, détruite par les exploitations de pétrole. Ici, tout n’est que faux semblant.
Ross McDonald est doué, et très vite l’intrigue reprend le dessus – les personnages sont intéressants, le suspense est là et ici ni vainqueurs, ni perdants – le maigre équilibre entre le bien et mal demeure mais Lew Archer n’est ni un héros, ni un super détective privé. Il se fait taper dessus, maudire, accuser à tort et à travers et on se demande parfois ce qui le pousse à accepter de donner son aide à tous ces paumés, riches ou pauvres. Archer est profondément humain et on l’aime pour ça.
Le romancier aura écrit une dizaine de romans et encore plus de nouvelles mettant en scène son héros avant de tirer sa révérence en 1983. Et Gallmeister a eu la bonne idée de publier une traduction intégrale des romans, toujours à un prix raisonnable (9-10 euros) dans sa collection TOTEM.
Je compte bien me procurer les autres romans sous peu. Surtout le premier, The moving target (1949) qui présente pour la première fois le détective privé. Celui-ci avait pris les traits de Paul Newman dans une adaptation cinématographique en 1966 sous le titre de Détective privé et à nouveau en 1975 pour l’adaptation de Noyade en eau douce, intitulée La toile d’araignée.
Aussi ma lecture n’en a été que plus agréable !
Editions Gallmeister, Totem, 2014,288 pages